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L’Honorable Karimou Chabi Sika : « Je ne suis plus dans les cercles des confidences Fcbe… »
Publié le vendredi 18 septembre 2015  |  Fraternité
Karimou
© aCotonou.com par DR
Karimou Chabi Sika Orou, deputes a l`Assemblee Nationale




Des idées et des réformes pour un Bénin meilleur, l’He Karimou Chabi Sika en a. Et, pour les partager avec ses compatriotes, les convaincre et emporter leur adhésion, il a décidé de se porter candidat à l’élection présidentielle de février 2016. Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à Fraternité, il revient non seulement sur les raisons de sa candidature, certains des points forts de son programme de société mais aussi sur ce qu’il retient de la gestion du pouvoir par le président Boni Yayi.
Honorable Chabi Sika, vous aviez annoncé le 04 septembre 2015 votre décision d’être candidat à l’élection présidentielle de 2016. Pour certains de vos compatriotes, le Président Boni Yayi en serait l’instigateur. Vrai ou faux ?
Chabi Sika Karimou : Je tiens préalablement à vous exprimer ma sincère gratitude pour l’intérêt que vous portez à notre combat. Ensuite, il me plaît de préciser que le processus de ralliement d’autres patriotes et démocrates à notre combat politique suit son cours avec beaucoup d’enthousiasme et de succès. Bientôt, une cérémonie solennelle de déclaration de ma candidature sera organisée ; le dîner de presse du 04 septembre 2015, à l’occasion duquel je n’ai pas voulu entretenir le doute sur ma candidature, ne constituait donc que les prémices à l’annonce officielle de ma candidature à l’élection présidentielle de 2016. Revenant maintenant à votre question, je me désole que l’on veuille faire porter tous les chapeaux, en bien ou en mal, au Président Yayi Boni. La main sur le cœur, j’affirme que le président Yayi n’est ni l’instigateur, ni le catalyseur de ma candidature à l’élection présidentielle de 2016. En plus, je souhaiterais revenir spécifiquement sur cette question, notamment sur les motivations profondes de ma candidature parce que j’estime que les Béninois veulent mieux comprendre.
Le Président Yayi Boni est un grand leader qui a fait de très bonnes choses pour notre pays. Même si on peut lui reprocher quelques actions moins inspirées, il reste et demeure celui d’entre nous qui s’est le plus battu pour le développement du Bénin. Vous me concéderez de penser que je suis de ceux qui sont à même de témoigner sincèrement de l’œuvre entreprise par le Président Yayi Boni pour le développement de notre pays. Cela dit, j’insiste pour affirmer que je ne lui dois pas d’être candidat à l’élection présidentielle du 28 février 2016.

Peut-on en conclure que Boni Yayi mérite un nouveau mandat comme le souhaite une frange des Forces Cauris pour un Bénin Emergent ?
Dieu, notre créateur nous a créés libres et responsables. L’un des piliers de la démocratie, c’est la liberté de pensée et d’expression. Je ne peux pas souhaiter et penser à la place des autres. Notre Constitution reste en vigueur et nous devrons la respecter dans son intégrité et dans son intégralité.
Parler de 3e mandat, quelles que soient la formule ou les modalités, c’est faire courir le risque de voir peint en noir tout le fabuleux et formidable travail que le Président Yayi Boni a abattu en dix ans.
Le Président Yayi Boni est un homme d’Etat exceptionnel, offensif, développeur et courageux. Personne n’a envie de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il n’a jamais dit qu’il souhaitait briguer un 3ème mandat. C’est le contraire de ce que vous dites qu’il a toujours soutenu partout où il s’est prononcé sur cette question. Il a toujours martelé qu’il partira à la fin de son 2e mandat. D’où sortez-vous donc cette histoire ? Devant le Pape et plusieurs autres personnalités de ce monde, Yayi Boni a dit et redit qu’à la fin de son 2ème et dernier mandat, il passerait le témoin au nouvel élu du peuple béninois. Je ne vois pas pourquoi certains de nos compatriotes doutent de sa parole et s’entêtent à insinuer le contraire afin de l’entraîner sur ce chemin contraire à la Constitution et qui, du reste, est très périlleux. Yayi Boni est un homme très intelligent qui a de l’amour pour son peuple. Je veux définitivement vous rassurer qu’il n’agira jamais comme vous le prétendez. Je vous prie aussi de ne pas venir polluer l’ambiance de la présidentielle de 2016 par ce démon qui nous divise. Le peuple veut et attend maintenant un vrai débat de société. Nous sommes un peuple majeur.

Vous dites que vous n’êtes pas le dauphin de Yayi Boni. Et pourtant, tout le monde sait le rôle que vous aviez joué en 2006 pour son élection et en 2011 pour sa réélection ?
Mais non ! Vous me faites trop d’honneur en me faisant passer pour celui qui aurait joué un grand rôle dans l’accession du Président Yayi Boni à la magistrature suprême de notre pays. Une seule hirondelle ne fait pas le printemps, dit-on. Il n’y a donc pas que Chabi Sika qui se soit battu pour créer les conditions à l’élection de Yayi Boni. Chaque contexte électoral a sa réalité. Ce qui s’est passé en 2006 et en 2011 ne peut lier Yayi Boni à ma modeste personne jusqu’à ce point. Sachons raison garder.

Selon certaines indiscrétions, le Chef de l’Etat aurait, semble-t-il, demandé à toute la famille Cauris d’attendre fin décembre 2015 ou début janvier 2016 pour que le candidat Fcbe à l’élection présidentielle soit connu.
Hum… ! C’est invraisemblable. Je n’ai pas eu cette information. Ce qui est certain, ce n’est pas à la veille de la chasse qu’on dresse son chien. Je ne crois pas que les Fcbe aient soutenu cela. Ceux qui véhiculent une telle idée ne comprennent rien aux déterminants du vote en République du Bénin. Une élection présidentielle est une chose très sérieuse qui demande du temps, de la méthodologie et de la pédagogie pour partager, convaincre et séduire l’électorat en vue d’emporter son adhésion. Avions-nous attendu à deux mois près du scrutin de 2006 pour connaître et soutenir la candidature de Yayi Boni ? Si ça se passait comme vous le dites, quand est-ce que se feront le débat d’idées et l’élaboration du projet de société du candidat ? Je ne pense pas que la léthargie puisse faire recette en période électorale. C’est une notion élémentaire que tout professionnel de la politique connaît parfaitement.
Cela dit, peut-être que vous ne le savez pas, je ne suis plus dans les cercles des confidences Fcbe ; je demeure donc dans la logique d’une compétition strictement démocratique. C’est mon ambition. Fcbe est une coalition de partis, de mouvements et de personnalités politiques et comme toute alliance démocratique, elle est nécessairement traversée par des courants de pensées et par des tendances politiques. A des moments donnés, dans toute organisation, il doit y avoir des hommes et des femmes capables de se sacrifier pour préserver, au niveau supérieur, la paix et l’unité nationale. Il doit exister une masse critique de patriotes capables d’aider à finir le quinquennat sans règlement de compte, sans violence et sans haine inutiles. Nous nous positionnons, dans cette posture, comme le trait d’union naturel entre les deux camps (Fcbe et opposition) qui se regardent en chiens de faïence. Notre candidature ne doit pas être perçue comme un dauphinat mais plutôt comme une candidature de conciliation, de réconciliation, d’idées, d’innovations, de responsabilité et de cohésion nationale. Nous sommes donc la solution !

Justement à propos d’ambitions, vous êtes porteur de quelques idées inédites. Vous proposez de créer le Conseil Général de la République si vous êtes élu sous le label « Soyons nous-mêmes ». N’est-ce pas une institution de plus ?
Peut-il en être autrement ? Une démocratie forte signifie une pratique politique vécue sur le mode participatif. Pour ma part, il est question de donner un contenu concret à la notion de « gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » qui figure en bonne place et constitue le principe de la République du Bénin, stipulé à l’article 2 alinéa 2 de notre Constitution. Il faut dorénavant impliquer le citoyen dans le processus des décisions majeures qui concernent la vie de tout le monde. Il s’agit de donner aux élus, tant au plan local que national, et à tous ceux qui exercent une parcelle d’autorité, la possibilité de prendre part à la gouvernance concertée. Il faut absolument créer les conditions favorables pour faire passer les citoyens du statut d’individus exclus des affaires de la cité à celui de citoyens investis de pouvoir de représentation rapprochée. Cette approche politique de gouvernance s’inspire de nos valeurs sociétales propres. Vous savez bien que dans nos sociétés, quand une affaire touche la communauté, c’est dans un cercle bien déterminé qu’on en discute. Par exemple, les anciens Présidents de la République constituent une bibliothèque de savoir-faire dont on ne profite pas assez. Le Conseil Général de la République s’analyse comme un forum national formalisé, de dialogue politique et social. On pourrait y retrouver tous les Maires, les Députés, les membres du Gouvernement, les anciens Présidents, les Hauts gradés des hommes en uniforme qui occupent des fonctions stratégiques, les représentants des syndicats et autres organisations de la société civile, de la Chambre de commerce et d’industrie, de la Chambre d’agriculture, etc. Seul le Chef de l’Etat en exercice n’en sera pas membre.
En Afrique, un vieillard est une bibliothèque au contenu inestimable. Nous devons réorganiser notre espace institutionnel en tenant compte de cela. Tout ceci peut s’expérimenter par voie réglementaire, c’est-à-dire au moyen de décret pris par le Président de la République.
Pour vous donner un exemple du rôle que pourrait jouer le Conseil général de la République, je vous renvoie à la pratique actuelle de l’élaboration du budget général de l’Etat qui ne me semble pas efficiente. On ne peut plus continuer à rester dans les quatre murs des bureaux pour élaborer le projet de budget général de l’Etat sans commune mesure avec les aspirations réelles des communautés à la base. Il va falloir donner la parole aux corps constitués de la nation pour entendre l’expression de leurs préoccupations lors des sessions du Conseil général de la République.
Les Maires et les autres élus locaux connaissent mieux les problèmes des populations à la base. C’est après les avoir écoutés lors des sessions du Conseil Général de la République que les cadres compétents au niveau de l’Exécutif vont passer à l’élaboration du projet de budget général de l’Etat en se fondant sur les orientations formulées par le Conseil. Les Députés membres du Conseil Général de la République seront mieux outillés pour apprécier et voter la loi des finances. Ainsi, les taxes et divers impôts n’apparaîtront plus comme des mesures contraignantes du Gouvernement, mais comme un moyen de réaliser les aspirations des citoyens.
Le député est l’élu dans une circonscription électorale donnée ; mais il n’existe aucun mécanisme pour l’impliquer dans la gestion ou tout au moins dans la connaissance des problèmes, objectifs, enjeux et défis que souhaitent relever ses électeurs. De même, les maires sont isolés. Nous devons aussi penser à la mise en place de Conseils régionaux pour le développement. J’aurai l’occasion d’en parler plus amplement les jours à venir lors d’une conférence publique.

Il nous est revenu que vous avez aussi en projet de réorienter la politique carcérale de notre pays ?
Bien sûr. Nous finirons par égrener point par point mon projet de société qui se présente en deux parties, la partie d’orientation programmatique et la partie de la planification du développement.
Pour revenir à votre question, dans nos prisons, il y a beaucoup de jeunes, de femmes voire des adolescents qui y sont parce que la société ne leur a pas laissé d’autre choix. En général, les jeunes qui sont en conflit avec la loi manquent d’alternatives. Pour amorcer la résolution de cet immense problème de société, je proposerai que nous construisions des Centres pénitentiaires d’éducation à la citoyenneté (Cpec). Quand un jeune, une femme ou un adolescent est condamné pour des larcins, ils y seront internés pour suivre un programme éducatif et productif.

Il faut sauver les personnes qui sont en conflit avec la vérité de la radicalisation de toutes sortes au lieu d’empirer leur situation. La politique carcérale actuelle ne répond pas assez aux exigences de notre société. Mais, ce sont là des questions de préoccupation nationale que nous approfondirons dans un cadre plus global des questions de la jeunesse.

Votre dernier mot ?
Encore merci de vous intéresser à mon projet de société. Certes, je suis porteur d’idées originales et innovantes dans presque tous les secteurs de la vie nationale. Mais, moi Chabi Sika, si je suis élu Président de la République du Bénin, je resterai dans la logique de regroupement de toutes les forces vives autour d’une table pour que nous discutions de la faisabilité des idées innovantes, d’où qu’elles proviennent, en vue des orientations consensuelles à donner à leur formalisation et à leur mise en œuvre. Les prochaines lois s’en inspireront largement, je le souhaite.
Propos recueillis par : Angelo DOSSOUMOU
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