Il est fréquent de voir lors des grandes réjouissances hommes, femmes jeunes et vieux porter des habits brodés, un style très prisé actuellement dans les grandes villes du Bénin comme Cotonou, Abomey-Calavi, Porto-Novo et autres. Pour certains fanatiques, porter des habits brodés, c’est une façon de se distinguer dans un groupe ou de prouver son identité culturelle. « J’aime porter des habits brodés parce que je suis Sénégalais et chez nous, quand on coud, surtout les basins, il faut les broder », soutient fièrement Diallo. Quant à Mounirath, comptable dans une société de la place, elle se sent très à l’aise dans les tenues traditionnelles brodées. « Je porte des habits brodés pour me faire remarquer positivement, car de nos jours, il est fréquent de voir des femmes porter des jeans serrés et des tee-shirts qui laissent le nombril et parfois le postérieur à découvert », a-t-elle expliqué.
Abondant dans le même sens, dame Sabirath, commerçante au marché Dantokpa estime que la broderie permet de se faire remarquer et donne plus de valeur au tissu. Par ailleurs, les spécialistes de la broderie renseignent que c’est un travail qui nécessite beaucoup d’attention, de créativité et surtout de finesse pour sortir des habits bien brodés. Si certains se prononcent sur les différents types de broderie, d’autres par contre parlent des matériaux utilisés et des difficultés rencontrées dans le métier. Edmond Hessou, patron de Bel Duel Fashions s’intéresse aux différents types de broderie. « Il y a quatre types de broderie : la broderie phonixe, la broderie petit fil, la broderie gros fil et la broderie à main ». A l’en croire, la broderie gros fil coûte cher, car elle nécessite plus de fil et cela donne de l’esthétique au tissu.
Agbangla Wil est le patron de Prestige Elégencia Kim Confession. Il parle ici des équipements utilisés dans la broderie. « Pour faire de la broderie, il faut la machine, les fils en fonction de la couleur du pagne, le fer à repasser pour coller et surtout le courant électrique ». A l’en croire, le coût varie en fonction du type de broderie et du modèle. Néanmoins, il estime que pour une broderie hommes, la frappe du devant, des poches et les contours des manches, cela peut coûter en moyenne 2000 à 3000 Fcfa. Pour sa part, Atekodjina Antonin, patron de l’atelier Antonos couture parle des difficultés rencontrées dans la broderie. « La toute première difficulté est le fait que l’on prenne le tissu d’un client qu’on brode sans qu’il n’ait choisi un modèle type donné. Donc, on craint qu’à la livraison, qu’il rejette le travail fait. S’il n’apprécie pas, alors surviennent les problèmes. Lors de la broderie, il peut arriver que l’huile de la machine tâche le pagne ou que la braise de charbon tombe sur le tissu lors du repassage, le client peut exiger le de remboursement. Par contre, certains clients sont compréhensifs et vous diront de laisser tomber », confie-t-il tout en ajoutant qu’il y a des clients qui, par manque d’argent, ne viennent pas chercher leur tenue. Abondant dans le même sens, Edmond Hessou évoque les dispositions à prendre pour ne pas décevoir les clients. « Quand un client vient faire des commandes, il faut lui présenter le catalogue pour éviter des désagréments et bien suivre le travail, surtout avec les apprentis qui sont souvent à la base des risques », a-t-il conclu.
Paris Z. KOUKPONOU (Stag)