« Si vous ne faites pas la politique, la politique vous fera », a-t-on
coutume de dire. Et un adage de renchérir, en martelant que « la
politique a ses raisons que la raison ignore ». La situation
qu’évoquent les deux réalités qui précèdent colle à merveille au
contexte politique que connaît actuellement le Bénin, dans la
perspective de l’élection présidentielle de 2016. Si, en effet, l’on
considère les diverses affaires à connotation économique ou judiciaire
mais fortement teintées de couleur politique, enregistrées ces trois
dernières années par ce pays, il est aisé de se rendre à l’évidence
que certaines candidatures à la magistrature suprême qui s’annoncent
pour l’horizon 2016 se justifient. Participer à l’animation de la vie
politique au lieu d’en être simple spectateur ; montrer et démontrer à
la classe politique déjà en action que la sphère politique n’est point
un cercle réservé, strictement et exclusivement, à quelques
privilégiés qui peuvent faire la pluie et le beau temps et faire
marcher les autres au gré de leurs caprices ; et donner la preuve de
la possibilité de chaque citoyen à prendre pied dans le landerneau
politique et à y faire du bruit comme tout autre, en particulier
lorsque les moyens pour le faire sont ce qui manque le moins. C’est en
effet l’option de certains hommes, dont la seule évocation de la
présence dans les starting-blocks en 2016 fait frissonner le paysage
politique national. L’émergence de velléités tous azimuts, et émanant
de compatriotes peu ou pas attendus, précédemment, dans le gotha des
prétendants à l’occupation du fauteuil présidentiel que cédera dans
quelques mois le président Boni Yayi, ne s’explique pas autrement que
par cette détermination, générée par la politique telle qu’elle a
cours sous les tropiques en général, et sous nos cieux en particulier.
Des cœurs, sans doute profondément meurtris, et qui peinent
certainement à exprimer l’acuité de la douleur et de la déception qui
les tenaillent de l’intérieur, ont finalement pris la responsabilité
de déverser sur la place publique, et par le biais d’une candidature
apparemment bien pensée et excellemment mijotée, à l’élection
présidentielle de 2016. C’est le cas du juge Angelo Djidjoho Houssou,
dont le nom vient d’être ajouté à la liste chaque jour s’allongeant
des candidatures suscitées par les populations. Inutile de revenir sur
l’histoire tumultueuse, au plan juridico-politique, dont des pages
sombres viennent de s’écrire à propos de ce juge que l’on ne présente
plus aujourd’hui au Bénin. Pourtant, jusqu’à la veille de son
irruption dans ce qui est connu dorénavant au Bénin comme l’affaire
Talon, à la faveur de sa nomination comme procureur du tribunal de
première instance et de première classe de Cotonou, l’homme n’était
qu’un célèbre inconnu au plan politique. Mais, désormais, et après sa
traversée du désert à visage multiple, le voilà, sollicité par les
populations de son Djèffa natal en particulier, et celles de la
commune de Sèmè-Podji en général, pour les représenter comme premier
fils de leur terroir à briguer la magistrature suprême. C’est une
première dans la commune, et ce n’est pas un cas à négliger dans le
concert des candidatures éventuelles pour 2016. En attendant de savoir
quelle réponse Angelo Houssou réservera à l’appel des siens, le
constat se fait persistant, et identique : certains Béninois, qui
s’estiment victimes de la politique de leur pays, ont fait l’option de
tenter une incursion dans le labyrinthe des réalités politiques
nationales, afin de voir de quoi y retourne la situation.
Sébastien DOSSA