Le gouvernement ne cesse d’exacerber la tension avec les magistrats en alimentant la crise qui les oppose. Dernier acte en date posé dimanche dernier, ce sont les propos irresponsables et mensongers du ministre d’Etat en charge de l’enseignement secondaire, Alassane Soumanou.
Le Président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), Michel Adjaka a réagi suite à une déclaration faite par le ministre d’Etat, chargé de l’Enseignement secondaire, Alassane Soumanou. En voici la teneur « Il a été révélé au chef de l’Etat qu’il y a un seul magistrat de Dassa jusqu’au nord à la magistrature. Pire, la magistrature est peuplée que d’enfants de magistrats. Il précise que la seule solution à leur problème est l’introduction du quota départemental à la magistrature ». Cette déclaration est émaillée de contre-vérités, comme le démontre Michel Adjaka. En effet, il a souligné noir sur blanc, que la magistrature est composée de 250 magistrats provenant de toutes les parties du pays, y compris Djougou, ville d’origine du ministre Alassane Soumanou. Autre chose, c’est qu’il n’y a que cinq enfants de magistrats sur la liste. Voilà qui révèle l’irresponsabilité d’un membre du gouvernement. Le ministre Alassane Soumanou ne sait pas encore qu’il est sur une autre planète et devrait se réaliser qu’il ne parle pas aux dockers de la Sobemap pour les avoir dirigés avant son entrée au gouvernement. Ministre d’Etat en charge de l’Enseignement secondaire, il s’est fourvoyé dans un dossier déjà controversé et pour lequel tout le gouvernement provoque l’ire des magistrats qui ont le vent en poupe, et mieux, ils sont soutenus par des partenaires sociaux que Alassane Soumanou a rencontrés à Dassa à l’occasion du Conseil sectoriel pour le dialogue social de son département ministériel. Et, justement, c’est en s’en prenant à Thierry Dovonou, syndicaliste dont le soutien à la grève de l’Unamab est total, que le ministre est grossièrement passé à côté. Au lieu de mettre en difficulté le syndicaliste, il s’est dégonflé lui-même.
Trop petit dans ses souliers
A la réaction du président de l’Unamab, il devrait se sentir trop petit dans ses souliers, puisque l’argument qu’il a avancé pour justifier l’introduction du système de quotta dans la magistrature souffre de conscience et de vertu. Rien ne peut plaider en faveur de l’introduction du quota à la magistrature, de même que dans d’autres secteurs. La politique que plaide le gouvernement Yayi Boni, pour tenter de rééditer ce qui se passe à la Police, au sein de l’Armée, à la fonction publique en général, est une bêtise collective et un refus à promouvoir l’excellence. Lorsqu’au cours des concours de recrutement à la fonction publique, on demande aux candidats d’indiquer sur la feuille de composition le nom de leur département d’origine, cela ressemble à une entreprise de destruction de l’unité nationale, c’est du régionalisme. Depuis son arrivée, le régime Yayi Boni a toujours affiché sa volonté et sa détermination à faire du régionalisme, de l’entêtement et de la médiocrité, ses axes prioritaires pour parvenir à ses fins. Sa nouvelle obsession, c’est de découper la magistrature en coupe région, terreau favorable à la domestication et à l’affaiblissement de la justice qui résiste et s’affirme face à toutes les manœuvres qu’orchestre l’Exécutif. Encore une fois, l’Unamab est au front pour défendre mieux que quiconque, une justice de qualité, non partisane, non régionaliste. C’est un combat noble et juste. Le Bénin n’a pas besoin de magistrats "patriotes", à l’image d’enseignants, de douaniers ou encore d’infirmiers patriotes. La justice a besoin de magistrats à ne pas inféoder et qui sont façonnés par leurs valeurs. Le chef de l’Etat doit comprendre qu’il a engagé un combat qu’il a déjà perdu avant le coup d’envoi.
Fidèle Nanga
Compte rendu de nouveaux propos régionalistes
Dimanche 20 septembre 2015, à Dassa, aux environs de 22 heures, à l’occasion du Conseil sectoriel pour le dialogue social de son département ministériel, le ministre d’État chargé de l’enseignement secondaire, Alassane Soumanou dit Djemba, pour désamorcer et ridiculiser le Secrétaire général Thierry Dovonou dans son soutien aux magistrats a déclaré "qu’il a été révélé au chef de l’État qu’il y a un seul magistrat de Dassa jusqu’au nord à la magistrature. Pire, la magistrature est peuplée que d’enfants de magistrats. Il précise que la seule solution à leur problème est l’introduction du quota départemental à la magistrature".
En réalité, à la magistrature, il y a cinq (05) enfants de magistrats sur un effectif de 250. Beaucoup d’enfants de magistrats échouent à ce concours très sélectif en raison de la délicatesse du métier. Les magistrats proviennent de toutes les régions du pays, y compris de Djougou, Commune d’origine du ministre Soumanou. Heureusement, comme ils ne sont pas Soumanou et ne font pas allégeance à ce ministre, il les a ignorés.
A la comptabilité établie sur l’autel du régionalisme d’État et de statistiques sans fondement, il est aisé de constater qu’après le chef de l’État, les députés Nassirou Arifari Bako, Djibril Mama Debourou, le Ministre Soumanou est le quatrième apôtre du régionalisme et de la rupture de l’unité nationale à se lancer dans la bataille pour l’avènement de la médiocrité à la magistrature.
L’Unamab attend impatiemment cette nouvelle race de magistrats crétins destinés à équilibrer régionalement le corps de la magistrature.
Michel Adjaka
Président de l’Unamab