En route pour la candidature unique, l’Union fait la Nation (UN) fait une traversée mouvementée. Le voyage électoral vire à l’odyssée. La navigation sur les vagues de la mer produit à bord du ferry des secousses. Dans le vacarme assourdissant, deux terribles rivaux alimentent une querelle fratricide porteuse des germes de la division. Candidats à la candidature, Eric Houndété et Emmanuel Golou avancent sans concession. Dans la jungle de l’UN où les échos du barrissement, du glapissement et du rugissement sont amplifiés par des questions existentielles, difficile de parier sur l’issue de la bataille des loups.
Un fauteuil pour deux prétendants dont le dénominateur commun, le jusqu’au-boutisme, plane sur les autres considérations. Sorti de l’écurie Force Clé, Houndété s’est récemment hissé au rang de 1er -vice président de l’Assemblée nationale. La prise de galon à l’hémicycle dilate sa posture au point de devenir un élément de légitimation. L’ancien député Golou, ancien ministre, figure emblématique du Prd a des entrées au sein de l’internationale socialiste. Les deux hommes ne respirent que l’oxygène de la candidature unique et partagent un improbable rêve. Au pied de la montagne, un prétendant devrait ruminer sa déception après des primaires indécises.
Fascinée par l’absurdité politique de la rotation vantée puis précocement célébrée en 2011, l’Un devrait se résigner à résoudre à nouveau l’équation de l’élection interne qui accouchera de son porte-flambeau à la présidentielle de 2016. Le rêve de la rotation ayant tourné au cauchemar après la défection des géants Prd et Rb, Bruno Amoussou, Lazare Sêhouéto, Idji Kolawolé et les unionistes pur jus sont face à leur destin.
Golou ou Houndété ? Le choix est à la fois simple et complexe. Simple parce qu’il s’agit de deux barons de l’Un et donc de deux candidatures de la maison UN. Complexe en raison de la provenance des deux concurrents. Golou-Houndété, c’est le Psd contre Force-Clé, un duel qui sera arbitré par le Madep et les autres composantes de l’union. Un duel délicat et à haut risque. Houndété est à un point de non retour. Son challenger Golou est dans une dynamique irréversible. Deux hommes pour deux candidatures non négociables. Deux têtes d’affiches en quête de palmarès présidentiel. Si en 2011, il y a eu consensus autour de Houngbédji, 2016 semble un cocktail explosif.
Sur l’hippodrome local de l’UN, les deux chevaux sont partants. Mais dans la grande arène, le perdant des primaires risque de transposer les rivalités domestiques à l’échelle nationale. Sauf, le retour au consensus pour démentir la météo politique et les prévisions effroyables notamment la tempête sur l’UN. Houndété et Golou sont intenables. Même le septuagénaire et très respecté Bruno Amoussou, l’âme vivante de l’UN, niche dans l’embarras, surtout que, en solo, son frère Fernand, le Général candidat, a de l’appétit. Inutile de se hasarder à explorer les préférences de Bruno Amoussou dans ce labyrinthe.
Ce sera finalement pour l’Un, soit Golou, soit Houndété. Chose rarissime à l’Union fait la nation : une campagne pour de candidatures suscitées et des litanies partisanes. Mais aussi un périple national assorti de bénédictions de têtes couronnées. Houndété et Golou sont déchaînés. Prêts à tout pour arracher le sésame de la candidature unique. Déterminés à se battre même au fond de l’eau.
Avec cette grande agitation en haute mer, le naufrage collectif est une menace. Le duel Golou-Houndété sur fond de querelle de leadership et de surexcitation met l’UN en danger. La résurgence des clivages devient la vraie menace pour l’existence d’un regroupement politique qui, à sa naissance, portait les espoirs de la fin de la balkanisation et de l’avènement de l’ère des grands ensembles.
Après l’illusion de 2011, l’Un doit négocier prudemment le virage des primaires pour rester en vie. A moins que Golou et Houndété en décident autrement.
Sulpice Oscar GBAGUIDI