Même rythme, même cadence, même danse, et la même chanson qui revient,
chaque année, avant, pendant et après l’organisation du pèlerinage à
la Mecque pour les musulmans béninois. L’année 2015 n’aura pas dérogé
à la règle. Bien au contraire ! C’est l’éternelle ritournelle, et la
même ambiance déconcertante et désolante qui entoure le voyage, au cas
où il a lieu. C’est dire qu’il arrive que des pèlerins manquent leur
hadj, par la faute de l’organisation. Pourtant, l’Etat, à un moment
donné, et afin de corriger les imperfections qui minaient et
tournaient au vinaigre la joie de nos compatriotes d’aller accomplir
ce devoir religieux, a pris sur lui la responsabilité de s’en occuper.
Mais quelle ne fut pas la surprise des uns et des autres de constater
que la moindre amélioration n’a été enregistrée dans la chaîne
d’organisation, et qu’aujourd’hui comme hier, les mêmes tracasseries
pour les candidats au pèlerinage, le même désordre, la même
indifférence des autorités compétentes continuent de régner ? Tout au
plus se souvient-on que dès la première année de la prise en main, par
l’Etat, du convoyage des pèlerins, une embellie fut remarquée, avant
de céder regrettablement devant la reprise du désordre, lequel prend
des proportions de plus en plus alarmantes, comme le soulignent
certains cas survenus cette année et racontées avec émotion et
amertume par les victimes. Ce sont des témoignages révoltants à la
limite, qui ne peuvent laisser indifférent aucun Béninois, chrétien ou
mahométan. Tenez ! Des compatriotes, qui ont eu le privilège et la
veine de prendre l’un des rares vols à jour pour le voyage, se sont vu
opposer, sans autre forme de procès, le refus de fouler le sol de la
Terre Sainte, alors qu’ils se trouvaient déjà en terre saoudienne. En
cause, d’après leur version, le visa et le passeport qu’ils portaient.
Ces documents seraient des faux, ce qui aurait failli leur causer de
gros ennuis. Heureusement, selon leurs confidences, la mansuétude et
la magnanimité de la police saoudienne leur ont permis d’être
renvoyés, simplement, au bercail. Sans d’autres déboires. Et voilà !
Chaque année, l’organisation du hadj constitue pour nos compatriotes
un réel chemin de croix, de sorte que l’on se fonde à se demander à
quand la fin de leur calvaire. Question à qui de droit. En attendant
la réponse, le pèlerinage à la Mecque s’apparente, pour les Béninois,
à un merdier, ni plus, ni moins.
Sébastien DOSSA