Le directeur du Fonds d’aide à la culture, Blaise Tchétchao, vient de lever un coin de voile sur sa gestion. C’était à l’occasion d’un entretien sur la radio Planète dans l’émission «Le Monde est Culture» du vendredi 18 septembre 2015.
Selon les explications données par le directeur du Fonds d’aide à la culture, après évaluation des besoins de financement exprimés, il faut un montant de plus de 15 milliards de francs CFA pour financer les projets soumis par les acteurs culturels. Or, selon ses dires, la cagnotte est, pour le moment, de 3 milliards de francs CFA. Ce qui constitue d’ailleurs un effort consistant que le président de la république a fait. Si l’on s’en tient, selon ses propos, à la cagnotte d’avant 2006, l’année à laquelle il a accédé au pouvoir, « c’est le lieu de remercier le chef de l’Etat qui a compris très tôt ce que la culture peut apporter à l’économie nationale en augmentant le fonds à 3 milliards. Au moment où il est arrivé, nous étions à 230.000.000 FCFA. En 2008, il est passé au milliard. En 2013, nous sommes passés à 1,3 milliards. Au cours de la même année, on est passé à 1,5 milliards. Puis de 2014 jusqu’à présent, nous sommes à 3 milliards. C’est la preuve qu’il prend réellement la culture comme un véritable pôle de développement », a indiqué Blaise Tchétchao.
Que retenir de la clé de répartition du fonds ?
A cette interrogation, le directeur du Fonds d’aide à la culture n’a pas fait la langue de bois. On retient, selon les statistiques qu’il a présentées, 12 différents points auxquels les ressources sont affectées. Les projets liés au renforcement des capacités prennent 8% des ressources du fonds, 19,30% pour l’aménagement et équipement des infrastructures dans les départements, les micro projets prennent 17%, les projets liés à la valorisation et promotion du patrimoine culturel consomment 4,42% du fonds, 2% des ressources sont affectés à la célébration des différentes journées, les projets relatifs à la promotion des arts et de la culture consomment 19,98% des ressources, 2,80% sont réservés au Festival international de la musique du Bénin (FIMuB), 4% pour l’appui au secteur de la culture, 11% affectés à la provision pour diverses activités culturelles, 1% réservé à l’assistance aux acteurs culturels en cas de maladie ou de décès et puis 9% pour le fonctionnement et investissement. Pour l’année 2015, selon les précisions données par le directeur du Fonds d’aide à la culture, 6% environ des ressources sont affectées à la rubrique «Fonds de garantie». Ce qui constitue une des innovations apportées à la gestion du fonds en 2015.
« Je n’ai rien à me reprocher dans la gestion du fonds »
C’est la réponse que Blaise Tchétchao donne à ceux qui trouvent à redire sur la gestion du fonds. Et il appuie son affirmation par quelques précisions. A l’en croire, en effet, c’est le Conseil d’administration du Fonds qui a tous les pouvoirs. Constitué de 15 membres, des artistes pour la plupart, avec un mandat de 4 ans renouvelable une fois, le « CA est l’organe suprême de l’institution ». En tant que tel, selon Blaise Tchétchao, c’est lui qui oriente la politique de gestion du Fonds. La Direction se contente donc seulement de gérer l’exploitation et de mettre en exécution la politique d’orientation dictée par le CA. Pour ce qui concerne ceux qui se plaignent que leurs projets sont sous financés, Blaise Tchétchao précise que tout calcul fait, chaque domaine d’activité culturelle (cinéma, littérature…) bénéficie de 30 millions de francs CFA. Et les gros projets bénéficient d’un appui compris entre 2 millions et 20 millions selon les textes. Autrement dit, dans chaque domaine d’activité, le fonds ne peut financer qu’un à deux gros projets. Or, selon ses propos, la direction reçoit environ 900 projets à chaque appel à candidatures. Et pour satisfaire le grand nombre des structures porteuses de projets, on procède à un « saucissonnage du financement». Ce qui peut, selon lui, justifier les plaintes liées au fait que les projets sont sous financés. Pour ce qui concerne le retard dans la disposition des fonds après la notification reçue, Blaise Tchétchao y apporte également des clarifications. « Ce qu’il faut retenir, c’est que nous ne recevons pas la totalité des fonds qui sont affectés à l’institution, les règles de gestion des fonds publics obligent. C’est plutôt le ¼ des ressources que nous recevons chaque trimestre. Et c’est en fonction de la disponibilité que nous avons que nous programmons le déblocage des fonds au profit des bénéficiaires », a expliqué Blaise Tchétchao avant d’affirmer que la Direction n’a rien à se reprocher. Surtout que les organes officiels de contrôle sont autorisés à y passer à tout moment.
Donatien GBAGUIDI