Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest ont discuté ce mardi du projet d’accord sur une sortie de crise au Burkina Faso. La Cédéao tient notamment à réinstaller le président de la transition, Michel Kafando, dans ses fonctions. Des équipes d’observation militaires et humanitaires devraient aussi être dépêchées dans le pays. L’organisation sous-régionale exige par ailleurs le dépôt des armes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).
« Nous sommes sur le chemin de la paix, nous sommes sur la bonne voie. » C’est sur ces mots optimistes que le président sénégalais de la Cédéao, Macky Sall, a conclu le sommet d’Abuja. Ce sommet ne devait durer que quelques heures. Il s’est pourtant prolongé toute la journée, dans un centre hautement sécurisé, près de l’aéroport d’Abuja, au Nigeria.
Après sept heures de discussions à huis clos, les dirigeants ouest-africains estiment avoir pris des décisions sages pour gérer la crise à Ouagadougou. « Nous sommes résolus à accompagner le Burkina Faso et son peuple, dans la quête d’une issue pacifique à la crise. Cela implique un dialogue politique inclusif pour parvenir à des solutions consensuelles autour des points de l’accord de sortie de crise, proposé par la médiation », assure Macky Sall.
Concrètement, les chefs d’Etat et de gouvernement du bloc régional ouest-africain ont décidé d’envoyer sur place une délégation de chefs d’Etat pour rétablir Michel Kafando dans ses fonctions de président de la transition. Un principe accepté par le chef des putschistes Gilbert Diendéré. La Cédéao va également envoyer des observateurs militaires et humanitaires pour faciliter le dialogue. Mais surtout, elle demande au RST de déposer les armes, tout en exigeant que les forces loyalistes évitent d’intervenir.
Amnistie des putschistes ?
A la fin de ce sommet, la crispation se lisait sur les visages. Le projet d’accord, qui devait être validé par les chefs d’Etat, semble à l’arrivée quelque peu nuancé. Le sujet sensible de l’aminitie des putschistes semble avoir été éludé, comme le souligne Mahamadou Issouffou, président du Niger : « C’est plus sage de demander aux autorités de la transition d’examiner de manière consensuelle (...) toutes les questions qui ont été évoquées à l’occasion de la médiation, d’après le texte adopté », estime-t-il.
Du côté de la classe politique burkinabè, l’initiative de la Cédéao pose de nombreuses questions. Benewendé Sankara estime qu’aucune réconciliation n’est possible s’il y a une amnistie des putschistes : « Les actes qui ont été commis ne peuvent pas échapper à la justice (...) On a déjà demandé une commission d’enquête, car il y a trop de crimes qui ont été commis par le Régiment de sécurité présidentielle et on ne peut pas aller vers une négociation ou même vers une réconciliation nationale », défend l’homme politique burkinabè.
Ce mercredi, les présidents du Sénégal, du Nigeria, du Ghana, du Togo ou encore du Bénin, se rendront au Burkina Faso afin de s’assurer du retour dans ses fonctions du président de la transition Michel Kafando.
Par RFI Publié le 23-09-2015 Modifié le 23-09-2015 à 08:20 /
Envoyée spéciale à Abuja, Bineta Diagne