Les membres du Front républicain pour une alternative patriotique (Frap) étaient en congrès ce dimanche à Cotonou. Au début des travaux, le président du parti, Marcel de Souza a porté en cette veille de la présidentielle, des critiques à l’encontre de la famille présidentielle. Une position acerbe qui pourrait fragiliser ses chances de présidentiable.
Marcel de Souza ne s’est pas montré du tout cajoleur ce dimanche vis-à-vis des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), la famille présidentielle. Face aux militants Frap à Cotonou, il a assumé le bilan des actions du Chef de l’Etat, mais il a également fait des remarques que d’aucuns jugent déplaisantes. « Nous n’avons pas atteint l’objectif qui consiste à faire reculer la pauvreté et à engager la croissance économique pour le bien-être des populations. Mais comment sommes-nous arrivés à ce résultat? (...) N’est-ce pas la mal gouvernance? N’est-ce pas la faute de nos collègues, ceux que j’appelle les grés à grés qui aiment fouler aux pieds l’orthodoxie financière et qui souvent sont là en train de passer des marchés de plusieurs milliards de F Cfa dans les conditions floues?» s’est-il interrogé. D’un ton caustique, Marcel de Souza a poursuivi : « Il est temps que les Forces cauris pour un Bénin émergent puissent faire un réarmement moral pour que nous puissions aller vers un nouveau départ. Il y a eu des usurpateurs. Ils viennent s’accaparer de ce que nous avons tous lancé ensemble. Il y a beaucoup de gens qui voient le soleil se lever à leur porte et qui se disent qu’ils ont reçu le message pour diriger le Bénin, ils veulent être présidents de la République. Ont-ils les potentialités et les capacités requises pour faire face aux défis de la pauvreté et redresser notre administration afin que les projets et autres puissent être bien exécutés ?». Le président du Frap en veut à certains de ses anciens collègues ministres qui se montrent, selon lui, très prétentieux face au pouvoir d’Etat. Mais pourra-t-il tirer profit de cette satire? Le potentiel présidentiable Marcel de Souza réussira-t-il vraiment à se frayer un chemin en ayant ses anciens alliés des Fcbe à dos? Il lui sera plutôt difficile.
Mauvaise tactique…
Marcel de Souza et les membres du Frap devenu depuis hier Front républicain du Bénin (Frb) ont choisi de se démarquer des Forces cauris pour un Bénin émergent. Le discours d’hier de l’ancien ministre du Développement est truffé d’expressions peu amicales. «Rats engraissés », «usurpateurs», «gré à gré» et «militants de la 25ème heure». Bref, Marcel de Souza était inspiré ce dimanche. Ce sont des expressions qui devraient contrarier les organes dirigeants des Fcbe qui bataillent pour l’union de tous les partisans du Chef de l’Etat. Ses propos chocs pourront lui coûter cher s’il ambitionne véritablement se lancer dans la course à la succession de Yayi Boni. Plusieurs barrons des Fcbe pourraient le désavouer surtout qu’il n’est plus en odeur de sainteté avec la famille présidentielle depuis la désignation des membres du bureau du Parlement, 7ème législature. Certains analystes trouvent qu’il s’est tiré une balle dans le pied et qu’il devra en assumer les conséquences. Beaucoup lui auraient conseillé de faire les mêmes choix que les présidentiables Aké Natondé, Karimou Chabi Sika ou encore Issifou Kogui N’Douro, tous proches du Chef de l’Etat qui convoitent le fauteuil présidentiel. Plutôt rassembleurs dans leurs différents discours, ils assument tout le bilan de Yayi Boni tout en promettant de mieux faire. En décidant de désigner déjà les auteurs des échecs de la gouvernance du Chef de l’Etat, Marcel de Souza s’isole dans le paysage politique national. Il risque de se faire passer désormais pour un renégat dans la famille présidentielle et de se ridiculiser au sein de l’opposition qui devrait comprendre son stratagème.
AS