La quatrième édition de l’université de vacances du Parti du Renouveau Démocratique tenue ce week-end à Djèffa dans la Commune de Sèmè-Kpodji a été l’occasion pour le président Adrien Hongbédji de livrer non seulement la position de son parti face aux velléités de révision de la Constitution mais aussi de donner les raisons du carton rouge qu’il a délivré contre les révisionnistes. Voici l’intégralité du discours prononcé ce samedi 07 septembre 2013 par Me Adrien Houngbédji
DISCOURS DE Me ADRIEN HOUNGBEDJI A LA 4ème UNIVERSITE DE VACANCE DU PRD
Mesdames, Messieurs, les Présidents, Chefs de partis et
Représentants des partis politiques,
Honorables Députés,
Distingués Invités,
Messieurs les Maires et Adjoints aux Maires,
Camarades congressistes,
Chers Amis jeunes,
Mesdames, Messieurs,
En ce jour de grâce de l’année 2013, la famille PRD se trouve à nouveau réunie pour un rendez-vous désormais consacré dans les institutions du parti. C’est donc avec un réel plaisir que je vous souhaite la bienvenue dans ce cadre exotique et convivial du stade municipal de Djeffa qui abrite la 4ème édition de l’université de vacances du Parti du Renouveau Démocratique (PRD).
J’éprouve un réel plaisir à prendre la parole devant vous, ici à DJEFFA, à l’occasion de la 4ème édition de l’Université de Vacance de notre parti, le PRD.
Nos retrouvailles annuelles ont fini par s’imposer comme une occasion privilégiée de renforcement de nos biens de fraternité, comme un test de fonctionnement de nos structures, un test de notre capacité de mobilisation.
Notre UV a, pour ainsi dire, acquis rang et prérogative d’activité officielle. Elle est devenue un rendez-vous obligé. L’attente et l’engouement qu’elle suscite en ont quasiment fait une instance de reddition de compte, un cénacle, un cadre de propositions. Précurseur des décisions du Parti, elle a vu débattre devant elle, le rôle et la place du PRD face au pouvoir de YAYI BONI ; elle a vu débattre devant elle des sujets vitaux pour la nation, tels que la LEPI, le COTON, le PVI, et bien sûre le projet de révision de la Constitution. Ce faisant, elle est devenue un organe authentique d’animation de la vie politique. Je constate même, à en juger par l’actualité politique de ce week-end, qu’elle fait école, ce dont je me réjouis. Bravo à vous tous qui contribuez au succès de la présente édition, car cette édition, est déjà un succès.
Notre UV, en raison même des thèmes dont elle se saisit, est devenue une tribune ouverte d’échanges inter actifs, sur les problèmes de la nation. C’est pourquoi elle ne s’interdit pas et ne peut s’interdire, la participation et la prise de parole d’orateurs venus de divers horizons politiques, dès lors qu’ils ont une compétence reconnue. Il s’agit en effet d’un forum de confrontation d’idées, qui aiguillonne et enrichit notre vision et notre compréhension de la gestion du pays.
Je salue donc et je remercie tous ceux qui, sans être affiliés au PRD, ont par le passé « planché » devant notre UV, et apporté à nos cadres et à nos militants, l’éclairage nécessaire à une bonne connaissance des dossiers. Je remercie tout particulièrement, Mme Célestine ZANOU ( priorité aux dames), les professeurs Joseph DJOGBENOU, Moïse LALEYE, AHOUANDJINOU, Christophe KOUGNIAZONDE, Victor TOKPANOU, Césaire KPENONHOUN, Serge ATTENOUKON, les Ministres et déjà ancien Ministre DJENONTIN et Sabaï KATE, Messieurs Abraham BIAOU, Claude d’ALMEIDA, Gabriel ALLOGNON, Sadikou ALAO, Mathias HOUNKPE, Justin DJOSSOU, Isidore CODO, Michel MAKPENON, Clotaire OLIHIDE, Urbain AMEGBEDJI et Orden ALLADATIN.
Je présente toutes mes excuses à tous ceux que j’ai involontairement omis.
Dans le même élan, je salue et remercie d’ores et déjà, tous les communicateurs, tous les modérateurs de la présente édition, qui ont pris de leur précieux temps pour partager avec nous leur vision sur « la démocratie au Bénin et l’état des lieux »
Chers Amis, Chers Militants
Le hold-up électoral de 2011 a provoqué chez chacun et chacune d’entre nous, un traumatisme profond. La violence était à nos portes !
Mais parce que nous sommes des hommes et des femmes de paix, nous avons puisé dans nos convictions les plus ancrées ; nous avons appelé au calme et conjuré le mauvais sortNous avons épargné à notre pays le drame et la tragédie que d’autres pays ont douloureusement expérimentée.
On aurait pu imaginer qu’après une telle frustration, notre parti se livre à une sorte de guérilla politique, adepte de la politique de la chaise vide ponctuée de marches et de manifestations sous tous les prétextes, émaillée de discours et de communiqués incendiaires de tous les instants, pour entretenir dans le pays une ambiance de contestation permanente, avec ses conséquences et ces séquelles sur la quiétude des populations et le développement du pays.
Beaucoup nous attendaient à ce tournant, et nous encourageaient, à faire de nos valeureux militants, ce qu’ils appelaient « les locomotives de l’opposition ». Mais nous avons déjoué leur pronostic, et contre-carré leurs désidératas. Nous sommes restés fidèles à nos valeurs que sont la liberté, la démocratie et l’état de droit, la bonne gouvernance, nous en sommes restés les défenseurs chaque fois que les événements nous interpellaient.
Nous avons inscrit notre action dans le strict cadre de la loi Fondamentale et de la Charte des Partis. Nous avons les premiers, et peut-être même les seuls à ce jour, accompli toutes les formalités qui officialisent notre appartenance à l’opposition, et en avons tiré les conséquences.
Nous avons réorganisé nos structures partout où nous le pouvions. Nous avons modernisé notre communication désormais très présente sur la toile. Nous avons engagé une série de réflexions comme celle d’aujourd’hui avec tous les hommes de bonne volonté, à quelque chapelle qu’ils appartiennent.
Nous avons pris au mot celui qui nous a crédités d’avoir le sens de l’Etat, et n’avons eu cesse de l’inviter à restaurer le dialogue politique et social inclusif préalable à un gouvernement d’union nationale qui seul permettra au Bénin d’améliorer la gouvernance actuelle en même temps que les conditions de vie de nos populations.
Chers Militants, Chers Amis
Tel est notre choix ! Nous respectons celui des autres. Qu’ils respectent le nôtre ! Il est conforme en tous points à la ligne définie par le dernier Congrès de notre parti dont j’ai prononcé le discours d’orientation.
Nous l’assumons en toute responsabilité ! Ceux-là ont dû déchanter qui confondaient convivialité et complicité ; qui confondaient compromis et compromission.
Nous l’assumons d’autant plus notre choix, que les événements et les opinions les plus autorisées, viennent à répétition, confirmer le bien fondé des positions que nous avons prises de longue date.
Nos présentes assises se tiennent à un moment critique de la vie de notre pays. La Conférence Episcopale vient à son tour de poser son diagnostic avec des mots si justes que nous nous devons de les citer :
« Le Benin vit aujourd’hui dans un climat de fortes tensions, de divisions ouvertes, de malaise profond altératif de la cohésion sociale, du développement et du bien-être de nos populations » fin de citation.
En effet, à la crise politique, née des lendemains de l’élection présidentielle de mars 2011, succède une crise économique et sociale pernicieuse sur fond de crise de confiance exacerbée. Les populations du Benin vivent dans une incertitude grandissante et une inquiétude de plus en plus croissante. Les partenaires au développement devisent sur les indicateurs chrysogènes non sans appréhension.
Malheureusement, aux appels pressants des forces politiques et sociales pour un dialogue politique national inclusif, le gouvernement préfère jouer la carte de la diversion, de la provocation et de l’intimidation.
Diversion, lorsqu’il prétend que le mal dont souffre le Bénin réside dans sa Constitution qu’il lui faut à tout prix réviser, cette même Constitution qui depuis 23 ans permet à nos institutions de fonctionner cahin caha, mais sans crise majeure.
Provocation, lorsqu’il dresse une partie du pays contre l’autre, dans des marches et des discours qui loin de renforcer la cohésion du pays, l’exposent au contraire aux démons de la division.
Intimidation enfin lorsqu’il prétend venir à bout de la réprobation générale en déployant les forces de sécurité contre de paisibles populations.
Le PRD ne restera pas passif devant la diversion, la provocation et l’intimidation : si le Gouvernement ne nous écoute pas, nous changerons de braquet. Qu’il revisite l’Histoire et même les événements contemporains : il arrive un moment où les forces de sécurité lancées aux trousses du peuple, finissent par fraterniser avec le peuple
Chers Amis, Chers Militants
Ne nous leurrons pas ! La démocratie béninoise montre des signes évidents d’essoufflement.
Aux frustrations politiques se sont ajoutées les frustrations économiques et sociales. L’instrumentalisation impudique de nos diversités ethniques et régionale exacerbe les tensions.
La coupe est pleine ! Nous devons à tout prix éviter qu’elle ne déborde.
Nous devons faire l’économie de toute situation d’affrontements internes aux conséquences incalculables dont les implications peuvent s’avérer désastreuses pour le Bénin tout entier, et même pour notre sous-région déjà marquée par des conflits à peine résolus.
Le Bénin partage plus de 800 km de frontière avec le pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigéria, dont on connaît les difficultés actuelles face au phénomène Boko Haram. Après la guerre civile en Côte d’Ivoire, puis la récente déstabilisation du Mali par les ‘’djihadistes’’, le Benin ne peut se payer, à son tour, le luxe d’une crise ouverte qui l’éloignera davantage des préoccupations pressantes des populations qui sont relatives à la faim, la santé, et l’éducation.
Nul ne peut contester et nul ne conteste la nécessité d’engager des réformes dans notre pays. Mais encore faut-il les entreprendre avec humilité, avec clairvoyance, en y associant toutes les compétences, et en tirant leçon des échecs passés.
Nous n’avons pas fini de faire le deuil du PVI renvoyé au cimetière des éléphants blancs ; ni celui du coton qui bascule de réforme en réforme et de contre-performance en contre-performance. Que dire du RAMU qui suscite de nombreuses inquiétudes parce que sa mise en œuvre répond à des règles et techniques universellement admises que le Gouvernement tente chez nous de noyer une fois encore dans une propagande inopportune.
Nous sommes tout aussi préoccupés par la lutte engagée par le Gouvernement contre la vente de l’essence kpayo. Il n’est pas acceptable de prétendre supprimer cette activité qui constitue bien souvent, et depuis des décennies, la seule source de revenus de la frange la plus démunie de nos populations, sans avoir résolu le problème de la réinsertion des acteurs de ce secteur. Il est inacceptable que la répression s’abatte avec férocité sur les vendeurs de kpayo dans certaines régions ; que l’on y casse, que l’on y détruise, que l’on y tue, pendant qu’ailleurs on se montre tolérant.
De changement en émergence, d’émergence en refondation, le gouvernement de notre pays s’est illustré par les chantiers non achevés. Et c’est dans ce contexte de réformes mal engagées et non abouties qu’il fonce tête baissée dans un projet de révision constitutionnelle aux objectifs non élucidés.
Révision de la Constitution pour quoi faire ?
Pour rendre imprescriptibles les crimes économiques ? Le nouveau Code Pénal l’a déjà fait.
Pour pérenniser la CENA ? Le nouveau Code Electoral l’a déjà fait.
Pour voter des propositions de lois d’initiative populaire ? Celles d’initiative gouvernementale et parlementaire engorgent déjà à tel point l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale, qu’elle n’arrive pas à les examiner.
Tout ce remue- ménage, tout ce désordre, pour si peu ?
La vérité c’est que le Gouvernement fait mystère de ses intentions réelles. Ils n’ont pas encore dit ce qu’ils veulent réellement. Et ils ne le diront pas, parce qu’ils savent que notre peuple est contre toute forme de révision opportuniste.
Carton rouge Messieurs ! Carton rouge
Nous sommes contre un projet de révision qui laisse planer le doute sur les intentions réelles de ses auteurs.
Nous sommes contre un projet de révision qui ne s’appuie pas sur un dialogue politique inclusif national, et ne débouche pas sur un consensus.
Nous sommes contre un projet de révision qui déséquilibre la répartition des pouvoirs entre les institutions.
Nous sommes contre un projet de révision qui menace la paix et la cohésion nationale.
Nous sommes contre un projet de révision qui nous divise et nous détourne des vraies priorités et des problèmes réels de nos populations.
Chers Amis, Chers Militants
Notre position n’est pas nouvelle. Je ne peux que renvoyer à notre Congrès du 15 février 2012 et au séminaire que nous avons organisé sur le sujet. Nous avions vu juste.
Le dialogue politique inclusif et le consensus sont le passage obligé de toute réforme constitutionnelle.
C’est pourquoi nous voulons faire de ces assises une pause, pour réfléchir sérieusement sur l’état des lieux de notre démocratie et sur son devenir.
L’expérience des « oiseaux rares » a suffisamment montré ses limites. Des débats doivent être engagés à partir de votre UV pour une réforme profonde de notre système partisan, des réformes mieux pensées, des réformes concertées pour donner un nouveau souffle à notre démocratie et nous engager – enfin – sur la voie du développement.
Militantes et Militants, chers participants,
Au cours des présentes assises, vous aurez donc à réfléchir sur l’état de notre démocratie, notamment sur le système partisan qui confine de fait les partis politiques dans les seconds depuis l’avènement du renouveau démocratique au Bénin. En réfléchissant sur cette question, vous aurez, à opiner sur les réformes qui permettent aux partis politiques de jouer véritablement leur rôle d’animateur de la vie politique.
Pour vous accompagner dans vos réflexions, vous aurez l’opportunité d’écouter des spécialistes qui vous entretiendront sur divers thèmes ayant rapport avec le sujet. Au regard de la qualité des différents communicateurs que je remercie au passage je suis assuré que de vos travaux sortiront des recommandations utiles pour notre démocratie.
Les résultats de cette UV travaux seront consignés dans un manifeste que notre parti publiera et qui indiquera les grandes articulations et les orientations de vos préconisations.
Je remercie encore une fois tous ceux qui de près ou de loin se sont investis dans l’organisation intellectuelle et matérielle de vos assises.
Je déclare ouverte l’Université de Vacance édition 2013 du PRD.
Plein succès à nos travaux.
Vive la démocratie !
Vive le PRD !
Vive le Bénin !
Je vous remercie