Le président de la République a assisté, hier lundi 28 septembre à New-York, à l’ouverture de la 70è Session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a interpellé les dirigeants du monde sur l’urgence de sauver la planète des crises qu’elle traverse.
«Les Nations Unies ont émergé des débris d’un monde morcelé pour amener l’espoir». A l’aune des soixante-dix années de création de l’ONU, Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’Organisation a voulu ramener les dirigeants du monde aux fondements de la gouvernance internationale, la planète étant aujourd’hui secouée par des crises sans précédent. Pour lui, l’humanité n’a autant vécu de menaces depuis la seconde guerre mondiale. Montée effroyable du terrorisme, persistance des foyers de tension qui induisent des millions de déplacés de guerre, crise écologique, des millions de personnes vivant toujours dans l’extrême pauvreté…, c’était comme pour dire que l’humanité a touché le fond, et qu’il est grand temps de rappeler l’égoïsme humain à l’ordre et d’orienter les choix vers le dessein d’un monde meilleur et plus vivable.
«Nous traversons une ère de dures épreuves mais nous avons des recettes pour un monde positif, nous avons en main les clés du succès», déclare-t-il, avec beaucoup de conviction. La clé de tous les maux qui minent la planète d’aujourd’hui réside encore dans la solidarité internationale que défend la Charte des Nations Unies. L’adoption du Programme de développement durable 2030 est à ses yeux, le signe que les Nations peuvent toujours parler d’une même voix, et regarder dans le sens du progrès et du partage. «Notre but est clair, notre mission est possible et notre objectif ultime est à notre portée, à savoir éradiquer la pauvreté, et rendre la dignité à tous les habitants de la planète. C’est notre devoir envers les plus vulnérables, les plus opprimés et les laissés pour compte», soutient-il. Et d’enchaîner : «Les OMD ont permis de sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté. Nous sommes prêts à poursuivre et aller beaucoup plus loin. Les ODD ne sont pas un ajout de nouveaux objectifs mais un plan dont les objectifs se combinent avec les exigences de l’Etat de droit, des droits de l’Homme et de l’autonomisation de la femme. Les dirigeants doivent s’engager à aller de l’avant sans faire des laissés pour compte », insiste le secrétaire général des Nations Unies.
Conclure un accord sur le climat !
Les dirigeants d’aujourd’hui, poursuit-il, ont aussi un devoir envers les générations futures en leur léguant une planète qui a repoussé loin les frontières des catastrophes écologiques. Il affirme que la dynamique engagée peut aider à conclure un accord sur le climat à Paris. «L’action climatique a le vent en poupe, il est clair que les objectifs nationaux ne suffiront pas. Le choix qui s’offre à nous, c’est de revoir nos ambitions à la hausse», exhorte-t-il. Il pense que le financement en faveur du climat sera crucial et demande que les pays développés fassent des efforts pour atteindre les 100 milliards de dollars en 2020, en freinant l’investissement dans les armements inutiles et déstabilisateurs pour la planète. «Au moins 100 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire et 60 millions de personnes ont été forcées de fuir leurs maisons ou leurs pays», rappelle-t-il, précisant que les Nations Unies ont demandé près de 20 milliards de dollars pour répondre aux besoins humanitaires en 2015, soit six fois plus qu'il y a 10 ans. Pour le secrétaire général des Nations Unies, le système humanitaire mondial n’est pas défectueux mais à court de ressources. «Nos peuples ont des besoins d’urgence mais ce dont ils ont encore plus besoin, c’est des solutions durables», plaide-t-il.
Investir dans l’humanité
Mogens Lykketoft, président de l’Assemblée générale des Nations Unies, trouve que l’adoption des ODD est une décision véritablement transformatrice, historique par ses analyses, et révolutionnaire par ses ambitions. «Maintenant nous faisons face à une tache, transformer notre vision d’avenir en action. Mais nous ne pouvons pas le faire dans un monde où l’investissement dans les armements absorbe plus de ressources. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où les guerres, la corruption et la mauvaise gouvernance ont droit de cité», soutient-il. Il appelle surtout les dirigeants des pays à taire leurs divergences stériles et à s’investir dans le meilleur pour l’humanité. «Les grands objectifs de l’ONU ne seront atteints que lorsqu’on se rendra compte que l’interdépendance mondiale est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. On doit changer de comportement dans les pays développés, pour ériger une nouvelle architecture mondiale», défend-il. Il ajoute : «Il est grand temps de prendre des décisions de grande ampleur pour faire cesser ces conflits dévastateurs et commencer à investir généreusement dans le développement durable. C'est maintenant qu'il faut agir»
Moens Lykketoft soutient aussi que les investissements dans un avenir meilleur doivent venir des sources privées. Les gouvernants doivent mettre en place un cadre qui fasse des investissements écologiques les plus sûrs pour garantir le développement durable. «L’action est nécessaire dès maintenant. Si nous échouons, nous allons causer de dommages graves à l’équilibre politique, économique et climatique du monde. Les 70 ans de l’ONU nous offrent l’occasion de revigorer les valeurs universelles mentionnées dans la charte des Nations Unies», conclut-il.
Par Gnona AFANGBEDJI, Envoyé spécial à New-York