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Le conseiller Soulémane Ashanti explique la situation de précarité (...)
Publié le vendredi 2 octobre 2015  |  Fraternité
Souleymane
© aCotonou.com par CODIAS
Souleymane ASHANTI, vice-président de la Haute autorité de l`audiovisuel et de la communication (HAAC) lors de l`audition du PDG du groupe de presse `` Le Matinal " Charles Toko
Mercredi 15 avril 2015.Cotonou. Audition du PDG du groupe de presse `` Le matinal " par les conseillers et le p[résident de la HAAC sur publication d`un article qui fait beaucoup parler en cette période électorale.




Journée du mardi dernier extrêmement chargée pour le vice-président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), Soulémane Ashanti. Mais, entre une concertation avec ses collègues conseillers suivie quelques minutes plus tard d’une déclaration à la presse au siège de l’institution, l’ancien journaliste de l’Ortb a fini par recevoir Fraternité pour la grande interview. Pendant plus d’une demi-heure, le conseiller Ashanti s’est essentiellement prononcé, avec des confidences à donner la chair de poule à l’appui, sur les raisons des différents mouvements de mécontentement au sein de l’organe de régulation de la presse. Il a été aussi question avec le conseiller Ashanti de la politique avec son parrainage du creuset des cadres de Bassila. Dans la foulée, le conseiller Ashanti évoque sobrement le profil du candidat idéal pour la présidentielle de 2016.
Depuis un certain moment, la Haac est sans moyens de travail ni moyens de déplacement. Qu’est-ce qui explique cette situation ?
La Haac est une institution constitutionnelle, et elle est appelée à jouer son rôle de régulateur des médias aux côtés des autres institutions de la République qui ont également leur mission. Pour accomplir cette mission, nous avons besoin de moyens. Il n’y a pas que les moyens roulants qui manquent à la Haac, non seulement le parc est vide, mais aussi en matière de matériel et de ressources humaines, la Haac est l’institution la plus dépourvue. Par rapport à la question des véhicules, moi personnellement, ça fait un an que je ne suis plus monté dans un véhicule de fonction. Exactement depuis le 21 juillet 2014 que j’ai pris fonction, alors que la loi donne droit à tous ceux qui sont membres de cette institution de disposer de véhicule de fonction, je n’ai rien eu. Pour les autres conseillers, c’est la même situation. Certains ont des véhicules de fonction amortis. Il arrive qu’en pleine circulation, le moteur de ces véhicules les lâche. C’est désolant pour un conseiller de la Haac d’être dans une situation pareille, même pour un simple individu. Ce n’est pas intéressant à vivre. Moi-même, c’est des véhicules loués que le ministère des finances envoie pour me transporter. Et ces véhicules loués datent des années 1990 et tombent régulièrement en panne. Un jour, de retour de mission, je suis tombé en panne à Tchérigbé dans la forêt. J’ai dû me faire tirer par un pick-up. Et même en tant que vice président de la Haac, je n’ai eu d’autre choix que de monter dans la cabine du chauffeur du pick-up pour qu’on puisse tirer le véhicule. J’ai dû abandonner les agents de soutien dans la forêt pour chercher un autre moyen de transport afin de pouvoir rejoindre Bohicon. Quand vous vivez ces genres de situation, vous avez le sentiment que vous ne faites pas partie de la République. Et pourtant, nous faisons notre travail. Vous l’avez vu pendant les élections. Chacun de nous, en ce qui le concerne, y compris le président, peut vous raconter des anecdotes du genre qu’on a vécues. Voilà les raisons qui nous ont poussés à ce boycott.

Quelles sont les démarches que vous avez eu à mener à l’endroit de l’Exécutif pour régler ce problème ?
Très tôt à notre prise de fonction, nous avons constaté que le parc automobile de la Haac n’est pas fourni. Nous avons intégré cela dans le projet de budget de la Haac 2015. Mais au niveau des arbitrages budgétaires, le ministère des finances a sauté les mesures nouvelles. Les mesures nouvelles, ce sont les mesures que nous proposons pour améliorer les ressources humaines et matérielles au niveau de la Haac. Cela n’a même pas été inscrit dans le budget de la Haac. Ça veut dire que le budget que nous exécutons, c’est un budget que le ministère des finances a taillé pour nous sans connaître nos problèmes. Sans même venir vers nous pour s’enquérir de nos difficultés. Notre budget n’a pas été élaboré de façon participative. Ensuite, quand nous avons constaté qu’au niveau de l’arbitrage budgétaire, ils ont inséré des mesures nouvelles, nous sommes allés vers l’Assemblée nationale par un plaidoyer pour dénoncer notre situation. L’Assemblée nationale a fait des recommandations pour qu’ils règlent la situation de la Haac. Mais, le gouvernement n’a jamais mis en œuvre les recommandations de l’Assemblée nationale. Nous nous sommes dit qu’il n’y a pas que les textes qui règlent la vie quotidienne des personnes et même des institutions, nous allons tenter de négocier avec le gouvernement. Nous avons demandé une audience auprès du ministère des finances qui a reçu les conseillers de la Haac sans le président qui n’était pas partie prenante. Il nous a dit que les véhicules de fonction, c’est notre droit et que bientôt, dans le cadre des élections, ils vont lancer un appel d’offres pour l’acquisition de matériaux roulant pour les institutions, nous allons équiper la Cour suprême et puis la Haac. On a équipé toutes les autres institutions mais nous, jusqu’au jour d’aujourd’hui, on n’a rien eu. C’est ça qui a évolué après les élections et nous nous sommes dit qu’on ne va pas répondre à la convocation du président pour la dernière session extraordinaire. C’est le même mouvement qui se poursuit pour cette session ordinaire. Je pense qu’il est important que les démarches qui ont été faites, et pour lesquelles le gouvernement même a reconnu que c’est un droit soient fructueuses. Mais malheureusement, rien n’est fait.

Vous avez tantôt parlé de location de véhicules. Ce lot de véhicules loués revient certainement cher à l’État. Qu’est-ce qui explique cette situation au niveau du ministère des finances ?
J’ai évoqué mon cas par rapport à la location de véhicules. Mais, je suis venu trouver une situation qui est là puisque, mon prédécesseur Édouard Loko a passé près d’un an dans un véhicule loué. Moi aussi, j’ai déjà fait plus d’un an dans un véhicule loué. En tout, deux ans de location de véhicules pour le poste de vice-président. Quand nous sommes arrivés, nous avons constaté que rien que pour la location de véhicules, la Haac avait une ardoise de près de 100 millions. Et les propriétaires de maisons de location ont décidés de ne plus louer des véhicules à la Haac puisque, c’est une ardoise que nous ne pouvons pas payer. C’est assez lourd. Certains qui ont des véhicules haut de gamme ont refusé. Et finalement, le ministère des finances se rabat sur ceux qui ont des véhicules poussifs, et ce sont ces véhicules qui sont mis à notre disposition. C’est dommage qu’on en arrive là. Je ne sais pas comment ils ont fait pour devoir 100 millions pour la location de véhicules. C’est énorme. Je vous ai dit que ça fait deux ans qu’on loue des véhicules pour le vice-président. Ces véhicules loués ne sont pas acceptés lors des cérémonies officielles. Par deux fois, j’ai été renvoyé en tant que vice-président représentant le président. D’abord, c’est à la présidence de la République que j’ai été renvoyé par les gardes qui ont refusé que j’entre au palais. La deuxième fois, c’est à l’investiture du président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji. Vous l’avez sûrement constaté, la place de la Haac était vide. Le président était hors du territoire national et j’étais appelé à représenter l’institution au niveau de l’Assemblée nationale le jour de l’investiture. Et quand je suis arrivé, on était en file indienne avec les autres présidents d’institutions. Au niveau des gardes, mon véhicule a été sorti parce que c’est un véhicule vraiment branlant. J’ai été humilié comme ça à plusieurs reprises. Pour les autres conseillers, c’est encore terrible. Moi vice-président, vous avez entendu ce que je vis. Voilà un peu la situation par rapport à la location de véhicules. C’est pour cela que nous nous sommes dit qu’il faut arrêter avec cela. Et là, il faut que le gouvernement trouve de l’argent pour payer de véhicules aux neuf conseillers de la Haac.

En dehors de la location de véhicules, vous êtes aussi en location en ce qui concerne l’immobilier. Comment ça se fait qu’une institution comme la Haac n’ait pas un bâtiment qui puisse abriter le personnel ?
Vous faites bien d’évoquer tous ces passifs que nous traînons. Rien que pour la location de ce bâtiment qui abrite l’annexe de la Haac, c’est beaucoup de dépenses pour l’État. Le bâtiment n’a même pas d’ascenseur alors que la Haac occupe six étages. Quand vous venez en tant qu’usager, vous vivez les difficultés. L’accessibilité est tout un problème. Si vous êtes une personne handicapée, comment pouvez-vous monter les marches des escaliers alors que le Secrétariat général est au troisième ? Quand vous voyez la façade, vous avez l’impression que c’est un grand immeuble, mais à l’intérieur, vous constatez autre chose. Pas de confort. Il y a un domaine réservé à la Haac pour la construction de son siège à Porto-Novo. Il faut que le projet de construction de ce siège puisse reprendre. Nous avons inscrit des crédits au Pip par rapport au budget 2015. Le gouvernement n’a pas daigné prendre ça en compte. Nous allons encore l’inscrire dans le Pip cette année, encore que ce n’est pas de notre responsabilité de faire cela, ça revient au ministère de l’environnement et de l’habitat qui est chargé d’inscrire ces projets dans le Pip. Mais nous rappelons à tout moment, chaque fois qu’il faut confectionner le budget, que nous avons un problème et que ça coûte à l’État. Mais jusqu’aujourd’hui, nous sommes dans ces conditions-là. C’est la seule institution où le Directeur de cabinet n’a pas de véhicule de fonction, le Secrétaire général n’a pas de véhicule de fonction. Vous n’allez même pas parler des antennes régionales qui sont à l’intérieur. Pour se déplacer, c’est des difficultés et pourtant, nous sommes amenés à jouer un grand rôle de régulation des médias, surtout avec les élections qui s’annoncent.

La session de ce matin ne se tiendra pas. Est-ce une manière pour vous de mettre la pression sur le gouvernement afin de trouver des solutions à vos problèmes ?
Ce n’est pas pour mettre la pression sur le gouvernement ni pour boycotter la session. C’est juste pour rappeler à l’attention du gouvernement qui a compétence pour donner les moyens permettant aux institutions de fonctionner, de le faire. C’est tout. Il ne s’agit pas d’un boycott puisque nous venons avec nos propres moyens travailler depuis près d’un mois. Nous assumons notre devoir républicain. Nous estimons que si ce devoir républicain est accompli, il faudrait que l’autre partie aussi comprenne que nous avons des difficultés énormes et que nous faisons des efforts. La session ordinaire est ouverte par le président de la Haac et je crois qu’il est en train de le faire actuellement. C’est sûr que la session sera ouverte puisqu’elle est légale, constitutionnelle et est inscrite dans le règlement intérieur de la Haac qui fait bloc avec la loi organique. Par conséquent, cette ouverture doit se faire dans cette deuxième quinzaine du mois de septembre. C’est dire aussi que nous avons ce sens de responsabilité et que nous l’assumons. Malheureusement, si nous n’avons pas les véhicules de fonction, il y aura de difficultés pour venir travailler.

Pourquoi c’est la Haac et non les autres institutions, qui se trouve confronté à ces problèmes ?
Je pense que cette question doit interpeller les journalistes qui sont les acteurs premiers avec lesquels nous travaillons. Peut être comme dans l’ordre de préséance, on est, en terme constitutionnel, la dernière institution. C’est peut-être pour cela qu’il y a un mépris. Si l’Exécutif pense qu’on n’a pas besoin de la Haac pour fonctionner, il peut introduire un projet de réforme constitutionnelle pour supprimer la Haac. Mais, ce sera aller à contre courant de ce qui se fait actuellement dans le monde. Partout, dans les autres pays, les gens se dotent d’institution de régulation des médias, parce que le besoin est là et il faut réguler les médias. Le champ de la communication se développe et la technologie par rapport à la communication se développe aussi avec une certaine ampleur et célérité que s’il n’y a pas d’organe de régulation, il y aura un problème. Il faut quelqu’un pour assurer l’équilibre.

Est-ce à dire que le gouvernement fait une politique de deux poids deux mesures en matière de traitement des institutions de la République ?
Ce sera dommage que le gouvernement fasse la politique du deux poids, deux mesures. Nous sommes tous des responsables à un certain niveau. Chacun a sa mission et comme la mission demande des moyens, il faut que le gouvernement mette les moyens à notre disposition.

La session actuelle devrait se pencher sur les conditions de la couverture médiatique de l’élection présidentielle. Qu’avez-vous à nous nous dire par rapport à cette couverture médiatique ?
D’abord, nous sommes entrés dans une campagne prématurée pour l’élection présidentielle alors que la période de précampagne n’est pas encore ouverte. Selon la jurisprudence de la Haac, cette période de précampagne est à quatre mois avant le jour du vote. Puisque nous connaissons tous le jour du vote, la période de précampagne devrait démarrer le 1er octobre, mais nous nous rendons compte que nous sommes déjà dans la précampagne et les médias relayent la déclaration de candidature de tel ou tel candidat. Il y a des meetings. Ce marketing électoral se développe alors que la précampagne n’est pas encore fixée par la Haac. Cela se fait parce que la Haac n’a pas encore règlementé et en principe, la deuxième session ordinaire que nous allons commencer prendra une décision pour réguler la précampagne. Vu les difficultés dans lesquelles nous sommes, ça risque de perdurer et si on ne prend pas vite les décisions, la notion d’équilibre va prendre un coup. Ceci, parce que ceux qui ont plus de moyens que d’autres sont entrés précipitamment en campagne alors que les autres attendent l’accès égalitaire que nous cherchons et qui n’est pas respecté. Il faut nécessairement que nous prenions une décision pour que chaque acteur des médias puisse s’inscrire dans le cadre qui est tracé. Si on ne le fait pas, il y aura des problèmes.

Et pourquoi la Haac n’a-t-elle pas réagi à temps ?
La Haac ne peut pas réagir parce qu’elle n’a pas les moyens pour travailler de façon convenable. Si les moyens étaient là, nous aurions certainement déjà pris des décisions. La loi dit que pour délibérer sur ces questions, il faut que tous les conseillers soient présents. S’il manque un seul conseiller sur les questions, aucune décision n’est valable sur ces questions. Mais pour que le conseiller soit présent, il faut qu’il puisse se déplacer. Les conseillers de la Haac n’ont pas les moyens pour se déplacer. Il y a des conseillers qui habitent Porto-Novo, Calavi et même certains qui sont à l’intérieur du pays. Il n’y a pas que le président et le vice-président pour prendre de décision.

Beaucoup se le demandent. M. le vice-président, avec le passage de l’analogie au numérique, comment se fera la régulation des médias ?
Ce sera très compliqué, puisque les moyens que nous avons demandés en 2014 pour nous préparer à ce passage, nous ne les avons pas, parce que le gouvernement a refusé de l’inscrire dans le budget 2015. Dans ces conditions, je ne sais pas avec quel outil nous allons réguler le numérique. Ensuite, il y a des formations qui sont prévues pour mettre à niveau le personnel de la Haac par rapport au passage au numérique. Depuis, toutes les entités organisent des séminaires. L’Ortb est en séminaire actuellement sur le passage de l’analogie au numérique. Au niveau des techniciens, il y a aussi des séminaires qui sont organisés. Mais le personnel qui est appelé à préparer les dossiers à la Haac n’a aucune notion. Alors, il faut trouver les moyens pour les former. On a dit que le passage au numérique est pour la fin de l’année. Quand nous y serons, nous serons obligés de nous adapter. C’est un vide qui va se creuser parce que nous n’avons pas les moyens. Il y a aussi l’élection présidentielle qui s’annonce en 2016. J’ai le sentiment qu’on n’est pas compris par rapport à ces actions là.

Au vu de ces problèmes, on se demande si c’est parce que la Haac n’est plus une institution malléable et corvéable à merci qu’elle est délaissée ?
Nous ne sommes pas dans un bras de fer avec les autres institutions de la République, encore moins l’Exécutif qui est appelée à nous donner les moyens pour travailler. Mais l’article 4 de la loi organique dit que la Haac est une institution indépendante du pouvoir politique, de tout groupe de pression et de toute association. Donc, nous travaillons en toute indépendance. Nous ne nous fixons pas par rapport à une institution ou à un personnage précis. Nous, nous faisons notre travail constitutionnel de régulateur en toute indépendance, comme prévu par la loi. Je ne vois même pas comment on peut être aux ordres. Nous faisons tout pour être indépendants.

Êtes-vous sûrs d’avoir gain de cause avec un régime finissant qui a déjà la tête dans les calculs politiques de succession en 2016 ?
L’Etat est une continuité. Même si le régime finit, l’Etat reste. Le régime doit pouvoir décider au nom de l’Etat. Par conséquent, nous n’allons pas nous fixer une échéance, comme ils s’en vont, pour attendre le prochain régime. Nous travaillons avec les acteurs qui sont là. Pour le moment, ils sont appelés à décider, même à la dernière seconde. Nous espérons que nous serons entendus et que les moyens seront très rapidement mis à notre disposition.

On vous a vu récemment à la tête d’un groupe de jeunes cadres de Bassila. Est-ce que le conseiller Ashanti a un projet politique ?
Moi, je n’étais que parrain. Il y a que les jeunes cadres de Bassila m’ont fait l’honneur de parrainer leur association, et j’ai accepté en tant que fils de la localité. Je ne suis pas dans le champ politique. Tout ce qui a été dit le jour là n’a rien à voir avec la politique. Il s’agit d’un débat d’idées sur certains aspects qui préoccupent la plupart de ces jeunes, et j’ai apporté ma pierre à l’édifice. Pour le moment, je ne fais pas de politique.

Ce regroupement intervient à quelques mois de l’élection présidentielle. On peut penser que le groupe que vous parrainez a un candidat
Attendons de voir puisque le 10 octobre, il y aura une deuxième réunion. Je n’ai pas encore connaissance des sujets que l’Ajcb va aborder. S’il y a des sujets à connotation politique, j’aviserai. Personne ne m’a dit que c’est pour aller choisir un candidat. Mais s’il faut le faire, on le fera en toute responsabilité. Même si on ne le fait pas sur la place publique, on le fera dans l’isoloir.

Personnellement, est-ce que vous avez un candidat pour 2016 ?
On n’a pas encore la liste des candidats. Je pense qu’on n’aura pas un profil assez différent de ce qu’on a toujours eu, c’est-à-dire, un candidat qui connaît bien le pays, qui est à l’abri du besoin, qui prend à cœur les préoccupations des populations du Bénin et qui s’intègre dans les principes démocratiques chèrement acquis. J’aurais voulu que ce soit un journaliste.

S’il vous était donné de proposer des réformes pour éviter que de pareilles situations se répètent à la Haac, qu’allez-vous dire ?
La première réforme qui me vient à l’esprit, c’est d’abord de faire en sorte que toutes les institutions soient admises comme telles. J’ai le sentiment que beaucoup n’ont pas bien compris la mission de la Haac. On a l’impression que c’est un appendice d’institution au sein des autres institutions. La seule réforme qu’il faille faire, c’est que la Haac soit porteuse du 4ème pouvoir que représente la presse, ce qui n’est pas encore le cas. Le Béninois reconnaît en général que la presse est un pouvoir, mais il ne reconnaît pas la Haac comme un pouvoir. C’est à croire que la Haac n’est pas une émanation des journalistes. Ailleurs, pour siéger dans une institution de régulation des médias, vous devez avoir été journaliste ou avoir fait des travaux sur les médias. Mais chez nous, ce n’est pas le cas. La loi n’a pas exigé ces critères. A la Cour Constitutionnelle, c’est des juristes qui sont présidents. Chez nous, tel n’est pas le cas. Le Béninois a le sentiment que l’institution est politisée, puisque ce sont les deux autres pouvoirs qui envoient des représentants dans l’institution. Il faut craindre à terme que cette image ne soit totalement reconnue. S’il y a une réforme à faire, c’est de faire en sorte que la Haac soit une émanation du monde des médias, mais pas nécessairement de la presse. On peut être juriste ou homme politique et s’intéresser au droit des médias, à son évolution à travers des publications et autres. Même au sein des institutions de la République, certains continuent de croire que la Haac est une direction.

Un dernier mot ?
Juste vous remercier pour le travail que vous faites. Nous suivons les médias, surtout Fraternité. Je ne pense pas que vous ayez été épinglé en matière d’éthique et de déontologie. Vous donnez rien que l’information et je vous encourage pour cela. Je voudrais ensuite remercier le groupe de presse Fraternité. Canal3 est la chaîne la plus aimée de tout le monde, pour son effort, même si, en termes de contenu, il y a encore des choses à revoir. Primo, notre mission première, c’est de protéger la liberté de presse. Donc, la Haac ne peut pas se dérober à cette mission. Elle ne fera que ça. Secundo, j’espère que nous allons passer sans heurt les élections qui arrivent et que la Haac va jouer un rôle majeur dans l’apaisement du climat politique, notamment par la responsabilisation des acteurs des médias et je vous invite à nous soutenir dans cette action. Je vous remercie.
Propos recueillis par : Angelo DOSSOUMOU et Isac YAI
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