Leader des Forces cauris pour un Bénin émergeant (Fcbe), dont la création a été actée par lui, le Chef de l’Etat actuel quittera le pouvoir le 06 avril prochain. Comme il ne peut pas être candidat pour le prochain scrutin présidentiel, le jeu est donc particulièrement ouvert et beaucoup s’attendent et estiment que Boni Yayi aura un dauphin qu’il adoubera et pour lequel il battra campagne et mouillera donc sa chemise sur le terrain. Mais aucune certitude ne peut prévaloir à ce sujet.
La Constitution béninoise prévoit que l’animation de la vie politique soit faite par les partis politiques et autres mouvements politiques, mais le système partisan est très faible ou inexistant. Une réalité politique dont la brèche a été ouverte par Nicéphore Soglo, puis ensuite renforcée par Mathieu Kérékou. Boni Yayi n’a donc fait que suivre l’exemple de ses deux prédécesseurs en amplifiant cette pratique. En 2006 il a été élu, non pas parce qu’il était le candidat d’un parti politique, mais parce qu’il a tout joué sur sa personne. Si certains estiment qu’il tient à sauvegarder les Forces cauris pour un Bénin émergeant (Fcbe), son œuvre politique, c’est oublié qu’il n’y règne pas une discipline de groupe telle qu’elle prévaut au sein des partis bien structurés dans le cas d’une vie politique qui fonctionne normalement. A mesure que se rapproche la date de son départ du pouvoir, l’influence politique de Boni Yayi s’affaiblit. En choisissant un dauphin, lui qui tient sans nul doute à assurer une alternance en douceur au pays, passera encore comme l’homme d’un clan alors qu’il a l’occasion de prendre de la hauteur et de rassembler un pays qu’il aura contribué à diviser ces 10 dernières années selon ses détracteurs. Il s’attèlera à travailler pour réussir sa sortie de cette scène politique où il est présent depuis presque dix ans. Si plusieurs de ses ministres et d’autres députés des Fcbe affirment attendre son mot d’ordre pour 2016, cela peut-être aussi une manœuvre pour calmer les ardeurs de ceux qui s’impatientent au sein de ce regroupement hétéroclite qu’est la mouvance présidentielle. Au-delà de tout, il est certain que beaucoup ont hâte de s’émanciper de Boni Yayi et que ce dernier ne prendra pas le risque d’essuyer un désaveu s’il choisit ouvertement un dauphin qui ne leur convient pas. Ce dernier ne sera donc qu’officieux et il faudra lire entre les lignes pour le détecter avant le premier tour de l’élection présidentielle.
Bernado Mariano Houenoussi