Le médecin béninois de renom humanitaire, Dr Késsilé Sare Tchala est appelé à défendre les causes sociopolitiques du mouvement “BÉNIN VIVRA“ à la présidentielle de 2016. Répondant affirmatif audit appel, l’homme entend concilier honnêteté, sagesse, connaissance et surtout la compétence, dans l’équité et la justice afin que désormais, le pouvoir au Bénin ne soit pas l’apanage de personnes pourvues de biens matériels. Dans une démarche technico stratégique, il réitère dans une interview accordée à “News Afrika“, son projet de construction au pays, d’un hôpital de référence mondiale. En plus de ses vœux majeurs de développement au profit du Bénin, la lutte contre le chômage des jeunes et la relecture de la constitution lui paraissent aussi prioritaires.
NEWS AFRIKA : Dr Késsilé Tchala, bien que vous soyez médecin de renom humanitaire, la majorité du peuple béninois vous reconnait vos caractères d’homme politique en raison de votre passage à la tête du département de la Santé, et surtout, de votre intention de briguer la magistrature suprême en 2011. Est-ce, cette image de politicien que voudriez-vous refléter sur la couche sociale au Bénin ?
Dr Késsilé Tchala : Mon image politique n’est pas ce qui m’intéresse ; ce qui m’intéresse est le développement du Bénin ! C’est le bonheur du peuple béninois et ceci passe par une certaine conception du développement.
D’aucuns vous annoncent également en lice pour la présidentielle de 2016. Quelle est votre réelle position là-dessus ?
Ma position est claire ! Il y a eu un mouvement qui s’appelle le “BÉNIN VIVRA“ qui a organisé un congrès au cours duquel, ils m’ont sollicité pour les représenter à l’élection présidentielle de 2016 et j’ai accepté cette confiance qui m’a été donnée ! Autrement dit, je suis le candidat de ce mouvement à l’élection présidentielle de 2016 !
Ceci s’avérant authentique, qu’entendez-vous apporter si tant au pays au point d’aspirer à la magistrature suprême ?
C’est une question qui est certes personnelle, mais qui est aussi à poser au mouvement. Qu’est-ce que j’ai incarné au point de mériter cette confiance ? Je crois qu’ils sont mieux placés pour répondre à cette question. Il est difficile de parler de soi-même.
Pour la première fois dans l’histoire politique béninoise, le nombre de candidats en lice pourrait excéder la quarantaine ; est-ce à dire que le pouvoir est désormais parterre au Bénin ?
Pas du tout ! Il vaut mieux 40 voir 50 candidats qu’un seul dictateur ! C’est un signe de vitalité de notre pays, c’est aussi une lecture juste de notre politique. C’est ainsi qu’est bâtie notre constitution. C’est la même réalité partout ; seulement qu’ailleurs, ils ont une possibilité de dégraissage avec des primaires et au sommet de la pyramide, on retrouve, deux ou trois candidats. Ceci est une maturation qui doit arriver progressivement au niveau de notre pays avec ce qui se passe. Car, tous ces candidats n’ont finalement qu’un seul objectif, le développement du Bénin.
Sans tenir compte de vos antécédents personnels avec le chef de l’État actuel, pourriez-vous nous dire la lecture sociopolitique que vous avez du régime en place ?
C’est une question délicate à laquelle j’ai du mal à répondre parce que j’ai œuvré à l’arrivée au pouvoir du chef de l’État. J’ai même prié pour cela et c’est arriver avec l’engagement moral et voir même spirituel des parents. Donc, quelle que soit la situation, attendons la fin du mandat avant de tirer les conclusions. Regardés la médiation qui a été réussie au Burkina Faso ; regardés le second compact du MCA qui a été signé ; il y a des faits positifs à l’actif du pouvoir en place ! Cependant, il y a eu des difficultés et puis tout n’est pas parfait ! La perfection d’ailleurs, n’appartient qu’à l’au-delà !
Le régime en place, a-t-il selon vous, comblé les attentes du peuple béninois au plan sanitaire ?
Lorsque j’étais en charge du ministère de la Santé, nous avons opéré une distribution gratuite de moustiquaires imprégnées aux enfants de moins de cinq ans et aux femmes enceintes. Le succès de cette action ne s’est pas limité à l’impact sur la lutte contre le paludisme. Il n’a pas été retrouvé de moustiquaires en vente dans nos marchés et le surplus a été ramené au ministère. Cette gestion honnête et transparente nous a valu la considération internationale et a pesé sur le choix du Bénin pour la tournée africaine du Président Bush.
La gratuité de la césarienne, la naissance du Régime Assurance Maladie Universel (Ramu), la construction de l’hôpital chinois de Parakou aux normes d’un Centre Hospitalier Universel (CHU) et la rénovation de l’hôpital “Omel‘ sont des réalisations au plan sanitaire dont le peuple en bénéficie. Cependant, j’ai un grand regret concernant le projet de construction au Bénin d’un hôpital de référence internationale aussi comme solution au problème d’évacuation à coup de dizaines de milliards, depuis trop longtemps. Le Bénin aurait été un pays d’excellence pour les soins de santé de la sous-région.
Cet hôpital aurait été visionnaire avec l’épidémie d’Ebola ; on aurait rapatrié les malades non pas en occident, mais au Bénin. Ceci nous aurait conféré ce que je pense être le destin de ce pays ; un État stable, prestataire des soins et services de santé. Faut-il aussi se rappeler que le Bénin a eu des grands médecins francophones, des plus grands professeurs. Ce capital a laissé dans la mémoire intellectuelle de l’élite, une sorte d’ADN responsable de soins de santé. Je pense que nous avons cette marque, cette différence à assumer.
Quels efforts saluez-vous à l’actif de la classe politique béninoise, sinon que déplorez-vous ?
Nous n’avons pas de guerre civile, nous n’avons pas de bain de sang ; quelles que soient les difficultés, les choses se sont réglées sans meurtre et sans crime passionnel, sans génocide dans cette Afrique que nous connaissons en ébullition. Deuxièmement, il y a eu une conférence nationale qui a eu lieu en 1990 et a permis une succession de transition. L’articulation de ces transitions s’est faite dans les conditions acceptables. Troisièmement, le Bénin a ses frontières ouvertes et accueille tout le monde. Je pense que le petit pas de plus à faire et qui explique peut-être mon engagement pour 2016, c’est le pas de plus pour le développement du pays pour répondre à l’attente de la jeunesse qui est complètement sans emploi. Un taux de chômage élevé, un désespoir. Par rapport à la crise qui se passe en méditerranée et qui est devenue une anxiété pour la jeunesse, il faut absolument une stratégie de développement dans notre pays. Sans une politique réelle de développement génératrice d’emplois pour la jeunesse, notre stabilité restera illusoire et la crainte de voir l’intégrisme radical “Boko Haram“ est réelle.
Si l'on vous appelait à une collaboration politique pour 2016, quelle serait votre destination au sein de la classe politique ?
Nul ne peut dire son destin avant l’heure ! Le plus important, c’est l’avenir du Bénin.
De près ou de loin du régime d’après Yayi en 2016, à quel niveau souhaiteriez-vous que la diaspora béninoise mette ses expériences sociopolitiques et professionnelles au service du peuple béninois ?
La diaspora à mon avis représente l’espoir de nos États pas seulement du Bénin, mais aussi de nos États africains parce qu’elle dispose d’un savoir-faire colossal. Elle a aussi une culture qui lui permet d’être en harmonie avec les peuples avancés du monde. L’histoire nous a enseigné que ce soit la Corée du Sud, la Chine et le Japon, c’est la diaspora qui a initié le développement. Il faut donc tout faire pour que cette diaspora s’intéresse toujours à ses origines, à ses racines, c’est un premier pas. Second pas, c’est de créer une harmonie une articulation d’acceptation de cette diaspora par l’élite endogène. De cette acceptation pourra germer ce que je pense, une complicité pour le développement. Car, le développement n’est rien d’autre qu’une complicité entre le gouvernant et l’élite.
Quels sont vos vœux sociopolitiques personnels pour ce pays, dès 2016 où le peuple va aux urnes pour élire son président ?
C’est de ne pas s’arrêter à la politique politicienne ! Prendre compte, les problèmes d’infrastructures, de santé, d’avenir, de chômage de la jeunesse, de la détresse de la population. C’est mon vœu ! Nous n’avons pas un problème de politique, mais de développement.
Un appel ou mot pour conclure cet entretien
L’élection de 2016 est celle qui doit marquer un tournant dans notre histoire un peu comme ça a été en 1990 après la conférence nationale ! Il faut que le Bénin initie une nouvelle stratégie pour une relance. Il a toujours été un État avant-gardiste, donneur de leçon. Je crois que l’élection de 2016 pourra nous propulser vers un résultat qui permette une relecture de notre constitution à l’adapter aux normes et aux problèmes de notre époque. Surtout qu’il permet que l’homme honnête sorte de son silence afin que le pouvoir ne soit plus simplement la propriété de personnes pourvues de bien matériel, mais qu’il soit également intéressé par la sagesse, la connaissance et surtout la compétence, dans l’équité et la justice.
Réalisation : Bertrand DEGNON/Anicet TIDJO
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