Le 14 octobre prochain, la famille des cheminots chantera le requiem de ce qui a été jusque-là, l’Organisation commune Bénin-Niger des chemins de fer (OCBN). Sur les cendres de cette dernière, un nouveau concessionnaire, Bénirail émergera et sera chargé de faire renaître les chemins de fer des deux pays. Hier à Cotonou, en prélude à cette révolution, la commission chargée d’inventorier l’actif et le passif à céder, a tenu sa troisième et dernière session.
14 octobre 2015. Dans l’histoire du transport ferroviaire du Bénin et du Niger, cette date sonnera comme celle d’un grand départ et sera retenue comme la date de disparition de l’Organisation commune Bénin-Niger des chemins de fer (OCBN). En prélude à cet évènement voulu par les chefs d’Etat des deux pays concernés, les travaux y afférents se poursuivent à une vitesse de croisière. Et c’est ainsi qu’il faut comprendre le démarrage depuis hier des travaux de la commission chargée d’inventorier les biens de la société en disparition. Aux yeux du ministre béninois des Travaux publics et des Transports, Gustave Depo Sonon, cette assise est capitale et permettra prioritairement d’être fixée sur la partie des biens de l’OCBN à mettre à la disposition de la nouvelle société. A l’endroit des membres de la commission, il exige disponibilité, adresse et travail pointilleux pour permettre «d’apprécier dans les moindres détails cette situation concernant l’inventaire des biens de l’OCBN». Pour lui, l’échéance étant irréversible au regard des engagements pris précédemment, et surtout au regard des clauses contractuelles liant les parties. «Le 14 octobre prochain, la concession entre en vigueur», rappelle Gustave Depo Sonon à la fin de ses propos instructifs.
Comme lui, le ministre nigérien des Transports attend la concrétisation de ce vœu avec optimisme. Saley Saïdou, par ailleurs président du Conseil d’administration de la structure appelée à disparaître incessamment, estime lui, que «la construction et l’exploitation de la ligne des chemins de fer Cotonou-Parakou-Dosso-Niamey sont prioritaires pour le Bénin et le Niger et constituent une réponse aux besoins accrus des opérateurs économiques des deux pays… Mais aussi une solution aux besoins d’intégration régionale et de développement économique».
Inventaire et évaluation
Le processus de mise en concession de la ligne ferroviaire entre les deux pays a démarré depuis 2013 avec la signature par le groupe Bolloré et les Républiques du Bénin et du Niger, d’un mémorandum d’entente. Laquelle signature a été suivie de celle d’un autre mémorandum en vue de l’application du précédent, pour proposer l’objet et la dénomination de la société chargée de l’exécution du projet. Ce processus a vu naître Bénin Niger Rail (Bénirail).
Tout comme son homologue Gustave Depo Sonon, Saley Saïdou attend de l’inventaire à faire par la commission, un travail sans complaisance, puisqu’il s’agit là, d’une «lourde responsabilité», rappelle-t-il. Deux objectifs majeurs sont à atteindre par les travaux démarrés hier par la Commission d’inventaire, détaille-t-il. Le premier, c’est la validation des conclusions des rapports des experts-géomètres commis par le Bénin et le Niger en vue d’identifier les emplacements et de procéder à la délimitation et au contenu des biens immobiliers situés sur les territoires des deux pays, d’identifier les biens à mettre à la disposition du concessionnaire, d’accord partie, le tout, conformément au contrat de cession. Certes, il dit ne pas douter de la qualité des experts à faire montre de rigueur et de sens élevé de responsabilité, mais souhaite, en sa qualité de président du Conseil d’administration, que le travail à faire réponde aux aspirations des présidents des deux pays. Néanmoins, Saley Saïdou, a tenu à préciser qu’il ne serait pas inopportun que les deux pays recrutent chacun des commissaires aux apports et liquidateurs, et au besoin, des experts financiers désignés par eux pour apporter leur contribution au travail à faire par les commissaires, surtout en ce qui concerne les modalités de cession.
A l’endroit du groupe Bolloré, appelé à rependre en main les destinées de la presque défunte OCBN, il est reconnaissant du paiement intégral des arriérés de salaire dûs.
Josué F. MEHOUENOU