L’ancien bras financier des deux campagnes présidentielles victorieuses de Boni Yayi qu’a été Patrice Talon en 2006 et en 2011, prépare déjà les uns et les autres à rentrer au Bénin après plus de trois ans d’exil, mais surtout à être candidat au scrutin présidentiel dont le premier tour aura lieu le 28 février prochain. Bien qu’il soit à des milliers de km du Bénin, Patrice Talon peut déjà compter sur l’appui de plusieurs personnes qui sont entrées dans le premier cercle de ses proches pour diverses raisons ces dernières années.
Olivier Boko, Candide Azannaï, Joseph Djogbénou, Charles Toko et Oswald Homeky sont aujourd’hui sur la scène médiatico-politique du Bénin les personnages, qui peuvent se targuer d’être proches de l’homme d’affaires qui était naguère officiellement l’ennemi public numéro 1 du pouvoir actuel. Dans ce groupe, c’est Olivier Boko qui a par excellence le statut du fidèle parmi les fidèles. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant, qu’il ait été le compagnon d’infortune de Talon qu’il a suivi lorsque ce dernier a été obligé de prendre le chemin de l’exil. Dans l’affaire de la supposée tentative de coup d’Etat, il était comme Patrice Talon aussi suspecté. En plus d’être son cousin, il est son homme de confiance et son plus fidèle collaborateur. C’est donc à juste titre que son retour en août dernier au Bénin, a étéscruté à la fois par les partisans de Patrice Talon etpar ceux du pouvoir actuel. Dans sa parution du 15 juillet dernier, La Lettre du Continent le met dans « le réseau discret de Patrice Talon dans les affaires », tout en ajoutant « qu’Olivier Boko accompagne son mentor dans tous ses rendez-vous dans la capitale française ».
Les opportunistes
Quelques mois après la réélection de Boni Yayi en 2011, Candide Azannaï s’est peu à peu transformé en un critique très acerbe du régime tout en soulignant qu’il faisait toujours partie des partisans du Chef de l’Etat. Mais est-ce parce que ce rôle qui consistait à être assis sur deux chaises ne lui convenait pas, ou bien est-ce parce qu’il a eu l’intuition dans la foulée du retentissant « KO » de 2011 que les relations entre Talon et Yayi allaient se dégrader au point de devenir exécrables ? Toujours est-il qu’au fil des mois qui suivirent, il a pris fait et cause pour Patrice Talon. Si son flair politique est aussi de l’opportunisme politique, il lui permet de trouver bien avant d’autres acteurs de la classe politique le wagon qui sera le sien pour 2016. S’il a accepté d’aller sur la liste de l’Union fait la nation (Un) pour les dernières élections législatives, c’est surtout parce qu’il y a eu entre temps un rapprochement politique entre l’Un et Patrice Talon. Le député de la 16ème circonscription électorale, s’est donc érigé depuis 2011 en l’avocat défenseur de l’homme d’affaires au même titre qu’un certain Joseph Djogbénou qui jusqu’à son élection comme député de la 7ème législature défendait Talon notamment dans les affaires relatives au Programme de vérification des importations (Pvi) et à la Société de développement du coton (Sodéco). Connu depuis plusieurs années pour ses critiques acerbes contre le régime de Boni Yayi, Me Joseph Djogbénou est passé en quelques années du rôle d’avocat de Patrice Talon à celui d’un directeur de campagne qui ne dit pas son nom. Avec sa verve habituel, il a fait un vrai markéting politique le 30 août dernier sur Canal 3 Bénin durant l’émission Zone Franche dont il était l’invité, et ce pour dire tout le bien qu’il pensait de la candidature de l’homme d’affaires. C’était une dizaine de jours après le come-back médiatique de Patrice Talon. Comme Candide Azannaï, Joseph Djogbénou a été candidat pour le scrutin législatif de cette année sur la liste de l’Un.
Les Talon « compatibles »
Comme l’homme d’affaires à une certaine époque, Charles Toko cette figure du paysage médiatique béninois a joué un rôle important dans l’accession au pouvoir de Boni Yayi, notamment pour trouver ces multiples petites ficelles médiatiques nécessaires pour vendre le candidat Boni Yayi. Ce dernier l’a nommé après parmi ses chargés de mission, et, il a même été candidat aux élections législatives de 2007 sur une liste dont la proximité avec le pouvoir était un secret de polichinelle. Mais depuis lors le vent a tourné, et, Charles Toko qui a l’atout d’avoir l’un des groupes de presse les plus importants du pays, ne manque pas une occasion pour dire tout le mal qu’il pense désormais de la gestion de Boni Yayi. Son chouchou pour 2016 est dorénavant Patrice Talon, et, lorsque le mois dernier il a été empêché d’organiser comme il le souhaitait à Parakou une manifestation du fan club de Patrice Talon, il en a remis une couche pour tacler encore à juste titre pour certains Boni Yayi. Parmi ceux qu’on peut classer dans le groupe des Talon « compatibles», il y a aussi Oswald Homeky qui a été très proche d’Abdoulaye Bio Tchané dans la période du scrutin présidentiel de 2011. S’il s’est donc éloigné de l’ancien président de la Banque ouest africaine pour le développement (Boad) depuis son échec en 2011, il s’est illustré sur la scène politique en critiquant lui aussi le pouvoir de Boni Yayi. Sa trajectoire pour 2016 était une grande inconnue, avant qu’il ne participe à plusieurs meetings pour susciter la candidature de Patrice Talon, qu’il représentait d’ailleurs à cette occasion. En plus de Toko et d’Homeky, d’autres personnes sont déjà en train de garnir les rangs des Talon «compatibles ». Il y a déjà Gaston Zossou, l’ancien ministre de la Communication sous Mathieu Kérékou qui a retrouvé ses envolées lyriques d’il y a quelques années pour défendre la cause de Patrice Talon sur les réseaux sociaux. A mesure que l’échéance de 2016 se rapproche, beaucoup d’autres seront obligés de sortir du bois et de prendre position en faveur de Talon. Il s’agira notamment de tous ces hommes politiques qui seront tentés par une initiative solitaire en se ralliant à Patrice Talon, et qui prendront du coup le contre-pied de la consigne de leurs formations politiques. De plus parmi les partis, il y en a aussi qui feront une alliance avec l’homme d’affaires car lui-même n’hésite pas à dire et surtout à marteler qu’il ne souhaite pas créer sa propre formation politique, mais qu’il veut s’appuyer sur une coalition pour 2016. Au-delà du fidèle parmi les fidèles qu’est Olivier Boko, des opportunistes et des Talon « compatibles », il y a deux autres personnages très discrets sur la proximité qu’ils ont avec Patrice Talon. En juillet dernier, La Lettre du Continent faisait allusion à Eustache Kotingan et à Issa Salifou. Ce dernier ayant cédé Canal 3 Bénin sa chaine de télévision à Patrice Talon, tout en réussissant à ce que cette cession se passe sans tapage.
Bernado Mariano Houenoussi