8448 ha de cultures vivrières disparues, 572 cases d’habitation détruites, 8000 personnes sans abris et du bétail emporté. C’est le bilan des dégâts occasionnés par le débordement du fleuve Niger dans les localités de Malanville et Karimama. Et suite à cette catastrophe, l’assistance du gouvernement ne sait pas fait attendre.
Une forte délégation composée des ministres de l’Intérieur, de la Défense, de l’Agriculture et de la famille était au chevet des sinistrés avec des sacs de riz, des bidons d’huile, des feuilles de tôle, des cartons de pointe galvanisée, des tentes, nattes, de médicaments imprégnées et une enveloppe symbolique pour chaque commune. Ce geste de compassion, à quelque différence près, ressemble à du déjà vu. En fait, les années antérieures, par une action de solidarité nationale conduite par des structures comme Caritas et la Direction de la gestion des catastrophes sous tutelle du ministère de l’Intérieur, c’était le même scénario. Ce qui amène d’ailleurs à s’interroger sur la passivité avec laquelle l’Exécutif et son chef gèrent le quotidien des Béninois.
Tout porte à croire qu’on a intérêt à voir se produire d’abord le sinistre avant de jouer aux sapeurs pompiers. Pour certains observateurs, ce n’est qu’à ce seul prix que certaines institutions fantoches montées de toutes pièces peuvent justifier leur existence. Sinon, pourquoi le gouvernement n’anticipe pas pour prendre la mesure des choses et chaque année les mêmes causes doivent produire les mêmes conséquences ? On n’anticipe pas sur les précautions à prendre, par exemple isoler les populations concernées, en dépit des alertes précoces données par des climatologues et autres scientifiques spécialistes des catastrophes naturelles. Mais on préfère les campagnes de dons sous les objectifs de cameras. En tout cas, pour qui connaît le gouvernement de Yayi Boni, ces genres d’actions constituent sa tasse de thé.
Plus urgent que la révision opportuniste de la Constitution
N’est-il pas finalement temps pour que Yayi Boni et ses « rantanplan » s’attaquent aux réels problèmes des populations que d’emballer ces dernières dans le gouffre ? A y voir de près, les problèmes de lutte contre la pauvreté et l’exclusion évoqués par le chef de l’Etat pour la formation de son dernier gouvernement ne sont qu’un leurre. Un gouvernement plutôt hautement politique que technocrate. Beaucoup d’observateurs et analystes de la chose socio politique l’avaient souligné en son temps. Et nous y voilà.
A peine mise en place, la nouvelle équipe de Yayi n’a d’autre leçon à réciter que la révision de la Constitution. En dehors de quelques deux qu’on ne voit pas trop sur les vingt-six membres, le reste tourne à plein régime sur le terrain et dans les médias avec ce projet auquel carton rouge a été brandi par plusieurs acteurs politiques et de la société civile. Ce qui se passe à Malanville, Karimama et environs préoccupe moins le pasteur Raphael Edou qu’on a contenté par un machin de ministère en charge des changements climatiques. Dieu seul sait s’il était de la délégation dépêchée dans la partie septentrionale ce dimanche 8 septembre 2013. Sauf erreur, Raphael Edou était plutôt en mission au sud pour entretenir les populations sur la révision de la Constitution avec son collègue de la Fonction publique Martial Sounton, lui aussi pasteur.
Laissons même les cas de Malanville et Karimma. A quelques jours de la rentrée des classes, les problèmes de formation et de redéploiement des enseignants n’est pas encore la priorité pour les hommes de Dieu. Le gouvernement est encore dans son état de dormance habituel et n’attend que les menaces et autres agitations des syndicats pour se « réveiller ». Pas pour régler ces problèmes mais pour s’en prendre à ces pauvres travailleurs qui ne réclament souvent que leurs droits. Et comment ? Les fortes militarisations des écoles et rues pour étouffer les mouvements puis, bonjour les campagnes de dénigrement. Ainsi va le Bénin sous Yayi Boni.