C’est devenu une routine. De façon cyclique, surtout selon les événements du moment, le Chef de l’Etat réunit les jeunes et une armée de ministres pour débattre du plein emploi des invités au palais de la Marina. Une énième rencontre s’est tenue le samedi 10 octobre 2015 au lieu habituel. Le discours n’a pas changé. Le désespoir malheureusement aussi.
L’annonce de l’échec de la lutte contre le chômage des jeunes vient du chef de l’Etat lui-même. Le rendez-vous de samedi dernier à la présidence de la République a été, comme les précédents, celui du bilan des actions menées par les ministères et leurs structures sous tutelle pour le plein emploi des jeunes. Evidemment, chaque ministre, à travers des programmes, a démontré ce qui se fait pour mettre les jeunes béninois au travail. Leur donner l’emploi à travers par exemple les recrutements dans la fonction publique ou les inciter à s’auto employer. Pour l’année budgétaire 2015, il était annoncé au moins 200 milliards au profit de l’emploi des jeunes. Pour 2016, le ministre de l’économie et des finances a réservé au moins 165 milliards pour la même cause. Sauf que ces «efforts» déployés au profit des jeunes depuis 2006 ne donnent toujours pas satisfaction. La jeunesse béninoise est toujours oisive dans sa grande majorité. Au point où, lors de la rencontre de samedi dernier, le président Yayi s’est désolé de la «grosse pauvreté» qui ronge la couche juvénile de son pays. Les raisons, a-t-il avancé, tiennent du fait de la non-implication des jeunes dans le processus de création de richesse. Yayi a peut-être raison.
Cependant, c’est quand même lui qui est à la manœuvre depuis bientôt dix ans. C’est lui qui choisit ses politiques en faveur du plein emploi des jeunes. Durant ses deux quinquennats, Yayi a poursuivi la politique de l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe), a mis en place le Fonds national pour l’emploi et l’entreprenariat des jeunes (Fnpeej), les Business promotion center (Bpc) etc. Mais quel est l’impact réel de ces structures pour la création de l’emploi au profit des jeunes ? Si à moins de six mois de la fin de son second mandat, Yayi n’a toujours pas gagné, ne serait-ce en grande partie, la bataille contre le chômage des jeunes, quand le réussira-t-il ? Ces derniers temps, on entend souvent les jeunes se plaindre de la situation précaire dans laquelle ils se trouvent. Pendant que le régime en place ne cesse de leur chanter les mesures prises pour les mettre au travail. Yayi, finalement, partira, et laissera cette patate chaude à son successeur. «Une bombe planétaire» comme Yayi a qualifié le chômage des jeunes à la rencontre de samedi dernier. Le prochain Chef d’Etat est averti !
Jean-Marie Sèdolo