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Lanzron, le village qui sème l’espoir.
Publié le mercredi 14 octobre 2015  |  Nord Sud
L’ancien
© Autre presse par DR
L’ancien ministre de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, Ganiou Soglo.




Les premières gouttes d'un projet ambitieux arrosent depuis Avril 2013 les terres argileuses de LAnzron, petit village de 500 habitants à 10 kilomètres du coeur de l'agglomération de Zinvié, aux confins de la vallée de L oueMé réputée pour sa fertilité. La production agricole était ici essentiellement de subsistance, instinctive et hasardeuse à merci. Les experts de l inrab qui appuient le projet de la Compagnie du Bénin ont ramené avec eux la science exacte, le savoir faire et la promesse de lendemains meilleurs. A lanzron, une graine semée aujourd'hui fait pousser l'espoir...
Nous sommes en Avril 2013. L'ancien Ministre des Sports et de la Culture, Ganiou soglo foule la terre de Lanzron. Une énième arrivée, à priori banale aux yeux encore craintifs des villageois, mais le premier pas d'une marche volontaire, exaltante et ferme. Deux ans après son départ du Gouvernement, le plus populaire des locataires du Ministère des Sports du Bénin engage un nouveau match. Il monte de toutes pièces la compagnie du Bénin, rêve d'en faire un fleuron de l'agriculture en Afrique de l'ouest et a illico le projet d'une plantation de cultures maraîchères à taille de géant: 50 hectares. Son ambition est a la taille de sa détermination et de son expérience. Entre 1992 et 1997, il était producteur de pain de sucre, le caviar de l'ananas, destiné à l'export. Plus d'une décennie après, sa future production est frileuse et exigeante de méthode. A l'heure du tout biologique, ça relève d'un exploit que sait relever le groupe d'experts de l inrab, l'institut de recherches agronomique. Plusieurs pays de la sous région leurs doivent la vitalité de leur secteur agricole. A LANZRON, les études durent un peu plus d'un an. Elles paraissent interminables. A terme, les résultats sont rigoureux. Ils posent, ajustent et cadrent le projet.A Lanzron, la vie quotidienne gagne en mouvements. Les bruits sourds d'engins lourds rythment les journées des villageois. Le chef du village, Foo Thomas, précieux conseiller des "nouveaux venus", trépigne. Son village natal est l'objet de vives discussions, de Zinvié à Glo Djigbé.Incrédule, il se convainc, non sans quelques interrogations, de ce que lui a murmuré le PDG de la Compagnie du Bénin: lanzron sera bientôt le grenier du Grand Cotonou. Un engagement qui scelle les destins du projet de de son village. Quand il voit, trois mois plus tard, les travaux du forage achevés et les robinets laisser couler de l'eau, il sait que cette eau va bouleverser la vie de son village. Le parcours de trois kilomètres qu empruntent les femmes du village, et quelques fois de nuit noire, a été miraculeusement raccourci. La rivière, autrefois seule source d'eau aux 10 kilomètres à la ronde, semble aujourd'hui à l'autre bout du monde. Foo Thomas sait aussi que la nouvelle source de vie du village apportera aussi une meilleure santé, une autre qualité de vie. L'écran géant qui diffuse des informations ou des matches de foot et "éclaire" désormais les nuits de lanzron lui font entrevoir de nouvelles perspectives.
Fiers de labourer la terre
Sur la plantation, Madame Assogba, membre du groupe d'experts, réalise ses premières planches. Les premières feuilles de salade ou de Gboma sortent de terre. Les semences de carottes, de tomates et autres légumes ont germé. Une bataille est gagnée. La terre ne ment jamais dit-on. Faut il encore réussir a la faire parler. Mais la guerre aux bactéries qui s'attaquent aux cultures vivrieres va s'avérer plus dure. Car le projet agricole de la compagnie du Bénin a la vertu d'une culture biologique. Il prend le pari difficile d'une production de qualité, soucieux du bien être de ses consommateurs. L'impact des pesticides sur la santé des populations est alarmant et leur utilisation détruit de façon irrémédiable les terres et l'environnement. Pour Serge Kounasso, le directeur d'exploitation, c'est un pari assumé et définitif. "Nous sommes exigeants à produire sain. Nos consommateurs ont la garantie d'une bonne santé.c'est très clair." Mais l'enjeu n'est pas que écologique et sanitaire. Il touche aussi à la sécurité alimentaire et dans une certaine mesure, à l'économie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est du Burkina Faso, au Nord du Bénin, que provient la majorité de l'offre en production maraîchère. Des milliers de tonnes de légumes, conséquence de l'échec de la plupart des politiques agricoles. En matière économique, c'est toute une région qui s'apprête a jouir de la" fructification" du projet. Les effets transversaux sont nombreux: routes, commerces, transport etc et les maîtres d'oeuvre et autres commandes de matériaux sont passées sur place. A la plantation de lanzron, on va vite. Aussi vite que le permet la culture raisonnée, en veillant à une production responsable. Les machines font place aux hommes, venus nombreux du village et ceux aux alentours. Ils sont une cinquantaine, portant fièrement la combinaison bleue commune aux travailleurs. Le travail est structuré et va vite. Il est 16 heures, Donatien, chef d équipe, responsable de l'arrosage démarre le groupe électrogène qui alimente la pompe du système d'arrosage. Une heure durant, il va sillonner les sites pour vérifier la bonne marche des arrosoirs. Il a assisté aux "grands travaux" de construction de drains sur l'ensemble des cinquante hectares. Ces travaux lui avaient promis une charge de travail considérablement allégée. Il s'en réjouit déjà, même si le directeur d'exploitation est encore pas tout à fait satisfait: " Nous avons aujourd'hui une parfaite maîtrise de l'eau sur notre site. Mais nous continuons à travailler encore le système d'arrosage. Il est innovant. Nous allons pouvoir le décliner en franchise pour venir en aide aux autres producteurs locaux." Les 25 hectares exploités ont été totalement couverts. L'eau est bien avec les engrais naturels (compost, fiantes), les seuls carburants nécessaires à l'équipe de jeunes ingénieurs pour assurer la production régulière sur 20 hectares à ce jour, concrétisant un peu plus à chaque coucher de soleil sur la plantation de la Compagnie du Bénin, la vision de Ganiou Soglo.La rosée tombe encore. Il est 7 heures du matin. L'équipe en charge de la récolte de ce matin se répartit les champs de tomates, de courgettes et de gombos. Une fois les paniers et les caisses remplis, Gaby le chauffeur charge sa camionnette frigorifique et s'élance pour Calavi, puis GodoMey et Cotonou. Une tournée qui le mène tour à tour dans les marchés, restaurants, hôtels et supermarchés. Il livre trois fois par semaine à son réseau, Dounou, (mange en langue fon), le nom d'appellation des produits sains de la plantation de lanzron. Tout le village l'accompagne de prières pendant sa tournée. A Lanzron, on touche son rêve. On plante l'espoir.
Raoul Hounsounou
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