Le Bénin à l’instar de la communauté internationale commémore la 4è Journée internationale de la Fille (JIF 2015) célébrée chaque 11 octobre. Les manifestations officielles nationales ont eu lieu en différé hier mardi 13 octobre dans la commune de N’dali, sonnant le glas de la mobilisation pour la pleine jouissance des droits des filles et l’élimination des discriminations et violences à leur égard, notamment les mariages précoces et forcés.
Sous le thème «Ensemble, luttons contre le mariage des enfants», se sont déroulées hier à N’dali, en présence du préfet du Borgou-Alibori, Salamatou Kora Ponou, les manifestations nationales entrant dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la Fille célébrée depuis quatre ans. A travers cet événement, les services publics et les Organisations de la Société civile entendent renforcer les bases des connaissances des communautés en vue d’endiguer le phénomène des mariages précoces et forcés, précise Oumarou S. Banni Guéné, directeur de cabinet du ministre en charge de la Famille.
Occasion pour penser aux progrès à réaliser en termes des droits des filles et mettre en évidence l'importance de l'école, cette célébration de la JIF a permis de faire l’état des lieux qui se révèle peu reluisant au plan national. «Les filles font l’objet de nombreuses discriminations qui les contraignent à vivre dans une situation d’infériorité ; on note une forte vulnérabilité des filles parce qu’elles sont exposées aux violences de toutes sortes : bastonnades, propos injurieux, harcèlement, séquestration, abus sexuel, mutilations génitales, grossesses précoces, mariage forcé, déscolarisation», se désole Oumarou Banni Guéné. Sur 1121 enfants victimes de traite et d’exploitation et enregistrés en 2014, 54,4% sont des filles ; environ 16,9% de filles de 15 à 19 ans sont mariées ou vivent en union libre, selon les résultats de l’Enquête modulaire à indicateurs multiples menée en 2014. La situation reste particulièrement préoccupante dans les départements du Borgou et de l’Alibori, insiste Suanon Bakorigui, directeur départemental en charge de la Famille. En effet, fait-il savoir, le phénomène de mariage de mineures est toujours plus prononcé au Nord-Bénin de nos jours : 8,8% des fillettes se marient avant l’âge de 15 ans et 31,7 % se marient avant 18 ans et les enfants issus de ces mariages sont souvent des enfants abandonnés.
Inverser la tendance
«Cette pratique traditionnelle néfaste prive les filles de leur éducation, de leur santé et de leur avenir et met les enfants plus à risque à la violence physique, sexuelle et psychologique», souligne pour sa part, Bertin Danvidé, représentant l’Unicef Bénin. Les pesanteurs sociologiques, le faible niveau d’éducation des parents et des enfants, l’ignorance de leurs droits et devoirs, la trop grande impunité et le faible référencement des cas au niveau de la justice, en sont les causes, analyse-t-il. Pour inverser la tendance, le chef bureau Unicef de Parakou plaide pour l’engagement et la capacité d’action du gouvernement et de la Société civile à mettre en place des systèmes permettant d’éliminer les mariages d’enfants et ce, à travers des politiques efficaces de lutte contre la pauvreté notamment en faveur des plus défavorisés, le renforcement du système d’enregistrement des naissances et de celui des mariages. Aussi, les actions doivent-elles être orientées vers l’instauration d’un dialogue avec toutes les parties prenantes, la mise en place de services essentiels y compris de prévention, de récupération et de réinsertion des filles, l’amélioration du niveau d’éducation des enfants, préconise-t-il.
Pour ce faire, les actions doivent prendre le pas sur les discours, indique le préfet Salamatou Kora Ponou. C’est ainsi qu’en marge de la célébration de la JIF 2015, a eu lieu une remise de kits scolaires aux meilleurs écoliers et élèves au CEP et au BEPC et de matériels de coiffure et de couture à une quinzaine d’artisanes de la commune de N’dali ; un geste salué par les bénéficiaires, le maire Gaston Gobi Yorou, les sages et notables de la localité.