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Le Général Kérékou n’est plus
Publié le jeudi 15 octobre 2015 | Autre presse
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L`ex-président béninois Mathieu Kérékou |
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POLITIQUE
14 octobre 2015
Le Général Kérékou n’est plus
La famille Kérékou et toute la Nation béninoise sont en deuil. Né le 3 septembre 1933 à Kwarfa, l’ancien Président de la République du Bénin, le Général Mathieu Kérékou n’est plus. Il a tiré sa révérence en ce jour 14 octobre 2015. Alors même que son fils Wilfried venait d’être évacué, dans cette même journée, sanitairement sur l’Afrique du Sud suite à un accident vasculaire cérébral très grave.
La famille Kérékou traverse alors une des phases les plus sombres de son existence. Car, le 13 mai 2013, décédait déjà un des fils de la fratrie, le Chef d’escadron Brice Kérékou, alors en mission à la MONUC.
Mathieu Kérékou en bref
Mathieu Kérékou, digne fils des pays Somba, est un officier de l’armée béninoise. Il arriva au pouvoir par un coup d’Etat militaire le 26 octobre 1972. Son discours à l’époque était teinté de l’idéologie anti impérialiste avant de se muer, trois années plus tard, en un défenseur du marxisme léninisme que le chercheur anglo-saxon Chris Allen a qualifié de « laxisme béninisme ». En effet, dans un contexte mondial dominé par la Guerre Froide, le Général Mathieu Kérékou, opposé aux puissances occidentales, s’est tourné vers le pouvoir central soviétique par pure stratégie politico-financière.
Selon le chercheur Dr Bellarminus Kakpovi, « Mathieu Kérékou a installé un régime politique fort, autoritaire. Par la censure systématique des médias, l’interdiction de toute activité de nature politique et/ou syndicale, la violente campagne d’éradication des « forces féodales », c’est-à-dire les chefferies et les religions traditionnelles, les responsables du PRPB étaient tombés dans les mêmes travers que leurs prédécesseurs (les régimes civils issus de l’indépendance en 1960) qu’ils semblaient pourtant dénoncer à leur prise du pouvoir. Le grand tournant est opéré le 30 novembre 1974 par le dramatique discours dit de Goho ». Ainsi, le Commandant devenu général a géré le pouvoir sans partage pendant 17 années.
Cependant, face à la faillite politico-économique et surtout à la redoutable crise sociale auxquelles le pays était confronté, il a eu la sagesse d’ouvrir, non pas sans oppositions au sein de son Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB), le pouvoir à des tenants de la ligne qu’on peut qualifier de « softliners ». On pouvait y retrouver des personnalités telles que Maître Robert Dossou et Houdou Ali, actuellement président de la fondation Mathieu Kérékou. Ceux-ci ont su habilement, causer l’implosion du parti central de l’intérieur malgré les oppositions véhémentes des tenants de l’idéologie, ceux qu’on appelle les « hardliners » tels que Adjo Bocko Ignace.
Pour Dr Bellarminus Kakpovi; « cet affaiblissement du régime a contraint le pouvoir et son chef, le général Mathieu Kérékou, à opter, en février 1990, pour des assises nationales appelées la Conférence nationale des forces vives de la Nation. Au bout de deux semaines d’assises, l’Assemblée a proposé au Chef de l’Etat la mise en place d’un régime de transition devant conduire à des élections fondatrices d’un nouvel ordre politique : c’est le retour du multipartisme intégral caractérisé par l’organisation régulière d’élections disputées ». Cette conférence est qualifiée par des chercheurs tels que Marie-Soleil Frère de « réussite » ou de « modèle » par bien d’autres dont le Professeur Prudent Victor Topanou.
A la suite de cette conférence, un nouvel agenda fut établi; lequel devant conduire le pays à des élections fondatrices. Ainsi, le premier tour de l’élection présidentielle a eu lieu le 10 mars 1991. Mathieu Kérékou, après 17 années de « pouvoir musclé » pour utiliser l’expression du journaliste Maurice Chabi, s’est déclaré candidat contre son premier ministre de la transition, Nicéphore Dieudonné Soglo. Ce dernier arriva en tête avec 36% contre 27% pour son principal challenger.
Mathieu Kérékou sera finalement battu le 24 mars 1991 au soir du second tour par 67% pour son premier ministre. Cinq ans plus tard, il prit sa revanche sur le candidat victorieux de 1991. En effet, Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou arrivèrent en tête au premier tour avec respectivement 35,7% et 33,9%. Auréolé du soutien de la plupart des acteurs politiques du pays, le Général sorti de la retraite, prit finalement le dessus sur le candidat sortant et va diriger le pays pendant 10 ans. Kérékou venait ainsi de battre tout record de longévité à la tête du Bénin. Il est remplacé en 2006 par Boni Yayi, actuel chef de l’Etat béninois.
La rédaction du quotidien La Source de l’Info présente ses sincères condoléances à la famille éplorée et à toute la Nation béninoise.
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