C’est peut-être l’une des dernières ruses de son règne que prépare Boni Yayi à ses compagnons d’infortune, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et alliés qui soutiennent ses actions. Comme a écrit l’autre, sentant sa mort prochaine, le Chef de l’Etat a brutalement décidé de rassembler toute la famille des Fcbe, telle qu’elle était en 2006 et même aller au-delà. Objectif : faire gagner son candidat en 2016. Et puisque la «mort du mandat» est proche, il faudra assurer ses arrières.
La gestion pendant deux quinquennats, donc dix ans, du Bénin laisse certainement des traces. Bonnes comme mauvaises. Elles pourraient donc guider des esprits malins à chercher à voir comment tel ou tel dossier a été géré par le régime qui vient de s’éclipser. Le soutien d’un présidentiable n’a-t-il pas précisé dernièrement qu’il n’y aura pas la chasse aux sorcières si son cheval venant de remporter la présidentielle de 2016 mais quand dans le même temps, on ne peut empêcher la justice de s’autosaisir d’un dossier quand elle le jugera nécessaire. Autrement, si ce candidat succède à l’actuel chef de l’Etat, il donnera plein pouvoir à la justice du Bénin de jouer pleinement son rôle. Ce qui ne serait pas le cas aujourd’hui, dénoncent des Béninois. Montrant du doigt l’intrusion de l’Exécutif dans la justice. En revanche, la victoire en 2016 du candidat du régime sortant pourrait faire perdurer cette pratique. Autrement, une garantie pour une retraite paisible du président de la République sorti. Si non, comment expliquer cet impérieux appel au grand rassemblement des Fcbe et alliés autour de l’éventuel candidat unique de la mouvance ! Les déserteurs sont aussi plus que jamais courtisés à revenir à la maison. Yayi est même allé jusqu’à mobiliser les anciens maires autour de son idée du grand rassemblement pour 2016 pour faire triompher le roi parmi eux. En réalité, plus qu’une victoire du dauphin qui n’en sera pas un, Yayi veut juste assurer ses arrières avant de céder définitivement le pouvoir en avril prochain. Pour cela, il voudrait bien emprunter l’échelle électorale de ses fidèles militants ainsi que celle des déserteurs rappelés dans la maison verte. La victoire une fois acquise, Yayi pourra dire un dernier merci à la troupe, fidèle ou pas. «Le 5 ou le 6 avril 2016, je vous dirai un grand merci. Un grand merci pour tout ce que vous avez fait pour nous, pour notre pays, pour notre peuple, pour notre République. D’où je serai après, au Bénin ou à l’extérieur, je vous porterai toujours dans mon cœur. Je continuerai autrement le combat avec vous». Mais lui aura atteint son objectif.
Athanase Dèwanou