La première agence de maîtrise d’ouvrage déléguée du Bénin est en fête. 25 ans après ses débuts, l’Agence d’exécution des travaux urbains (AGETUR S.A) célèbre ses noces d’argent. Et loin de toute célébration festive pompeuse, c’est plutôt sur son devenir qu’elle a choisi de réfléchir, bien qu’auréolée, organisant de ce fait, hier, jeudi 15 octobre à l’hôtel Azalaï de Cotonou, une Table ronde sur le thème «25 ans de maîtrise d’ouvrage déléguée : Bilan, défis et perspectives».
Un quart de siècle est déjà passé, depuis les débuts de l’Agence d’exécution des travaux urbains (AGETUR S.A.). Petite structure de cinq employés en 1991, elle est devenue aujourd’hui un colosse qui, 25 ans après, voit se côtoyer en son sein, un personnel estimé à 148 employés. Un évènement auquel Lambert Koty, président directeur général de l’Agence et ses collaborateurs ont voulu donner un cachet spécial en invitant autour d’une Table ronde, d’autres maîtres d’ouvrages délégués et leurs partenaires. Ce rendez-vous aurait pu être consacré à une belle célébration où champagnes et vins couleraient à flots pour célébrer 25 ans de réussite et de succès. Seulement, à l’AGETUR S.A., il y a plusieurs façons de commémorer un évènement. «Nous avons fait l’option de marquer nos 25 ans d’exercice par l’organisation d’une Table ronde dont l’objectif est d’échanger directement avec nos principaux partenaires en vue de d’identifier des leviers essentiels pour l’amélioration de nos prestations et une plus grande efficacité dans la gestion des projets», souligne Lambert Koty. Plutôt modeste sur le bilan des 25 années d’existence, il évoque néanmoins quelques-unes des grandes réalisations qui ont forgé la notoriété de son agence. Une agence qui tend désormais ses tentacules au-delà des frontières nationales, au regard de la prestance, de la rigueur et du sérieux qui la caractérisent.
Les financements mobilisés par l’agence au cours de cette même période, selon son président directeur général auront permis de réaliser des travaux dans plusieurs domaines à savoir, les infrastructures de voirie et d’assainissement, les infrastructures pour les services marchands, sportifs, de l’éducation, de la santé, de gestion des ordures, des bâtiments spécifiques, des ouvrages d’art dont le plus récent est le pont de Fifadji… sans oublier la promotion immobilière.
Vision futuriste
«En somme, l’AGETUR S.A. a exercé en tant que maître d’ouvrage délégué de 1990 à 2006 où elle a fait la salutaire option de diversifier ses activités. Comme conséquence immédiate, son chiffre, d’affaires qui s’était établi en moyenne à 400 millions de francs CFA par an, est passé à plus de 700 millions en 2007 », expose Lambert Koty. Mieux, l’entreprise a franchi le seuil du milliard en 2008 et la croissance du chiffre d’affaires s’est poursuivie d’année en année avec l’accroissement de son portefeuille qui s’est élevé à 3,7 milliards en 2014. Futuriste, l’AGETUR S.A. se souhaite à l’horizon 2020, un chiffre d’affaires annuel de dix milliards FCFA. Mais cette vision prospective doit s’accompagner dans le temps de la définition de nouvelles ambitions en phase avec les défis de l’urbanisation, embraye le ministre Noël Fonton. «Nous avons là une entreprise qui couvre les domaines dont nous avons besoin pour améliorer notre cadre de vie», se réjouit le ministre qui salue le franc succès accumulé au bout de 25 ans.
Le Premier ministre Lionel Zinsou venu procéder en personne à l’ouverture de la Table ronde bilan des 25 ans d’existence de l’AGETUR S.A. adoube d’abord l’agence pour le chemin parcouru en 25 ans et y voit au-delà, la résultante du leadership de Lambert Koty.
«Derrière toute entreprise, il y a un entrepreneur qui l’incarne. Vous êtes l’homme qui incarne l’AGETUR S.A., tout ce développement, son renouveau, sa crédibilité permanente…», souligne le Premier ministre qui, fier de constater la réussite accumulée en un quart de siècle, voudrait plutôt se tourner vers les 25 années à venir. Se projetant dans ce futur, il a rappelé aux responsables et employés de l’agence, l’obligation qui leur est faite de loger et de transporter les quelques 30 millions, sans oublier l’assurance d’une vie de qualité. Une vie que Lionel Zinsou invite Lambert Koty et les siens à ne pas perdre de vue, les invitant par ailleurs à être du rendez-vous des défis en songeant déjà aux exigences y afférentes.
Les grandes recommandations issues de la Table ronde
Le forum bilan organisé par l’AGETUR S.A. sur le thème «25 ans de maîtrise d’ouvrage déléguée : Bilan, défis et perspectives» et qui a vu la participation de personnalités et d’experts au plus haut niveau de la maitrise d’ouvrage a accouché d’une série de recommandations. Lesquelle, selon l’ancien ministre Luc Marie Gnacadja sont indispensables pour penser le Bénin de 2040 avec la suppression de la «bidonvilisation» au profit d’une urbanisation rigoureuse.
A l’endroit de l’Etat, les participants à cette table ronde recommandent de compléter les décrets d’application, notamment ceux relatifs aux documents types de sélection des agences de MOD et aux conventions types de MOD, pour une meilleure application de la loi MOP, procéder à une révision du Code des marchés publics pour prendre en compte un chapitre spécifique à la MOD afin de lui permettre de demeurer un véritable instrument d’exécution diligente des projets, organiser une concertation entre MO et MOD aux fins d’une appropriation du concept et des principes de délégation de la maîtrise d’ouvrage, accroître le recours à la MOD pour l’exécution diligente des projets et une meilleure consommation des aides au développement, opérationnaliser la Commission d’agrément des agences de MOD et publier régulièrement la liste des agences agréées.
Ils ont aussi proposer de libérer à bonne date la contribution de l’Etat au financement des projets notamment les fonds de contrepartie des projets, réduire les délais de transfert des ressources mises à disposition des projets par les bailleurs de fonds, développer au niveau de l’administration fiscale, une base de données pour permettre aux structures chargées de la passation des marchés de faire des consultations en ligne dans le cadre de l’évaluation des offres (Chiffres d’affaires bilan, régularité fiscale, etc.)…
A l’endroit des bailleurs de fonds, ils ont souhaité que ceux-ci veillent à une bonne préparation des missions d’évaluation des projets afin de bien appréhender les coûts des ouvrages retenus et revoient les procédures en vue de permettre l’élimination des offres anormalement basses. Les banques n’ont pas été occultées et il leur est demandé de mieux accompagner les PME dans l’exécution des travaux par la mise en place des facilités adéquates et suffisantes, développer des compétences spécifiques pour un meilleur suivi de leurs clients (acteurs BTP) aussi bien dans l’analyse des dossiers que pour le suivi technique des chantiers et respecter les engagements pris à travers les garanties et autres actes de cautionnement délivrés. S’agissant des maîtres d’œuvre, la table ronde demande d’améliorer la qualité des études afin d’éviter les écarts à la phase d’exécution, développer une politique de stabilisation du personnel compétent, assurer la présence effective des contrôleurs sur les chantiers et veiller scrupuleusement au respect des normes et règles de l’art dans le suivi de l’exécution des travaux tout en développant des méthodes et outils de vérification rapide des décomptes des entreprises afin de réduire les délais de leur certification.
Les assurances, les laboratoires et les entreprises n’ont pas été omis dans cette série de recommandations.