Depuis la publication du rapport de l'Ige qui met à nu la mauvaise gestion du Directeur général (Dg) de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), la tension est montée d'un cran, tant dans le rang des travailleurs de la maison que des organisations syndicales. Ces derniers ne réclament que le départ du directeur général qui parait curieusement imperturbable. Une indifférence qui amène bien à se demander si le Dg qui aurait la faveur de sa couleur politique et de son origine, serait protégé par une main invisible ?
La crise qui a opposé le Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale et l'ex Conseil d'Administration a pris une nouvelle tournure depuis la publication du rapport provisoire de l'Inspection Générale de l'Etat (Ige) sur la gestion de la Caisse. Syndicalistes et travailleurs de la maison lèvent le ton pour réclamer le départ du Dg indexé par le rapport de l'inspection générale de l'Etat. En effet, au cours d'une conférence de presse tenue le weekend écoulé au Bénin Marina Hôtel, à Cotonou, les responsables des organisations syndicales ont dénoncé de vives voies le maintien du Dg Ali Yérima à son poste, alors qu'il se serait rendu coupable de mauvaise gestion, selon le rapport de l'Ige.
Incompréhensions
Les syndicalistes ne comprennent pas ce qui explique la nonchalance du gouvernement en ce qui concerne le dossier de la Cnss et se posent des questions. Pour Noël Chadaré, Secrétaire Général de la Cosi-Bénin, "le rapport de l'Ige est suffisamment éloquent. A l'étape actuelle, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les actes sont établis et il y a mauvaise gestion à la tête de la Cnss. On ne peut pas gérer les fonds des retraités et du contribuable de cette façon. Il faut dégager le Dg de la Cnss car on ne peut pas continuer à mener une politique du "deux poids, deux mesures". Houessou est en prison, il faut suspendre aussi Ali Yerima". Dieudonné Lokossou ajoutera : " On n'a pas besoin de réviser la Constitution, comme c'est la préoccupation aujourd'hui, avant de faire partir René Ali Yérima de la tête de la Cnss (…) si Expédit Houessou, l'ex-Dg de la Sonacop, a été déféré en l'espace de 72 heures, à partir d'un rapport de l'Ige, on n'a donc pas besoin d'un cabinet d'audit international pour envoyer aussi l'actuel Dg de la Cnss le rejoindre, suite au rapport de l'Ige ". Pascal Todjinou ne voit pas les choses autrement car selon lui : à l'allure où les ressources sont dilapidées à la Cnss, cela risque d'avoir de sérieuses répercutions sur le paiement des pensions des bénéficiaires de cette institution. Paul Essè Iko, lui veut savoir "Comment quelqu'un à qui l'Ige reproche une mauvaise gestion, qui fait perdre près de 400 millions de francs Cfa, continue d'être à la tête de la Cnss ?". Il insiste qu'"il faut que l'impunité des crimes économiques et politiques, cesse". Gaston Azoua, ancien Secrétaire Général de la Cstb n'était pas du reste. A l'en croire, le cas de René Ali Yérima est aussi un scandale de plus, qui vient s'ajouter à d'autres déjà existants.
Mauvaise gestion
Au nombre des observations formulées par la commission d'enquête de l'Ige figure en bonne place des manques à gagner occasionnés par la gestion du Dg. Du fonctionnement des organes de gouvernance de la Cnss, en passant par le mode de fixation des rémunérations du Dg, la gestion du patrimoine immobilier, notamment le bail du domaine de la Cnss sis à Epkè jusqu'à la gestion des placements de fonds (les DAT) dans les institutions bancaires et financières rien n'est moins bien géré selon le rapport de l'Ige. Alors que le conseil d'administration dénonçait déjà le fait de n'avoir pas été consulté avant la nomination du Dg Yérima, comme l'indique la loi régissant la Caisse, l'Ige lui donne raison situant là le premier facteur du conflit entre les deux instances. De même le rapport indique que le Dg aurait fait preuve d'insubordination en refusant d'exécuter certaines décisions du Conseil d'Administration.
Silence suspect
Quelle suite donne le gouvernement au rapport de l'Ige sur la gestion à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Cnss) ? Jusqu'à quand le Directeur général de ladite structure, René Ali Yérima, bénéficiera du silence du pouvoir ? Tente-t-on de rejeter les allégations faites par l'Ige dans son rapport ? Autant de questions qui marquent depuis peu le quotidien des Béninois qui n'attendent que justice dans ce énième scandale financier dans notre pays.
