Les Béninois en général et ceux des départements de l'Ouémé et du plateau ont vécu la semaine écoulée une scène toute particulière, disons même extraordinaire. Des femmes policières avec l'appui de leurs collègues masculins sont allées interpeller des adeptes du fétiche Oro en pleine activités cultuelles à Hevié-Kpotata, un quartier qui fait frontière entre les communes de Porto-Novo et d'Adjarra. Ces adeptes qui ont été traqués et battus avant d'être ramassés avec quelques éléments de leur arsenal avaient commis l'impair non seulement de sortir à une heure indue, mais également de franchir le seuil de leur limite géographique, emprisonnant toute la population de la localité. La prompte et sévère réaction de la police ne s'est donc pas fait attendre. Une horde d'hommes en bleu, avec un effectif remarquable de policières s'est donc portée très tôt au front, pour faire régner l'ordre.
D'où une farouche altercation entre forces de l'ordre et adeptes qui s'est soldée par l'arrestation d'une vingtaine d'initiés, une vingtaine de motos saisies, des tam-tams et autres objets dits sacrés saisis.
En effet, l'intervention des hommes en uniforme pour couper cours à un abus, que dis-je une mystification des paisibles populations ne souffre d'aucune ambivalence. Mais dans la forme, les observateurs notent une étrangeté dans la composition de l'effectif déployé pour la traque du fétiche Oro, bien connu pour son caractère tout spécial. La présence de femmes policières et leur activisme sur ledit terrain paraissaient bien anormaux aux yeux de plus d'un, quand on sait que le fétiche dont-il s'agit est strictement défendu aux femmes. Ce qui amène de suite, à en rechercher l'interprétation : profanation, démystification, désacralisation ? Peut-on prétendre que ces femmes sont à l'abri de la saloperie de ce fétiche dont on connait pourtant les interdits ? La justice n'a évidemment pas de religion, encore moins de sentiments, mais le respect de nos valeurs culturelles et cultuelles ne devrait pas être non plus occulté.
Le phénomène devient cyclique et le proscrire est plus que jamais impératif. Plus de saison où les adeptes du fétiche Oro, l'un des plus redoutés, ne sème la zizanie dans nos localités. Altercation avec les fidèles musulmans par ici, sorties abusives et sans autorisation requise ailleurs, ou carrément intimidation et violence sur les populations. Ce sont entre autres les infractions commises par ces adeptes dont la mauvaise foi devient de plus en plus criarde. Il était donc opportun de recadrer les activités de ce fétiche qui parait curieusement plus présent dans les agglomérations urbaines de nos jours. Certes le fétichisme contribue incontestablement au patrimoine cultuel et culturel de notre pays et le préserver est un devoir pour tous.
A bien y voir, la confusion qui s'empare des pratiques fétichistes dans notre pays est quelque peu en vogue dans le domaine des cultes. Il n'est pas rare de voir dans nos quartiers de ville, les églises, mosquées et couvents dont la prolifération va à une vitesse de lumière, s'adonner à une pollution sonore et parfois même esthétique de l'environnement, rien que pour des prières ou autres activités religieuses. L'amalgame devient totale et sous le couvert d'une divinité, l'on brime, escroque, et embrigade son prochain au prix de sa naïveté ou de sa quête du mieux-être. Un nouveau chantier visiblement plus abordable pour le nouveau ministre en charge de l'intérieur, de la sécurité publique et des cultes.