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Bio Tchané rehausse l’image du Bénin à Bruxelles
Publié le lundi 19 octobre 2015  |  24 heures au Bénin
le
© Autre presse par DR
le président Abdoulaye Bio Tchané




L’expertise de Monsieur Abdoulaye Bio Tchané a été sollicitée lors de la 2e édition du Forum Rebranding Africa, un Forum de référence qui s’est tenu du 16 au 18 octobre 2015 à Bruxelles, en Belgique. Le Président de l’alliance ‘’Avenir pour un Bénin’’ triomphant’’ (ABT) a participé, aux côtés de plusieurs personnalités, au panel inaugural de cette rencontre internationale placée sous le thème « INVESTIR EN AFRIQUE, ENTREPRENDRE POUR L’AFRIQUE ». Voici l’intégralité du message du fondateur du Cabinet Alindaou consulting international.

La Rédaction/Le Grand Matin


Rebranding Africa Forum Bruxelles, 16 – 18 Octobre 2015


Investir en Afrique, Entreprendre pour l’Afrique


Abdoulaye BIO TCHANE


Octobre 2015


- Monsieur le Premier Ministre du Sénégal,


Monsieur le Secrétaire général du groupe des Etats ACP,


Messieurs les Ministres,


Mesdames et Messieurs les directeurs d’institutions internationales,


Distingués invités,


Mesdames et messieurs,


Je suis honoré de participer à cette 2ème édition du forum Rebranding Africa. Je voudrais tout d’abord remercier les organisateurs, et plus particulièrement mon ami Thierry Hot, pour avoir relevé ce défi de la continuité. Le thème de cette année Investir en Afrique, Entreprendre pour l’Afrique est opportun dans le sens où il illustre deux principales tendances actuelles en Afrique : les investissements et l’entreprenariat.


Avant tout propos, permettez moi de saluer la mémoire du Président Mathieu Kérékou, ancien Président de la République du Bénin qui vient de disparaitre il y a 3 jours. En ce moment où de nombreux pays Africains vont aux urnes, Il est bon de rappeler le rôle que Mathieu Kérékou a eu dans la transition béninoise en 1990, dans la conférence Nationale béninoise (la 1ère du genre à l’époque), et dans le processus des Conférences Nationales en Afrique.


Les investissements, première source d’apport financier hors de l’Afrique


La croissance soutenue de l’Afrique au cours de ces dernières années a mis l’Afrique sous les feux des projecteurs, principa


lement parce que le continent s’est démarqué du reste du monde. Malgré la récession due aux différentes crises économiques et financières dans le reste du monde, l’Afrique a maintenu un taux moyen de croissance de plus de 5%.


Cette performance a rendu le continent de plus en plus attractif vis-à-vis du reste du monde. Selon, le rapport sur les Perspectives économiques en Afrique de la Banque africaine de développement, les investissements étrangers atteignent 73.5 milliards de dollars en 2014 devenant la première source d’apports financiers hors du continent.


Depuis 2013, les investissements directs se sont accrus de plus de 35%. Bien que la progression de ces taux soit irrégulière, la tendance générale est à la hausse.


Les secteurs bénéficiant de ces flux de capitaux ont évolué ; ils ne concernent plus uniquement les ressources extractives mais également les industries et la consommation, les nouvelles technologies, le commerce de détail, l’alimentation et les services financiers.


Le constat que les investissements sont en phase d’occuper une place plus importante que l’aide au développement est une source de satisfaction pour l’Afrique.


Premièrement, ce résultat a été atteint grâce aux réformes en matière de gouvernance, de politiques économiques et de l’amélioration du climat des affaires que beaucoup d’Etats ont mis en place. Deuxièmement, les investissements permettent au secteur privé de jouer progressivement son rôle premier de création de richesse et d’emplois.


Le private equity est devenue la source d’investissement qui connaît la croissance la plus rapide en Afrique subsaharienne. Selon Reuters, cette forme d’investissement est cinq fois plus importante qu’en 2008. En 2015, elle représente $12 milliards, avec une croissance annuelle de 20%.


Principaux pré requis pour attirer les investissements


Toutefois, ces flux de capitaux pourraient être plus significatifs si certaines barrières d’entrée étaient surmontées. Un obstacle important est la sécurité des investissements. Je reviens d’une conférence des notaires africains et sud-américains qui a eu lieu à Rio de Janeiro. Un important point de discussions a porté sur la sécurité des investissements.


Les sud-américains n‘hésitent pas à avouer que de manière générale, l’Afrique est encore perçue comme instable avec des institutions faibles. Par conséquent, de nombreuses entreprises demeurent encore frileuses et requièrent des garanties avant de tenter l’aventure africaine.


Un second obstacle aux investissements concerne les infrastructures nécessaires au fonctionnement des entreprises. Il s’agit principalement des infrastructures de transport, de l’énergie, de l’eau et plus que jamais des télécommunications. Pour donner une idée des besoins du continent, je vais citer quelques statistiques qui interpellent :


• 40% de la population africaine n’a pas accès à une source d’eau potable ;
• Seul 1/3 des africains roulent sur des routes bitumées ;
La fracture en infrastructures augmente de manière significative les coûts de transactions en Afrique. En d’autres termes, il est coûteux de s’installer dans les pays africains à cause des frais relatifs au fonctionnement de ces entreprises. Plus globalement, les experts estiment que le mauvais état des infrastructures freine la croissance de 2% chaque année.


Enfin, les investisseurs estiment que les entreprises africaines sont encore trop petites, manquent de ressources humaines adéquates et opèrent dans des secteurs qui ne sont pas encore matures. Ces facteurs leur donnent une faible visibilité sur les opportunités en Afrique.


Malgré toutes ces insuffisances, la bonne nouvelle c’est que l’Entreprenariat est devenu un concept en vogue sur le continent.


L’entreprenariat a toujours fait partie du tissu économique de l’Afrique subsaharienne. Selon le rapport 2014 du Global Entrepreneurship Monitor, l’Afrique subsaharienne est la région qui comporte le plus grand nombre d’activités entrepreneuriales qui sont à leurs débuts. La Zambie et le Nigeria sont en avant du classement international et les femmes représentent plus de 40% de cette nouvelle classe d’entrepreneurs.


Depuis quelques années, l’entreprenariat est présenté comme une solution pour sortir du chômage. Dû au ralentissement des recrutements dans la fonction publique et au nombre limité d’emplois formels que créent les multinationales et les grandes entreprises, l’entreprenariat se dessine comme une option à part entière.

De ce fait, un écosystème s’est développé avec la contribution des gouvernements, des institutions internationales et du secteur privé, y compris les philanthropes, à travers la création de fonds, d’incubateurs, des concours et autres afin d’outiller la nouvelle génération d’entrepreneurs. Cette nouvelle génération d’entrepreneurs présente un profil particulier : désormais diplômés de bonnes universités, experts en technologie, et disposant d’un réseau et d’opportunités de financement sans précédent.
Quelques exemples d’entreprenariat d’opportunité


Aujourd’hui, l’entreprenariat africain, ce n’est plus juste une opportunité d’auto-emploi, c’est aussi la création d’initiatives qui répondent à des problèmes sociaux ou qui comblent la fracture en services de base. Les experts parlent de l’évolution d’un entreprenariat de nécessité vers un entreprenariat d’opportunité.


Je suis impressionné par le nombre de jeunes africains qui innovent que ce soit sur le continent ou au sein de la diaspora. Ne parlons pas de ce que les technologies, le mobile ou l’internet permettent désormais de faire : soins médicaux, marchés virtuels, opérations financières, divertissements, logistique, logiciels, etc. Les entrepreneurs africains touchent à tous les secteurs porteurs.


Lors d’un récent voyage à Nairobi, j’ai touché du doigt cette réalité. La majorité des kenyans utilisent le M-Pesa pour effectuer des transferts d’argent, payer des factures, et désormais accéder à des prêts ou souscrire à une police d’assurance grâce au téléphone mobile. Au Kenya 70% des adultes ont accès au service bancaire contre 20% dans le reste de l’Afrique sub-saharienne.


Ces avancées notables n’excluent pas que la nouvelle forme d’entreprenariat est encore à ses débuts. Ces initiatives ne créent pas encore suffisamment d’emplois. Les PME africaines emploient 50% de la population active et beaucoup de jeunes diplômés.


Beaucoup de start-up n’ont pas une longue durée de vie due à des facteurs tels que le manque de formation, la faible maîtrise des marchés et le manque d’accès aux financements. Cependant, cette durée de vie est plus longue lorsque le développement économique de ces pays est conséquent.


La survie de l’entreprenariat


En ma qualité de Président du conseil d’administration du Fonds africain de garantie et CEO d’une firme de conseil qui assiste les PME dans la mobilisation de ressources, je peux dire que le manque de financement constitue un réel frein à l’entreprenariat. Pour 40% des PME, l’accès au financement est l’obstacle majeur à la croissance.


Mais, j’aimerais nuancer le préjugé que ce sont forcément les banques qui ne veulent pas prêter.


A AGF, nous contribuons à pallier à ce problème d’accès à des ressources en offrant des garanties. Les garanties servent à amoindrir le risque des institutions financières dans le recouvrement de leurs crédits. Elles facilitent ainsi le financement de nombreux projets. AGF a noué des partenariats avec 60 institutions de financement et 350 PME dans 29 pays en Afrique subsaharienne.


Dans quel secteur entreprendre en Afrique


Aujourd’hui et pour les années à venir il y a une multitude de secteurs dans lesquelles vous pouvez entreprendre en Afrique aux côtés des africains.
• D’abord il y a le secteur des infrastructures qui devraient continuer de croitre compte tenu des besoins immenses du continent. Le consortium pour les infrastructures en Afrique estime qu’il faudrait investir près de 40 milliards de $/an pour satisfaire les besoins en énergie qui sont estimés actuellement à 700 GW et qui devraient continuer de croitre du fait de la démographie et de l’urbanisation. Il existe également d’autres sources d’énergie (solaire, éolienne) qui présentent un potentiel non négligeable à explorer dans nos pays.
Par ailleurs le manque de routes et de chemins de fer rend difficile la connexion entre les lieux de production et les marchés de consommation, rendant ainsi difficile le commerce intra africain qui pour le moment ne représente qu’environ 11% du commerce africain.
• Ensuite il y a le secteur agricole : l’Afrique est le continent qui dispose de la plus grosse réserve de terres arables au monde. La forte démographie va induire des besoins importants dans le domaine agroalimentaire.
• Puis, il y a le secteur de la santé : de plus en plus de grands groupes médicaux ou cosmétiques s’installent en Afrique pour développer et adapter leurs produits aux besoins de ce grand marché de consommation. Et de nombreuses PME Africaines commencent à percer.
• Le secteur des TICS, jumelé à d’autres secteurs tels que le secteur bancaire ou celui des transports constituera un secteur de croissance important pour la modernisation de nos économies.
• Enfin, il y a ce qui sera la lame de fond de la croissance africaine, le secteur des biens de consommations qui sera dopé par l’amélioration des revenus des habitants et l’expansion de la classe moyenne. D’ici 2025 l’Afrique comptera plus de 100 villes avec une population supérieure à 1million d’habitants. Cette croissance démographique, cette urbanisation et la place plus grande de la classe moyenne vont doper des secteurs tels que la construction, mais aussi les services bancaires et financiers ainsi que les nouvelles technologies.
Conclusion


Pour conclure, je veux lancer un appel à tous - gouvernements, institutions internationales, institutions financières, philanthropes :


Nous nous devons d’accompagner les entrepreneurs avec les ressources et l’assistance nécessaires pour transformer leurs rêves en réalités. Pour les gouvernements, c’est poursuivre les réformes visant à créer un environnement plus favorable tant aux investisseurs qu’aux entrepreneurs. Pour les autres acteurs, c’est jouer chacun sa partition pour permettre à ces entrepreneurs de transformer ces réalités en emplois et en profits pour eux et pour la Communauté. A ces conditions, oui nous pourrons commencer par créer suffisamment d’emplois pour donner un espoir et des perspectives à la jeunesse Africaine.


Je vous remercie !
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