Après la disparition du Général Mathieu Kérékou, ses compatriotes continuent de lui rendre diversement hommages. Si certains le trouvent patriote et rassembleur, d’autres soulignent qu’ « il a trahi les idéaux de la révolution». Aussi, d’autres appellent à son immortalisation. Lisez plutôt.
Message des jeunes du Sndb
VIVEMENT QUE LE STADE DE L’AMITIE DE KOUHOUNOU DEVIENNE STADE MATHIEU KEREKOU
Mercredi 14 octobre 2015, le Général Mathieu Kérékou, personne centrale de la conférence des forces vives de la nation béninoise, un «Homme d’Exception», une «Humilité légendaire» s’est éteint. L’ancien Président de la République est rentré dans la gloire immortelle après montres engagements aux fortunes diverses; tant pour le Bénin que l’Afrique.
La disparition de cet Homme de paix, Homme d’unité national, de ce symbole, reste une perte pour la jeunesse béninoise et africaine en quête de patriote, de panafricaniste et de repère tangible pour bâtir une Afrique résolument tournée vers le développement.
En cette circonstance douloureuse, nous voudrions adresser à la famille du Général Mathieu KEREKOU, à son épouse, ses enfants, amis, anciens collaborateurs et admirateurs, nos condoléances.
Toutes nos prières l’accompagnent afin que l’Ordonnateur céleste dans sa grande bonté lui accorde le repos éternel. Cet Homme d’Exception a retenu notre attention dans le cadre de la 1ère édition de la célébration de la culture démocratique dans l’engagement des dirigeants africains pour la paix sur le continent et c’est à juste titre que l’ONG SNDB a lancé au lendemain des hommages à son endroit en octobre 2012, un plaidoyer pour l’immortalisation de Mathieu KEREKOU. Certes, nous avons souhaité que cela se fasse de son vivant; mais le temps reste le maître et ce plaidoyer reste d’actualité. Voila pourquoi, nous voudrions inviter et encourager le Gouvernement du Bénin et les autorités publiques à divers niveaux à la prise d’initiatives afin que la volonté largement exprimée par la jeunesse béninoise de voir le Stade de l’Amitié de Kouhounou à Cotonou, devenir «STADE MATHIEU KEREKOU» soit une réalité pour l’immortalisation de ce digne fils du Bénin et d’Afrique que fut le Président Mathieu KEREKOU et aussi formuler le vœux que l’Hôtel PLM Alédjo devienne un Panthéon national pour immortaliser les figures de proue de notre avancée sociale, culturelle, économique, sportive et politique...
Le Roi est mort, vive le Roi et paix éternel à Mathieu KEREKOU, Père du Renouveau démocratique au Bénin.
En cette circonstance douloureuse, nous voudrions adresser à la famille du Général Mathieu KEREKOU, à son épouse, ses enfants, amis, anciens collaborateurs et admirateurs nos condoléances.
Victor S. BOKO, Président Service National de Développement du Bénin (ONG SNDB)
Emmanuel Zossou, maire de la ville de Porto-Novo
« Mathieu Kérékou incarnait l’unité nationale »
« Ce que je retiens du général Mathieu Kérékou et de son système, c’est une autorité éprise de justice et d’équité. Je le dis parce que j’ai été particulièrement marqué dans ma vie par une chose. J’étais étudiant à la Faculté en Mathématiques à Abomey-Calavi et il y avait des bourses qui sont venues mais une seule pour les Télécommunications. A l’époque, nous étions nombreux à postuler, il y avait même le petit frère du ministre de l’Enseignement secondaire qui était candidat et j’ai pu l’avoir alors que moi, je ne connaissais personne, j’étais fils de pauvre de Porto-Novo et j’ai pu obtenir la bourse. Quand on a donné les résultats, on était en Faculté et le petit frère du ministre a dit qu’il ira voir son frère. Mais malgré toutes ces pressions, j’ai pu avoir la bourse et partir. Si c’est aujourd’hui, cela n’aurait pas été possible. Donc c’est pour vous dire que c’est un système qui était très efficace, très juste. Le Général Mathieu Kérékou incarnait beaucoup plus l’unité nationale. Pendant ces trois mandats, il a incarné l’unité nationale. Les enfants de pauvre ont pu sortir de ce pays sans aucune influence pour aller étudier et devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. En son temps, la révolution avait ses défauts mais quand même il n’y avait pas de distinction entre le Nord et le Sud, les enfants de pauvre et de riche. Tout le monde avait les mêmes chances. »
Gaglozoun Goras, président du PSD-Bélier
« Il a trahi les idéaux de la révolution»
« Mathieu Kérékou a été un homme bon pendant un certain temps pour le pays, mais moins bon pendant le reste de sa vie pour le pays. Et j’avais déjà écrit un fascicule en 2013 qui parle de la trahison de Kérékou, comment il a trahi les intérêts du peuple béninois. Moi j’ai toujours dit et proclamé ce que je sais sur cette question. Mais quand un homme meurt, il faut présenter des condoléances à sa famille, ses enfants, ses petits enfants, à ses amis. C’est une douleur légitime lorsque quelqu’un des vôtres disparait. Mais moi je suis un jeune des années 70 et nous avons sacrifié notre vie pour le pays parce que nous pensions qu’il était véridique, qu’il était sincère. Je parle de ceux de ma génération qui sont restés dans le pays malgré tout. On s’est senti trahi par le général Kérékou parce qu’il était chef de l’Etat et en tant que tel pouvait changer beaucoup de choses. Il avait les possibilités de faire avancer le pays et il ne l’a pas fait. C’est en 1990 qu’il a trahi tous les idéaux de la révolution. »
Adoubossou Loko Kamal, opérateur économique
« Que les prochains présidents aillent à son école»
« Le président Mathieu Kérékou est mort. Ce que je retiens de lui et sa gestion à la tête de la Nation, c’est qu’il est un homme exceptionnel. C’est un homme de paix et de justice. Vous savez personne ne peut dire sur cette terre qu’il a été parfait. Je pense que pendant longtemps, le peuple va le pleurer car il a toujours fait preuve de patience. Dans ce pays, on lui a jeté des pierres et il a pardonné par la suite. Il avait la possibilité de mettre le pays à feu et à sang, mais il ne l’a pas fait. Cet acte a été très grand pour nous et nous pensons que le Bénin n’aura jamais un président aussi patient que Mathieu Kérékou. Nous devons prier pour le repos de son âme. Que les prochains présidents de la république que nous aurons, copient son comportement et aillent surtout à son école. Vous voyez, son amour pour le peuple l’a amené à quitter le pouvoir. »
Karim Urbain da Silva, sage de la ville de Porto-Novo
« Mathieu Kérékou mérite un hommage digne du nom»
« Le Général Mathieu Kérékou est un brave homme, un homme exceptionnel, un patriote hors pair et un président de la République que le pays n’oubliera jamais. Il aime son pays et l’a marqué positivement. Il n’a pas eu de vie de famille. C’est pour cela que nous avons l’obligation de soutenir sa famille et ses enfants. J’ai eu d’excellentes relations avec lui pendant plusieurs années et je retiens de lui son intelligence et son amour pour sa patrie, sa culture. Il anticipe sur tout. Quand j’entends son nom, je pense au coup d’Etat du 26 octobre 1972, à la conférence des forces vives de la nation et à son retour au pouvoir en 2006. Je voudrais que le gouvernement prenne la décision officielle pour que son portrait vienne au panthéon. Sur les 50 premières années de notre indépendance, il en a géré une trentaine. Il mérite un hommage digne du nom »
Mousibaou Padonou, Avocat et membre du Parti national ensemble
«Il est mort au pays, c’est un patriote»
« J’avoue que cela m’a beaucoup bouleversé. C’est vrai que je n’ai pas été membre du gouvernement du président Mathieu Kérékou, je n’ai pas été constamment à ses côtés mais l’occasion m’a été donnée une fois au moins de le rencontrer et cela a été une occasion mémorable parce que c’était en 1996 où il devait revenir au pouvoir. J’ai eu la chance d’organiser un meeting à Gbèzounkpa parce que j’étais pratiquement le plus âgé de tous les jeunes et on avait créé un mouvement qu’on appelle « Sacrée jeunesse ». C’était un mouvement du Parti notre cause commune en ce moment et là pendant plus de deux heures, le président Mathieu Kérékou a parlé et c’est là que j’ai encore découvert l’homme. J’ai vu que c’est un homme de principe, un homme valeureux et digne. C’est surtout la dignité que j’ai notée chez ce monsieur et je vais vous donner deux exemples à ce sujet. D’abord il parlait de son grade de général et il disait que c’est son doyen Owens qui était son ministre qui lui a fait la proposition d’être général. Il a accepté mais il n’a jamais porté les étoiles parce que c’était son ministre et c’est une question de principe et qui ne les portera jamais jusqu’à la fin de son séjour sur terre. Jusqu’à ce 14 octobre 2015, je ne sais pas si vous l’avez vu les porter. Cela est un témoignage qu’il a fait publiquement à Gbèzounkpa. ¨Parlant des chefs d’Etats africains, le général Mathieu Kérékou pensait qu’ils n’étaient pas des gens dignes parce qu’il faut rester dans son pays quelque soit la situation que l’on traverse. Pour nous les Béninois, il est mort au pays, c’est un grand patriote. Je ne sais si on aura encore quelqu’un de la trempe de Kérékou. C’est notre de Gaulle au Bénin. »
Propos recueillis par Kola PAQUI