Le prochain président de la République va sans doute souffrir de l’absence de la sagesse du Général Mathieu Kérékou. Mais à défaut, il devra s’inspirer de son testament politique pour imprimer un nouveau mode de gouvernance au pays dont il prendra la charge dès le 6 avril 2016. En tout cas, Kérékou a laissé sa vision du prochain quinquennat. A en croire l’ancien ministre et proche collaborateur du caméléon, Ali Houdou, le Général a insisté sur ‘’la nécessité de faire du prochain quinquennat, un événement de transition politique pour une nouvelle gouvernance apaisée et un nouveau départ pour notre pays’’. En plus clair, l’héritage de Mathieu Kérékou repose sur deux piliers fondamentaux à savoir la démocratie et la paix. Pour honorer la mémoire du Général, il faut respecter ces deux chantiers. Aussi, l’expérience politique de celui qui aura gouverné le Bénin pendant plus d’un quart de siècle devrait amener les uns et les autres à accorder une attention particulière à ses dernières volontés.
En effet, comme le sage assis qui voit plus loin qu’un jeune debout, le Général a indiqué le chemin à suivre à partir de 2016. Il reste à savoir si le prochain président saura en tenir compte. Mais à y voir de près, le vœu de Mathieu Kérékou ne manque pas de pertinence, quand l’on sait que la gouvernance Yayi a profondément éprouvé les fondamentaux de la conférence nationale de 1990. Sinon, il est un secret de polichinelle que durant ces dix dernières années, la paix, la démocratie et même la stabilité politique ont été sérieusement mises à mal, avec à la clé une forte dose de perte des valeurs. Dans ses filaos, le caméléon a certainement cogité sur toutes les faiblesses du renouveau démocratique dont il est le père fondateur non seulement pour le Bénin, mais pour le continent noir, et sorti la potion magique. Il faut partir d’une transition pour un retour aux acquis de la conférence nationale.
Tentative de coup d’Etat et d’assassinat, scandales économiques et financiers, soulèvements populaires notamment à Cotonou et à Calavi pour protester contre des abus, conflits permanents avec les partenaires sociaux, régression du Bénin en terme de liberté de presse et de liberté syndicale, accentuation des questions de régionalisme… Voilà des faits qui ont marqué les Béninois ces dernières années et qui en ajoutent à la pertinence du testament du Général. En définitive, après 25 ans de parcours démocratique, il est certainement temps d’opter, comme le souhaite l’homme du 26 octobre, pour une transition, faire le bilan des acquis et des échecs afin d’amorcer véritablement le décollage du Bénin. Il était vraiment temps.
Arnaud DOUMANHOUN