Le paysage politique béninois, à l’horizon 2016, reste totalement
inenvisageable à l’heure actuelle, et c’est ce qui justifie les
calculs politiciens ayant cours en ce moment, d’où l’indécision des
partis politiques traditionnels quant au choix de leurs candidats, à
quatre mois de l’élection présidentielle. C’est la circonspection au
sens réel du terme, voire la perplexité, de sorte que nul ne saurait
prédire, sans risque de se tromper, les schémas auxquels l’on pourrait
s’attendre à la veille, pendant et après le scrutin. La seule
certitude constitue l’incertitude actuelle, au gré de laquelle évolue
la classe politique, en attendant les grands bouleversements que
prédisent les observateurs et analystes. Il est d’ailleurs aisé de
raisonner en termes de bouleversements, tant les intentions, au sein
des grands creusets politiques, semblent camoufler des velléités
d’alliances peu ordinaires, pour ne pas dire contre-nature. Une
observation attentive et assidue des discours et des positions qui
s’affichent çà et là révèle en effet que la situation n’est pas près
de se décanter, et que les méninges pourraient continuer d’être
fortement sollicitées au point que les décisions attendues des partis
et alliances traditionnels pourraient s’annoncer bien tardivement. Ce
sera la preuve, le cas échéant, que la maîtrise de la situation
échappe à ceux qui avaient coutume de la prendre en main. Ce sera
également la démonstration patente de ce qu’en désespoir de cause, les
uns et les autres n’auront eu de choix que celui qui se sera présenté
à eux, eu égard à l’impossibilité pour eux d’appliquer leur schéma
classique. Aussi tous les schémas seront-ils les bienvenus -pas
acceptables forcément- en raison de la manière dont les
bouleversements se seront opérés. Nul, dans ce cas, ne sera surpris de
constater que tel parti politique, naguère remonté et en opposition
quasi tranchée avec tel autre, se retrouve dans le même cercle que
celui-ci, dans un élan de cause commune, contre tel autre formation
jadis plus proche. Aucun cas de figure n’est à écarter a priori. Tout
pourrait se passer, par conséquent, et c’est pour cette raison que la
grande prudence reste de mise au sein de la classe politique
nationale. A moins donc d’un regain de confiance qui redonnerait vie
et espoir aux hommes politiques connus pour leur poids sur l’échiquier
politique national, il faudra s’attendre, en 2016, à d’importants
bouleversements politiques au Bénin, pour des raisons qui sautent à
l’œil et que l’on n’a point besoin d’évoquer.
Sébastien DOSSA