L’ancien ministre de la santé pleure la disparition du président Mathieu Kérékou. Dans le message ci-dessous, il rend hommage à l’illustre disparu. Pour le spécialiste de la transplantation rénale, « le président Kérékou a rejoint la liste très fermée des grands Africains ».
Hommage au Président Kérékou
« Il y a bien longtemps que le Président Kérékou a cessé de prendre part à la vie politique. Muré derrière son silence énigmatique dont il contrôle les contorsions, il est apparu au fil du temps comme l’ancêtre vivant. Une sorte de rempart psychologique contre lequel viennent buter toutes les convulsions sociales et politiques. Avec cet abri antiatomique qu’il a incarné, nous étions à l’abri du pire. Avec son départ, cette certitude s’est fissurée. Le Bénin se trouve plongé dans l’angoisse de l’après. Son long règne n’a pas été une œuvre parfaite. A la suite de la chute du mur de Berlin, il a eu le courage d’affronter l’impasse. La Conférence nationale dont il fut le géniteur fait de lui, le père fondateur de notre démocratie. En rendant souveraines les résolutions à venir de la dite Conférence, il s’opposait à sa propre équipe. Pour éviter toutes réactions incontrôlées, il a désarmé certains et mit d’autres en résidence surveillée. Par ces actes qui ont consolidé notre unité nationale et forgé les conditions d’une paix durable, il a gommé toutes les imperfections de son long règne. Il a créé cette articulation manquante dans beaucoup d’Etats africains qu’on appelle « transition pacifique ». C’est la toile de fond de notre angoisse. Notre tristesse est la traduction de notre reconnaissance pour tout cela. Cet état confirme que le Bénin, en dépit des difficultés du présent, ne perd pas la boussole de l’avenir. Et telle une panthère, le Bénin se retrouvera sur les quatre pattes de son espérance : l’Unité nationale, la paix, pour son développement dans le respect de ses traditions. Oui, Le Bénin vivra !
Les générations futures auront du mal à penser qu’on puisse s’éterniser au pouvoir. Pour asseoir l’idée et la pratique de la transition sur notre continent, il fallait des hommes, des pionniers. Le président Kérékou rejoint la liste très fermée de ces grands Africains. Puisse l’Eternel veiller sur son repos !
Tchala Saré Kessilé