Le parti était presque absent sur certains sujets qui ont défrayé la chronique. Il s’était mis dans une relation coupable et a dû vivre impassiblement durant de longues semaines l’acharnement du gouvernement contre les opérateurs économiques, l’interdiction des marches de protestation contre la révision de la Constitution et l’intimidation des adhérents au mouvement "Mercredi rouge".
Samedi dernier, à défaut de proclamer officiellement son ralliement au mouvement rouge, le Prd a sorti un carton rouge contre projet de révision initié par Yayi Boni. Dans un discours qui marque la rupture avec la posture d’opposant complaisant offerte jusque-là par le parti, le leader des Tchoco-tchoco, Me Adrien Houngbédji a affirmé sa détermination à ne plus s’accoquiner avec un pouvoir aux abois.
« Révision de la Constitution pour quoi faire ? (...) La vérité c’est que le Gouvernement fait mystère de ses intentions réelles. Ils n’ont pas encore dit ce qu’ils veulent réellement. Et ils ne le diront pas, parce qu’ils savent que notre peuple est contre toute forme de révision opportuniste. Carton rouge Messieurs ! Carton rouge. Nous sommes contre un projet de révision qui laisse planer le doute sur les intentions réelles de ses auteurs », avait déclaré Me Adrien Houngbédji. Le parti prend ainsi ses distances avec un régime violateur des libertés publiques qui a pour seule intention aujourd’hui de maintenir en place un système de gestion décrié.
Le Prd a menacé de « changer de braquet » et de ne plus rester passif face aux dérives. C’est un véritable tournant dans lequel s’engagent les Tchoco-tchoco. Aujourd’hui, comme le confient plusieurs observateurs, Houngbédji et ses militants veulent mener une lutte radicale contre le Chef de l’Etat dont les ambitions ne correspondent plus aux aspirations du peuple. En prononçant un discours aussi incisif ce samedi en présence des membres du gouvernement et de certains "dignitaires" du Palais de la Marina, Me Adrien Houngbédji a dénoncé le partenariat qui liait son parti et Yayi Boni . Un tel acte traduit simplement la déception de Me Adrien Houngbédji mais aussi sa détermination à travailler aux côtés des opprimés de la République.
« L’expérience des oiseaux rares a suffisamment montré ses limites. Des débats doivent être engagés à partir de votre Uv (Université de vacances, Ndlr) pour une réforme profonde de notre système partisan, des réformes mieux pensées, des réformes concertées pour donner un nouveau souffle à notre démocratie et nous engager – enfin – sur la voie du développement », a martelé le président Houngbédji. Les couleurs sont donc annoncées : la bataille sera sans merci si le gouvernement s’entête à imposer son lugubre agenda au peuple. Et en rappelant le hold-up électoral opéré par Yayi Boni en 2011 pour se succéder à lui même, Adrien Houngbédji et les militants Prd se montrent prêts à reprendre sous un autre aspect le combat inachevé de 2011 : éviter qu’un groupuscule prenne en otage la démocratie béninoise.