Il sonnait 07H36, ce matin du mardi 20 Septembre 2015. Une brise légère souffle sur Cotonou. La grisaille est encore un peu perceptible, signe que l’orage qui a balayé la ville au lever du jour a laissé des traces. La métropole béninoise affiche encore une ambiance maussade. Circulant au volant d’un véhicule 406, je tourne dans l’une des rues de la zone résidentielle du quartier Zongo, pas loin d’un restaurant huppé de Cotonou. Il y a des flaques d’eau et quelques vigiles, dévisageant les passants, l’air apaisé. J’étais un peu perdu dans mes pensées me demandant encore si ce n’est pas tôt de chercher à rencontrer, surtout à cette heure matinale, l’homme le plus cité et le plus populaire du moment au Bénin. La bâtisse est facilement reconnaissable et conforme aux indications qu’on m’a données. Je m’annonce et tout porte à croire que j’étais attendu, vu l’empressement avec lequel l’agent qui m’a reçu me conduit à l’intérieur de la maison et m’installe dans une pièce. Première surprise. La deuxième ne tarde pas. A peine 2 minutes écoulées, la porte s’ouvre derrière moi et : Ecce homo. C’est Patrice Talon ‘‘himself’’ qui me lance : « Bonjour Cher ami et merci d’être venu jusqu’ici. J’admire votre exactitude. » L’homme est bien mis. Chemise blanche avec manchettes, enfoncée dans un pantalon cendre. Un style taillé sur mesure. L’homme était déjà prêt et n’a sûrement pas voulu me faire attendre. C’est la deuxième surprise La conversation a duré à peu près une heure. Nous avons parlé de tout et de rien mais surtout de politique : sa candidature, les motivations d’une telle initiative, les conditions de son retour au pays et l’avenir du Bénin. A la fin des échanges, il m’a raccompagné jusqu’au portail, a attendu que je monte dans ma voiture avant de retourner dans la maison. Troisième surprise !
Place au décryptage
Pour ce que j’ai vu, et qui est corroboré par plusieurs proches et autres personnes qui sont précédemment entrées en contact avec lui, Talon est un homme affable. Il n’aime pas faire attendre ses hôtes. Un ami m’avait même confié que Talon s’est rendu à un rendez-vous avant lui alors que le magnat du coton devrait l’aider à régler un problème. Il a l’air distant mais dès que vous l’approchez, il se révèle très chaleureux et plein d’humour. Il aime se faire appeler par son prénom, Patrice, et n’est pas dans les obséquiosités du genre, Président, PDG, Monsieur… Mais au-delà de cet aspect extérieur, ce qui frappe chez Patrice TALON, c’est la culture de l’homme. Le niveau de langue est exceptionnel. Il manie aussi correctement le fon que la langue française. Il a une mémoire d’éléphant, donne dans les moindres détails des dates de certains faits et est d’une cohérence remarquable. Il vit ce qu’il dit et vous le communique facilement.
La question de l’argent
Patrice Talon n’est pas homme à placer l’argent comme un déterminant pour la prochaine présidentielle. Il veut être jugé sur la force de ses idées, la justesse et la pertinence de ses propositions à travers son projet de société dont les pans qu’il m’a livrés sont assez séduisants. Cette posture de l’homme se résume en une phrase lâchée lors de notre conversation : « Je n’achèterai pas mes suffrages mais je donnerai les moyens nécessaires pour que ma vision, mes propositions pour un avenir meilleur pour chacun de nous soit connu et su du dernier des Béninois, et dans le dernier hameau de ce pays. » L’argent ou les honneurs ne sont nullement la motivation de sa volonté de briguer le fauteuil présidentiel. « J’ai eu l’occasion de pouvoir m’offrir et encore récemment tout ce que je veux, si j’avais cédé. Vous pouvez ne pas me croire ; mais pour moi, l’égo personnel, les biens matériels et l’argent ne valent rien devant la souffrance de tout un pays et de plusieurs générations », martèle-t-il.
Projet économique prometteur
Et sur le contrat qu’il propose aux Béninois, c’est une rupture mais pas un saut dans le vide. Le candidat à la présidentielle 2016, affiche une parfaite maîtrise de la situation et propose des solutions justes. C’est avec un sourire au coin des lèvres qu’il répond quand on l’accuse d’axer ses réformes sur des questions politiques. « La décadence de la cour entraîne la ruine de l’édifice. L’essor ou le déclin d’une nation n’est-il pas toujours tributaire de la bonne ou mauvaise gouvernance politique ? », justifie-t-il avant d’enchaîner qu’aucune politique économique, si bonne soit-elle, ne peut prospérer si elle ne s’enracine dans un bon socle politique. Mais tenez-vous bien ! Le volet économique du projet de Patrice Talon est ambitieux et dense. « J’ai la foi et je voudrais partager avec mes concitoyens ma conviction que le Sport peut rapporter de l’argent et contribuer de façon sérieuse et durable à la résorption du chômage. Les enseignements primaire et secondaire seront repensés. Je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour en prendre connaissance et vous ne serez pas déçu », ajoute-t-il.
L’homme, une richesse
Les ressources humaines tiennent une place de choix dans son discours. Patrice Talon croit dur comme fer que le Bénin regorge encore d’hommes de qualité, de conviction, prêts à se battre pour redorer l’image du pays. Sans ambages, et avec une sincérité peu contenue, Il dit tendre la main à toutes ces personnes pour ouvrir une aube nouvelle pour le pays. Patrice Talon a même révélé qu’il ira, très prochainement, à la rencontre de ces personnes pour qu’ensemble, ils créent les conditions d’éclosion et d’épanouissement au génie qui dort en chaque Béninois.
Notre entretien m’a dévoilé un homme de conviction, serein, loin du «Tycoon » sans cœur peint et brocardé. Il apparait apaisé et surtout tourné vers l’avenir. Et Patrice Talon l’affirme : « les défis sont énormes. On ne peut penser et construire l’avenir d’une nation en ayant les yeux constamment dans le rétroviseur. D’ailleurs j’ai donné tous les gages nécessaires prouvant que pour moi la page est tournée et que j’ai pardonné avant d’atterrir à Cotonou. » Un message, certainement, à l’endroit de ceux qui traitent sa candidature d’acte de vengeance et qui refusent de voir plus loin ou de laisser leur aigreur de côté.
A la fin de ces échanges, alors que je suis à nouveau seul dans ma voiture, les mots résonnent encore dans ma tête. C’est comme si l’ombre de l’homme d’affaires est présente dans le véhicule près de moi. Et une idée résume ce que j’ai vécu ce matin là. Patrice Talon a déjà la tête dans les joutes présidentielles. Les Béninoises et les Béninois auront l’occasion de découvrir, dans les prochaines semaines, un homme exceptionnel, aux antipodes de tout ce qu’on en dit. Ils découvriront surtout un homme qui comprend parfaitement l’importance de la fonction présidentielle, un passionné pour son pays et qui veut partir de ce monde avec ses illusions intactes après avoir démontré que le Bénin peut se développer vivre mieux, car les idées existent et qu’il a les fils pour cet objectif.
Martin CHEDE