La tension était vive pendant toute la journée d’hier à Glazoué et à Dassa, deux communes mitoyennes du département des Collines. A l’origine, les gendarmes auraient tiré à bout portant sur un jeune élève en classe de terminale et auraient criblé de balles huit individus dont deux élèves plongés dans un coma profond. Selon les recoupements, les gendarmes n’ont pu contenir le soulèvement populaire né de l’interpellation de quatorze chasseurs suite à un soi-transmis du procureur de la République près le tribunal de première instance, de deuxième classe d’Abomey, le magistrat Christian Adjakas. En effet, c’est lors d’une enquête devant aboutir à l’arrestation d’un peulh soupçonné d’avoir égorgé un homme il y a quatre mois et de chasseurs suspectés d’avoir tué des bœufs, que des gendarmes ont procédé à des interpellations à Kèrè dans la commune de Dassa et à Gomé dans la commune de Glazoué. Des interpellations qui, aux yeux des populations ne reflètent guère la réalité des faits. C’est pourquoi, ces dernières ont barricadé le tronçon Dassa-Glazoué et appelé au secours le chef de l’Etat. La descente musclée hier des gendarmes n’a donc pas émoussé leur ardeur. Bien au contraire. Car, de sources concordantes, les manifestants ont commencé par poser des actes d’incivisme quand un gendarme a fait usage de son arme en lieu et place du gaz lacrymogène ou de la grenade. Résultat : un élève en classe de terminale est mort sur le champ, son frère âgé de douze ans et en classe de troisième et un autre élève en classe de troisième sont sérieusement blessés par balles. Six autres parents d’élèves sont aussi atteints par balles. De sources dignes de foi, c’est dans cette situation confuse qu’un chasseur très remonté se serait saisi de son fusil de fabrication artisanale pour tirer dans la direction des gendarmes. Toujours selon les mêmes sources d’information, un gendarme aurait reçu plusieurs billes d’une cartouche de calibre douze et serait aussitôt évacué à l’hôpital de zone de Dassa où tout comme les autres blessés, ils suivent des soins intensifs. Par ailleurs, les négociations sont en cours pour une évacuation des deux élèves plongés dans le coma soit au Centre hospitalier départemental d’Abomey ou au Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou. Cette bavure militaire vient une fois encore poser le problème de maintien de l’ordre public par des gendarmes et surtout le manque de professionnalisme et de patience de certains agents.
Adrien TCHOMAKOU