Jean-Baptiste Satchivi est un patron heureux. PDG du groupe Agrisatch, il est candidat à la présidence de la CCIB afin de partager les 25 années de son expérience avec les opérateurs économiques du Bénin. Dans cet entretien, il évoque les défis de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin, à quelques jours des élections consulaires. Plus que jamais déterminé à redorer le blason de l’institution, l’homme se livre à nous et dresse ici les grandes lignes de la passion qui l’habite pour la Chambre et le développement de l’entreprise béninoise.
SATCHIVI ! Voici un nom qui n’est pas inconnu dans le monde des affaires au Bénin alors que vous avez la réputation d’être un homme discret. Certes notoriété et discrétion ne sont peut-être pas incompatibles, mais qui êtes-vous en réalité Monsieur Jean Baptiste SATCHIVI ?
Voilà une question simple en apparence, mais en réalité difficile car il n’est pas aise de parler de soi ? Je suis comme chacun de nous, un citoyen béninois qui œuvre chaque jour pour contribuer, à son échelle, au développement de son pays. Je suis un militant économique !
S’agissant de la notoriété de mes affaires, c’est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs à savoir une volonté déterminée de réussir ce que j’entreprends et donc la nécessité de travailler dur ; un environnement qui me soutient fortement, ce qui est une chance ; enfin des collaborateurs qui adhèrent aux défis dans lesquels je m’engage.
Quant à ma discrétion personnelle, pourquoi claironner qui on est ? Cela fait partie de ma nature et de mes valeurs. Mon éducation et mon parcours personnel ne sont pas non plus étrangers à cela. Ceux qui vous connaissent et vos collaborateurs vous disent toujours a l’affût et en quête d’efficacité et du meilleur. Quel est votre secret ?
Je reconnais bien là mes collaborateurs, « mes gars » comme je les appelle. J’ai appris durant plus de 25 années de management que le vrai leader est celui qui sait mobiliser ses équipes pour des défis sans cesse renouvelés. Oui, j’aime les défis, incontestablement, car c’est cela qui permet de générer les énergies nécessaires à tout progrès. Dès lors, la curiosité est un moteur qui permet d’aller toujours plus loin, plus haut, plus fort et de repousser les limites. Ma vie tout entière est faite de défis et cela donne du sens à chacune de mes journées et de mes actions. Quant à la qualité, oui, je n’aime ni la médiocrité ni l’approximation. Bien faire ce que l’on a choisi de faire est la devise que je partage avec tous mes collaborateurs, tous habitués à mes exigences de performances. C’est cela l’expression de mon leadership qui me conduit à transformer ma volonté d’entreprendre, ma détermination au travail et ma volonté d’aller toujours plus loin dans des projets ambitieux, porté par mes équipes pour des réussites communes. J’avoue être constamment animé d’une volonté sans faille de réussir tout ce que j’entreprends.
Votre parcours dans l’agroalimentaire est une histoire originale que vous tenez jalousement secrète alors qu’elle est exemplaire de votre ténacité et de votre ardeur au travail. Peut-on en savoir un peu plus ?
Décidément, vous vous êtes bien renseigné ! Oui, j’étais promis, de par mes études universitaires d’économie et de commerce international, à une carrière internationale, notamment en diplomatie.
J’ai eu l’opportunité de tester l’agroalimentaire au niveau le plus simple, c’est-à-dire la vente de poissons surgelés entre le Bénin et le Togo à bord de mon seul camion frigorifique d’alors. Cela m’a séduit et j’ai persévéré. Et comme je suis curieux et que j’aime les défis, j’ai osé encore et encore. Le travail aidant, mes entreprises font aujourd’hui partie des leaders du domaine. Voilà mon histoire, simple comme celle de bien d’autres entrepreneurs qui aiment leur entreprise et qui travaillent pour les faire prospérer.
Laissez-moi rappeler, en guise d’hommages, que tout cela n’a été et ne reste possible qu’avec l’appui d’une famille compréhensive, soutien de tous les instants qui me fait confiance. Je rends ici un hommage appuyé à Madame Gilberta AGUIAR SATCHIVI, mon épouse, dont l’action quotidienne et la présence à mes côtés ont contribué a construire l’efficacité de mon parcours. Naturellement la confiance de mes partenaires, et des collaborateurs fortement impliqués ont permis les résultats de mes défis d’entrepreneur et d’industriel.
En fait vous connaissez tous les rouages de votre métier et du monde des affaires, notamment du monde industriel et commercial. Quelle vision cela vous permet-il d’avoir pour la CCIB, cette importante institution économique du Bénin ?
J’ai eu en effet la chance de connaître les aspects essentiels des métiers qui composent mon holding pour en avoir exercé la quasi-totalité : la production, la vente, le management, la gestion… Je sais donc ce que veut dire entreprendre. Je connais le monde des affaires par le concret. Je connais les exigences et les défis des managers par le concret. Je connais les rigueurs des gestionnaires par la pratique quotidienne. Industriel, je le suis autant que commercial. Dès lors je sais combien précieuse est la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin pour les acteurs économiques du pays. Jeune entrepreneur, j’ai été membre actif de la Jeune Chambre Internationale de Cotonou et Membre fondateur de l’OLM Océan de la Jeune Chambre Internationale. Plus tard, j’ai eu l’opportunité d’être associé à plusieurs projets et chantiers décisifs pour la Chambre du Commerce et au Patronat où j’ai assuré la charge de Vice Président. Cette implication militante m’a donné l’occasion de connaître les deux institutions de l’intérieur, de travailler avec les entreprises, d’écouter leurs besoins et d’accompagner leur développement. Alors, en additionnant mon expérience d’industriel et ses exigences et ma connaissance intime des missions de la Chambre, je peux dire qu’il s’agit là de l’outil le plus stratégique pour le développement économique de notre pays.
Seriez-vous prêt à vous engager dans un projet qui profilerait la CCIB pleinement dans le 21ème siècle ?
Incontestablement oui. Je l’étais hier, je le suis aujourd’hui ! Les enjeux d’un monde ouvert exigent une Chambre fortement outillée pour faire face aux défis du 21ème siècle. Prenez par exemple l’exportation de nos produits pour lesquels nous avons tant d’atouts à faire valoir. Mais cela n’est pas possible sans une politique résolument tournée vers la qualité de nos produits et services : les normes et standards internationaux sont intraitables à cet égard ; les adopter fait partie d’une stratégie durable de développement ; et notre économie est en concurrence avec les autres dans un monde globalisé.
Le dialogue entre le public et le privé est une absolue nécessité ; et le gain pour nos entreprises sera considérable en termes d’efficience notamment par le réaménagement nécessaire de la fiscalité des entreprises. D’autres points importants existent que je déclinerai dans ma profession de foi. Car notre Chambre doit être active et efficace partout où nos produits et services ont besoin de débouchés.
Alors quels sont les défis qui vous paraissent pouvoir donner cet élan à la CCIB ?
En voici quelques-uns : l’amélioration de la performance organisationnelle de nos entreprises ; la valorisation des ressources humaines au service du développement de nos investissements ; la consolidation du patrimoine immobilier, mobilier et intellectuel de la Chambre ; le développement du partenariat avec les universités et les chercheurs ; la mise en place d’outils de financements adaptés aux PME et PMI…
Le développement du partenariat soutenable avec l’international ; la généralisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour tout type d’entreprise…, et d’autres encore. Vous voyez, il y a des enjeux passionnants pour la CCIB et ce sont des défis à notre portée, car je crois dans le génie créateur et entrepreneurial des Béninois.
L’on dit que le blason de la Chambre est terni et certains cherchent un messie. Seriez-vous celui-ci ?
Oh certainement pas ! Et puis ai-je l’âme d’un messie ? La Chambre n’a jamais eu besoin et n’a pas besoin de messie. Elle a besoin de défis qui la poussent à des performances toujours plus grandes. J’ai simplement envie de servir mes pairs entrepreneurs et industriels en mettant à leur disposition mon énergie, mes passions d’entrepreneur engagé dans le développement, ma passion pour le monde des affaires, mon goût des défis et ma conviction que nous devons gagner dans un monde ouvert où notre place doit être pleinement tenue pour assurer les retombées positives à notre économie.
Quelles seraient les orientations majeures que vous impulseriez si vous étiez choisi par vos pairs pour diriger la CCIB ?
Les plus urgentes sont celles que j’ai évoquées plus haut. Mais elles ne sont que les premières pierres d’un édifice plus grand qui est l’affaire d’une équipe. Ces premières orientations devront être partagées et enrichies par l’équipe d’animation avec laquelle je travaillerai avec engagement et responsabilité. C’est pour cela que je sollicite le suffrage de mes pairs du commerce, de l’industrie et des services.
Nos opérateurs économiques peinent souvent à l’export. Vous qui travaillez beaucoup avec l’international, comment pouvez-vous accompagner nos entreprises pour qu’elles soient performantes, attractives et efficaces sur les marchés étrangers ?
C’est un chantier prioritaire qui sera ouvert aussitôt l’équipe mise en place. Nos entreprises doivent prendre de plus en plus de place à l’international ; mais ceci n’est possible qu’à la condition de proposer des produits et services de qualité qui nous placent parmi les meilleurs. Nous remplirons ces conditions et, naturellement, le marché international sera plus aisé à conquérir. Il s’agit d’un enjeu stratégique majeur. Ensemble nous pouvons le faire !
Quel message avez-vous à l’adresse des opérateurs économiques qui doivent choisir la prochaine équipe devant dynamiser et moderniser la CCIB ?
Je leur demande de choisir le défi, la performance et la qualité au service de nos entreprises et de notre développement. Je leur dis de faire le choix de l’efficacité pour faire prospérer nos entreprises pour l’émergence économique de notre pays.