Depuis hier mardi 17 septembre, le Campus numérique de l’Agence universitaire de la Francophonie assure la formation de 25 acteurs à divers niveaux, sur des notions relatives à la cybercriminalité. Pendant trois jours, ils seront entretenus sur les infractions informatiques, ainsi que les moyens de protection, afin de constituer dans leur cadre de vie et de travail, une barrière contre le e-crime.
Par Josué F MEHOUENOU
Face à l’ampleur grandissant du phénomène de la cybercriminalité, avec des répercussions négatives sur tous les pans de la vie active, il urge de se donner la main, d’outiller et de sensibiliser pour endiguer ce mal, ou à défaut, réduire ses influences négatives.
C’est l’objectif essentiel du séminaire qu’organise le Campus numérique de la Francophone de Cotonou depuis hier. En tant qu’institution militant dans le sens de l’utilisation positive des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), l'agence outille pendant trois jours, les journalistes, acteurs de la justice et des Forces de sécurité et de défense.
« L’ampleur de la cybercriminalité incite chacun à prendre des mesures préventives pour préserver son patrimoine informationnel et sa vie privée», selon le directeur du Campus numérique de l’Agence universitaire de la Francophonie, Abdoulaye Salifou. Mais au-delà des mesures individuelles, l’heure est désormais aux actions concertées pour agir contre les crimes informatiques dont les conséquences se font de plus en plus sentir, non seulement, sur les individus, mais aussi sur le développement des nations.
C’est fort de cela, que le thème retenu pour cette formation est «la cybercriminalité : nouvelles menaces pour la vie privée, les entreprises, les banques et les administrations».
Pour ce faire, les participants renforceront leurs capacités par trois formateurs avertis des questions de cybercriminalité. Il s’agit des docteurs Abdoulaye Salifou, Arnaud Houédjissin (enseignant chercheur) et Léon Djossè (enseignant et juriste).
Un tel thème, ainsi que la participation d’acteurs des médias à cette formation, est un pas qualitatif pour aider la presse à prendre fait et cause pour le combat contre ce fléau devenu très ambiant, analyse le président de l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPBM), Franck Kpotchémè.
« Le cybercrime est très difficile à cerner », selon lui et il devient dès lors impératif pour les journalistes, au regard de leur mission, d’être au cœur de toutes les initiatives visant à définir des stratégies.
D’ailleurs, à la fin des trois jours de formation, «les participants seront capables de disposer des repères nécessaires pour évaluer, anticiper la fraude informatique au Bénin et dans le monde, connaître les mécanismes juridiques de lutte contre la cybercriminalité et de se familiariser avec un large éventail d’infractions aux systèmes de traitement automatisé des données», annonce Abdoulaye Salifou.
De tels objectifs réjouissent déjà le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Cyrille Djikui qui y voit, un pas vers une meilleure connaissance des infractions liées à l’informatique. Cette connaissance semble d’ailleurs très importante, pour éviter les «procès faciles».
De son côté, le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, Brice Sinsin, propose des actions dans le temps, annonçant pour bientôt, la création d’un institut des sciences informatiques.
«L’Internet est devenu le terrain de prédilection des cybercriminels et a multiplié les possibilités de commettre des crimes», regrette le directeur de cabinet du ministère de la Communication, des Technologies de l’Information et de la Communication (MCTIC), Serge Wilfried Martin. Malgré cela, le Bénin « doit faire face à ce défi technologique» et éviter de devenir une base arrière pour les cyberdélinquants, propose-t-il.
Des chiffres qui interpellent
L’ingéniosité des cybercriminels est de notoriété publique aujourd’hui, et le Bénin comme de nombreux pays n’y échappe pas. Plusieurs édifices publics comme la Place de l’Etoile rouge et la présidence de la République auraient été même vendus, fait savoir le directeur de cabinet du MCTIC, Serge Wilfried Martin. Mais ceci est loin d’égaler les chiffres annoncés par le directeur du Campus numérique de l’Agence universitaire de la Francophonie.
Selon lui, le site de l’Elysée a été attaqué en 2012 et 45 millions de dollars ont été volés aux banques américaines et des Emirats arabes Unis. «L’Observatoire de la sécurité des cartes bancaires évalue le préjudice à plus de 413 millions d’Euros en 2011 en France, soit plus de 12% par rapport à l’année 2010», confie-t-il.
Aussi, plus de 2% des ménages français ont déclaré avoir été victimes d’au moins un débit frauduleux sur leur compte bancaire en 2011, soit 650 000 ménages. De manière générale dans le monde, en 2011, conclut-il, «les coûts induits directement par la cybercriminalité, ciblant majoritairement les particuliers, s’élèvent à 110 milliards de dollars»....