Devenue un feuilleton depuis quelques jours, l'affaire ''perquisition du palais du roi Signon'' continue de nous livrer de nouveaux épisodes. Après le cri de cœur de la tête couronnée victime de la perquisition, et les excuses du gouvernement par la voix d'une délégation qui s'est rendue au palais royal, le bureau du haut conseil des rois du Bénin (Hcrb) donne de la voix. Le présent dossier vous propose un bref rappel des faits et leurs évolution, les analyses d'un sociologue sur la question, la réaction du Hcrb et la physionomie que présente actuel le palais du roi Signon.
Une délégation du haut conseil des rois du Bénin (Hcrb) s'est rendue ce jeudi 14 février 2013 au palais du roi Signon, dans la vallée de l'Ouémé pour se rendre à l'évidence des faits 15 jours après la perquisition de ce lieu sacré par les forces de l'ordre. Après avoir écouté leur hôte sur la tragédie qu'a connu son palais il y a quelques jours, le bureau du Hcrb a exigé du gouvernement non seulement une explication officielle sur cette perquisition hors-norme et la réparation du tort causé à toute la cour royale.
Conduite en personne par son président, sa majesté Kpodégbé Toyi Djigla roi d'Allada, la délégation du Hcrb était composée d'une dizaine des gardiens de la tradition dont, le secrétaire général Gangourou Souambou, roi de Kika( Borgou), l'organisateur en chef, Yétokandji, roi d'Agonlin ; Olota, roi de Kpomassè, Yéwa Adjiwatonou, Kpédo III roi de Kinto et des Houézènou dans la commune de So-Ava, sa majesté Odoudoua du Bénin, sa majesté Houéton Ahoumbè, roi de Kraké , sa majesté Kinidégbé, roi de Torri- Bossito, sa majesté Aglimassè, roi de Kpanhouingnan et sa majesté Dah Zounon de Soklogbo , roi de Dassa. Une horde de têtes couronnées allée soutenir un des leurs, le roi Signon dans cette douloureuse situation suite à l'évènement du mercredi 30 janvier dernier. Après un tour de fourmi au sein du palais, la délégation a unanimement dénoncé ce qu'elle appelle la profanation du lieu sacré par des intrus. Pour sa majesté Gangourou Souambou, roi de Kika et secrétaire général du haut conseil des rois du Bénin, cela n'arrive pas qu'aux autres et il urge de condamner fermement cet acte de nature à fouler aux pieds la tradition. A cet effet, les rois ont tour à tour insisté dans leurs interventions, sur le respect de la tradition, le respect aux rois avant de marteler que les règles de la démocratie ne doivent en aucun cas concourir à l'anarchie. Pour le moment, les rois restent campés sur leur position tant que le gouvernement ne réparera le tort causé à toute la population de la vallée en particulier et aux Béninois en général.
Charles Honvoh
· Etat des lieux au palais du roi Signon
Dans la commune d'Adjohoun, à environ trois kilomètres du goudron, à la limite de la voie pavée, se trouve le palais du Roi central de la vallée. On y retrouve des maisons blotties telles une agglomération, dans une clôture qui porte l'inscription " palais du Roi central de la vallée ". A l'entrée du palais se dresse un tableau sur le quel on peut lire quelques leçons de morale. Près du portail vert qui attire l'attention des visiteurs du palais, à gauche, un bâtiment à quatre portes et à droite, une salle d'accueil du Roi bien meublée. A l'extrême gauche une chambre du Roi ; près d'elle est érigées une salle d'accueil et une salle d'audience où les sentences sont prononcées par la cour royale.
La perquisition qu'à connu ce lieu tout sacré n'a occulté aucun de ces compartiments. Des portes et fenêtres défoncées, des lits renversés, des véhicules sabotés, mêmes des objets précieux du roi ont été dérangés. Les traces sont encore perceptibles même si les portes des salles les plus importantes du palais ont été réaménagées dès le lendemain de la perquisition. A écouter le Roi Signon, ses ministres, et quelques membres de la famille on sent bien que l'émotion est encore dans les cœurs. Ailleurs et plus précisément dans le rang des cohabitants du palais, ce n'est pas encore la grande assurance. En un mot, c'est encore la consternation au palais du roi Signon quinze jours après le passage des hommes en uniforme. La reine de la cour évoque une humiliation de sa majesté et en veut pour preuve une scène vécue par notre équipe de reportage.
A l'arrivée du moindre visiteur, les voisins du palais royal ruent vers le palais dans l'espoir d'apprendre du nouveau dans le dossier. Et le roi Signon ne pouvait s'empêcher à chaque fois de se porter vers ces curieux à qui il lançait à chaque fois un message d'apaisement. " Mes fils, mes filles, ne vous en faites pas la situation est sous contrôle " Les habitués de ce lieu notent quand même que l'ambiance originelle du palais est bien loin de revenir, ou du moins de si tôt.