Alors que les autorités béninoises tentent vaille que vaille de présenter Patrice Talon comme un vulgaire délinquant, elles ont du mal à en apporter les preuves. Le roi de la Marina et sa clique n’arrivent toujours pas à convaincre la justice française des accusations soulevées contre leur ennemi N°1. Une fois encore, la Cour d’Appel de Paris a montré que le dossier d’accusation ne permet pas de donner une suite favorable à la demande d’extradition de l’homme d’affaires. C’est ce que révèle sa décision d’hier 18 septembre. Elle a renvoyé le procès au 23 octobre 2013.
Patrice Talon ne sera pas extradé. En tout cas, son extradition n’est pas à l’ordre du jour. Au regard des éléments présentés par l’accusation pour demander son extradition avec en toile de fond un dossier d’accusation d’empoisonnement et de tentative de renversement du chef de l’Etat Yayi Boni qui peine à convaincre l’opinion, la justice française ne s’est pas encore prononcée à propos. Il va falloir attendre le 23 octobre prochain pour voir la Cour d’Appel de Paris statuer. En attendant, la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Paris continue d’examiner avec minutie la requête des autorités de Cotonou. Et les mois passent. A mi-avril 2013, le 17 plus précisément, on annonçait que le procès allait avoir lieu, et le jour J, on renvoie l’exercice au 22 mai 2013. Arrivée à échéance, la justice française constate que les pièces fournies par l’accusation ne sont pas suffisantes et exige qu’elle présente de nouveaux documents sous un délai de trois mois. On s’attendait à vivre le procès hier 18 septembre, comme annoncé à l’audience du 22 mai. Mais ce n’était pas le dernier renvoi. On attendra encore jusqu’au 23 octobre pour être fixé. D’un report à un autre, les autorités béninoises ont sans doute perdu le moral. Ce nouvel renvoi décidé par la Cour d’Appel de Paris sera-t-il le tout dernier ? C’est la question qui taraude les esprits. Les renvois successifs sont sans doute l’expression d’une justice qui cherche à faire toute la lumière sur ces affaires. Seulement, on se rend compte qu’en réponse aux mesures d’instruction de la Cour d’Appel de Paris, l’accusation manque de spontanéité dans la transmission des pièces. « Le procès a été renvoyé parce que les nouvelles pièces ajoutées tardivement au dossier par l’accusation doivent être étudiées par le tribunal et la défense », a indiqué un proche de Talon, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique. C’est d’ailleurs l’opinion qui se dégage dans le milieu judiciaire. Pour Me Joseph Djogbénou qui s’est confié au quotidien Le Matinal, c’est que l’Etat béninois a mis du temps pour déposer des documents à la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Paris qui va devoir recueillir des observations. En clair, en raison du retard observé par l’accusation pour transmettre les documents portant sur les griefs d’empoisonnement et de tentative de renversement du chef de l’Etat Yayi Boni qu’elle met à la charge de l’accusé, la justice française se voit obliger de tenir compte des nouveaux éléments apportés.
Doute renforcé…
Pour le moment, le secret de l’instruction ne permet pas d’avancer quoi que ce soit. Mais Patrice Talon ne sera pas extradé au Bénin. En tout cas, pas pour le moment. Le juge en charge du dossier décidera en toute souveraineté après avoir examiné les pièces. En attendant, les accusations contre Patrice Talon continuent de susciter le doute, puisque devant la justice française la pertinence et l’irréfutabilité des arguments présentés ne sont pas encore établies. Pour un dossier aussi sensible, il ne devrait souffrir d’aucune preuve. Or, on se rend compte qu’en demandant des compléments de pièces à l’accusation, cela est illustratif des insuffisances contenues dans le dossier. Après le non-lieu général du juge du 6ème cabinet d’instruction du Tribunal de première instance et de première classe de Cotonou et la confirmation de la Cour d’Appel de la même ville, ce doute est plus que jamais renforcé, malgré les démonstrations des autorités béninoises pour coincer l’homme d’affaires. Rappelons que le polar mal inspiré est créé en octobre 2012. Patrice Talon est poursuivi pour avoir voulu empoisonner Yayi Boni avec la complicité de la gouvernante et du médecin personnel du roi de la Marina. On en était là, quand le même homme est soupçonné de vouloir renverser le gouvernement avec la complicité du colonel Pamphile Zomahoun, et d’un proche parent de l’homme d’affaires. Même visé par un mandat d’arrêt international, Patrice Talon ne doit pas être remis à un Etat qui viole les droits et les libertés.