En toute expression
27 Octobre 2015
Afrique : la démocratie toujours à la peine
Share on facebookShare on twitterShare on emailShare on printMore Sharing Services0
De Conakry à Brazzaville en passant par Kinshasa, etc., l’Afrique
continue de se chercher, soumise à des secousses sociales et
politiques telles qu’aucun Etat, du nord au sud et de l’est à l’ouest,
ne puisse prétendre se trouver réellement à l’abri des conséquences
découlant des agissements de sa classe politique ; celle-ci ayant pour
caractéristique, à l’échelle continentale, de faire des peuples ses
otages et de les gouverner au gré de ses caprices. La classe politique
africaine a mis à genou le continent, de sorte que l’Afrique se meuve
constamment dans une situation dont nul ne peut prévoir l’issue sans
risques de se tromper ; n’en déplaise au point de vue optimiste qui
prédit le meilleur pour elle, en la qualifiant de « continent d’avenir
». Mais quel avenir heureux peut-on raisonnablement prévoir pour un
continent où la modification des Constitutions devient la chose la
mieux partagée des chefs d’Etat en fin de mandat ? De quel « demain »
peut-on se risquer à parler en effet, pour un continent qui donne
l’impression de se plaire à patiner, comme si elle avait fait
résolument l’option des comportements anti-développements et se
refusait à trouver les moyens d’évoluer, dans un monde où d’autres ont
choisi de faire des questions de développement leur leitmotiv ? Un
regard synoptique permet de se rendre compte du pire que la classe
politique, dans chacun des Etats africains, prépare pour ce « demain »
que d’aucuns voient et espèrent en or, mais que les exactions et
autres dérives multiples dont se rendent coupables les hommes
politiques empêchent de cerner les contours ? Quel avenir peut-on
prétendre envisager pour des Etats où le non-respect des Constitutions
est la règle, pendant que leur respect constitue l’exception ? Comment
penser que l’Afrique de demain sera meilleure que celle d’aujourd’hui
au moment où la dictature, sur fond de fraude électorale, a droit de
cité et gagne du terrain à une telle allure qu’elle atteint un nombre
sans cesse croissant d’Etats ? Que dire de ces pseudo-démocrates qui,
hier, luttaient pour l’implantation de l’Etat de droit dans leurs pays
et qui, aujourd’hui, se comportent tels de cyniques amnésiques en se
muant en de véritables prédateurs des libertés publiques, une fois les
rênes du pouvoir dans leurs mains ? Affameurs des peuples, dangers
permanents pour les pays, pis que les dictateurs qu’ils critiquaient,
cupides et corrompus jusqu’à la moelle, etc. Tels sont les
qualificatifs qu’ils méritent. Voilà ce que sont devenus les apôtres
du changement qui, hier, rabâchaient à l’oreille de leurs peuples des
litanies de mots mielleux. Après avoir promis le meilleur, ils
naviguent à vue et donnent dans le cafouillage absolu. Et les citoyens
payent un lourd tribut à la dictature enrobée d’un simulacre de
démocratie, tombant régulièrement sous les balles assassines des
forces acquises à la cause des sinistres potentats. La démocratie,
décidément en Afrique, reste à la peine.
Sébastien DOSSA