Au fur et à mesure que l’on s’approche de la période fatidique de l’élection présidentielle de février 2016, on se rend compte de la difficulté des partis et alliances de partis soutenant le Chef de l’Etat à se mettre ensemble. Au vœu de grand rassemblement voulu par Boni Yayi pour cette échéance, les «siens» s’en éloignent chaque jour que Dieu fait.
La troupe «Fcbe et alliés» échappe de plus en plus à Boni Yayi. Elle refuse de s’aligner sur les dernières volontés affichées par le chef de file lors de la rencontre du lundi 12 octobre 2015 au palais des congrès à Cotonou. Une rencontre de grandes retrouvailles de l’ensemble de la famille qui n’a pu se concrétiser. Certains caciques «déserteurs» comme Sacca Lafia ont opposé un refus catégorique à l’appel de Yayi. D’autres ont voulu pousser leurs curiosités à écouter le discours du «laboureur et ses enfants» et se faire leur propre idée. Et visiblement, le discours d’adieu de Yayi n’est pas passé. En ce sens que Aké Natondé n’a pas renoncé à ses ambitions présidentielles. François Abiola non plus. Peut-être qu’ils se croient le prochain roi qui est parmi les Fcbe et alliés pour 2016. Que dire de la candidature de Chabi Sika Karimou ! Elle est plus que jamais maintenue. Voire un défi au choix que ferait Yayi et ses alliés. Puisque l’honorable Chabi Sika dit ne plus se compter parmi cette famille politique. Les propos de l’ancien député «vert» lors de son déplacement, samedi dernier à Diho, en disent long. «Je ne suis pas encore en campagne. Mais elle aura lieu la campagne et sera inédite et rude (…) Ma candidature est irréversible», a confirmé Chabi Sika.
Des équations difficiles à résoudre
L’autre son qui ne sera certainement pas bon à entendre par Yayi est celui lancé par son ancien ministre de la culture, actuellement député Fcbe, Jean Michel Abimbola à l’occasion du congrès du parti du Rassemblement national pour la démocratie (Rnd) samedi dernier au palais des congrès à Cotonou, même lieu qu’a eu lieu la rencontre de Yayi avec les «siens». Le président du Rnd a tenu un discours de rupture et de refus de soumission vis-à-vis de sa famille politique. «Les partis politiques de l’Alliance Fcbe attendent de voir, tels des fidèles à genoux à la place Saint Pierre, la fumée blanche sortir du conclave des cardinaux, pour s’exclamer Habemus candidatum (…) Comment demander à 80 partis politiques et à 200 mouvements, sans réflexions et sans débats, de suivre comme des moutons de panurge, des leaders qui eux-mêmes se perdent en conjectures et se demandent ; où est le chemin ? Quelle direction prendre, quelle route choisir ? (…) Depuis 2006, l’histoire de notre groupe politique, l’histoire du Changement et de la Refondation est parsemée d’ostracisme, d’exclusion de leaders, de chefs de partis politiques, de personnalités qui ont osé poser des questions «dérangeantes». Où sont les premiers compagnons du Changement ? Où sont les soldats du Changement et de la Refondation ? Pourquoi faut-il que la révolution finisse toujours par dévorer ses propres enfants ? (…) Nous pensons que nous devons dresser le bilan des deux quinquennats du Président Yayi Boni afin d’en tirer les conclusions pour l’avenir. Pourquoi n’aurions-nous pas collectivement et n’aurais-je pas moi comme chef de parti politique le droit d’inventaire ? N’est-ce pas cela l’attitude de la raison ? N’est-ce pas cela l’esprit critique et l’esprit de progrès ? (…) En 2016, la victoire sera trans-partisane. Je le répète elle sera trans-partisane. Elle ne sera ni la victoire de la mouvance, ni celle de l’opposition, mais le fruit d’une recomposition politique». Dans le communiqué final du congrès, le Rnd «opte pour le rassemblement et affirme sa disponibilité à œuvrer avec tous ceux qui croient aux valeurs républicaines. Le Rnd apportera son soutien à une candidature sur la base d’une vision partagée et d’un projet de société répondant aux aspirations du peuple». Pendant ce temps, les défections des Fcbe s’enregistrent sur le terrain. Samedi dernier, d’importants militants et responsables des Fcbe de la commune d’Aplahoué ont quitté le navire Fcbe pour le candidat Talon. En termes de rassemblement autour du «roi», Yayi aura donc fort à faire.
Jean-Marie Sèdolo