La cérémonie d’ouverture de la deuxième session ordinaire 2015 de l’Assemblée nationale a eu lieu ce jeudi 29 octobre 2015, conformément à l’article 4 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui dispose que cette session désignée comme la session budgétaire, doit s’ouvrir au cours de la deuxième quinzaine du mois d’octobre 2015. Et comme de coutume, l’ouverture de cette session a été marquée par le discours du président du Parlement. A l’occasion, Me Adrien Houngbédji a rendu un vibrant hommage à feu Mathieu Kérékou, ancien président de la République du Bénin devant les représentants des institutions de la République, ceux du corps diplomatique, du haut commandement militaire et de nombreux invités de marque. A l’endroit de l’illustre disparu, le président Adrien Houngbédji a, en effet, déclaré: « …Ce qui nous rassemble ici ce matin, c’est en effet, et à divers titres, l’Etat ; la passion de le servir. Et puisqu’il s’agit du service de l’Etat, comment pourrions-nous, en cette solennelle occasion, et sans vouloir anticiper sur les justes hommages qui lui seront rendus par la Nation, comment pourrions-nous ne pas évoquer et saluer la mémoire de celui qui, 30 années durant, en fut la figure emblématique et le plus grand serviteur.
La disparition du Président Mathieu KEREKOU est celle d’un grand homme d’Etat, dans la pleine acception du terme ; et les témoignages qui affluent des quatre coins du monde, nous confortent à ce sujet. Depuis l’annonce de cette disparition et pour les besoins de ce discours, je le confesse, j’ai cherché dans plusieurs ouvrages philosophiques ou politiques, récents et anciens, ce qui pourrait être la meilleure définition d’un grand homme d’Etat, et quelles en sont les plus célèbres illustrations. De cette recherche, j’ai retenu trois traits essentiels. J’en ai d’abord retenu que seuls accèdent à cette dimension, ceux qui empruntent la route que l’Histoire du monde trace sous leurs yeux, tout en sachant que l’Histoire est tragique.
J’en ai retenu encore, que seuls accèdent à cette dimension, ceux qui ont su s’adapter aux circonstances, en s’élevant au-dessus des contingences, au risque que leurs décisions les conduisent à leur propre perte. J’en ai retenu enfin, que seuls accèdent à cette dimension, ceux qui ont su s’élever au dessus de leurs intérêts personnels avec un sens aigüe du bien commun. Du 26 octobre 1972 aux 24 et 25 février 1990, proclamation de la souveraineté de la Conférence Nationale, et du 24 mars1991 au 6 avril 2006, putschiste d’abord, marxiste léniniste ensuite, et enfin démocrate libéral, ni ange ni démon, le Général Mathieu KEREKOU est assurément le plus grand homme d’Etat du Bénin post colonial. Le reconnaître et le dire n’effacent en rien les erreurs qui furent commises. Le reconnaître et le dire ne discréditent en rien les combats légitimes qui furent menés, en son temps, contre un régime d’oppression.
Bien au contraire, la repentance de l’un et sa conversion à l’Etat de droit, et l’aptitude des autres à tourner la page, pour construire ensemble le Pays, constituent sans nul doute, le ferment de cette démocratie apaisée et de cette stabilité, dont le Bénin reste le modèle, 25 ans après la Conférence Nationale. Je vous invite respectueusement à vous lever pour une minute de silence à la mémoire du Général Mathieu KEREKOU. J’associe à cette démarche du souvenir, nos compatriotes qui ont perdu la vie en Arabie Saoudite au cours du Hadj 2015… »
Plaidoyer pour la paix lors des prochaines échéances électorales de février 2016
Par ailleurs, le président de l’Assemblée nationale n’a pas occulté l’épineuse question des présidentielles de février 2016 et a invité les différents acteurs appelés à jouer un rôle ou un autre pour cette échéance électorale à œuvrer pour la paix. « … La présente session ordinaire s’ouvre en effet, à un moment sensible de la vie politique nationale, caractérisée par une campagne précoce et sans précédant, à plus de quatre (04) mois de l’échéance. Le 28 février 2016, les Béninois seront appelés aux urnes pour élire à bonne date et dans la transparence, je l’espère, un nouveau Président de la République. Cet événement auquel notre peuple est désormais accoutumé et attaché, a valeur de test. S’il est réussi, il constituera le couronnement de nos efforts à tous, et renforcera de surcroît notre position de leader en démocratie, quoi que cette position me paraisse aujourd’hui surévaluée. La consolidation et la pérennisation de notre processus démocratique, exigent de tous les acteurs politiques, de la société civile et des leaders d’opinion, des comportements qui préservent la paix, la concorde et la cohésion nationale. J’ai bon espoir que chacun de nous, à la place qui est la sienne, sera un messager de paix, pour le triomphe de la démocratie… »
Sènankpon DOSSOU