Elles se lamentent chaque jour que Dieu fait à cause de la mévente générale. Elles pleurnichent parce qu’elles n’arrivent plus à honorer leurs engagements vis-à-vis des institutions financières (Fnm, Padme, Papme, Vital finance…), grâce à qui elles existent dans le marché, elles se noient parce qu’elles sont inondées chaque fois qu’une petite pluie arrose le marché... Leur coup de gueule n’a jamais été entendu par nos politiciens voire, le gouvernement qui se bombe le torse d’avoir reconstruit et modernisé le marché Dantokpa à Gbogbanou. Ce week-end, la flamme a mis fin aux lamentations d’une partie des usagers de ce marché. Des lamentations remplacées par des pleures. Le feu a acheté tout sur son passage sans rien payer. Bonne affaire électorale pour nos hommes politiques qui ont repris du service avec le défilé des consolations et des promesses. Si le ridicule pouvait tuer. Avec ce défilé des candidats aux élections qui font déjà des promesses à des sinistrés en sanglots, je parie qu’on veut endormir nos mamans qui s’apprêtent à passer les moments de fin d’année communément appelés, les moments de liquidation. On se demande si les victimes de cet incendie sauvage ont encore leurs oreilles pour écouter les hommes politiques qui défilent déjà à Dantokpa pour « compatir » à la douleur même si leur message est « incompatible » avec la réalité. La descente du président Sébastien Ajavon, l’un des premiers à aller sur les lieux est justifié lorsqu’on sait que c’est le président des opérateurs économiques. Mais Koupaki, Bio Tchané et consorts sont allés chercher quoi à ce lieu si ce n’est pour leur rêve de février 2016 ? Nos hommes politiques doivent cesser de distraire le peuple, lorsque les pauvres citoyens sont en détresse. Gbogbanou (partie Nord-est de Dantokpa) a été rasé maintes fois par le feu. Le gouvernement a décidé dans la fièvre de la présidentielle de 2011 de reconstruire cette partie du marché. Un vaste projet de reconstruction du marche Dantokpa, Ganhi et Missèbo a été initié pour la modernisation du plus grand marché de notre pays. Des hangars modernes ont été construits, un poste de sapeur-pompier a été érigé dans la zone pour prévenir les incendies…Mais depuis 2011, plus rien pour les femmes et autres usagers du marché. Boni Yayi qui était presque tous les mois dans le marché où il a même lancé une campagne nationale de salubrité pour dégager le marché des tonnes d’ordures amassées çà et là, a divorcé avec nos « mamans », rongées par la mévente, harcelées par leurs institutions financières, menacées par les agents de la Sogema et braquées par les malfrats…Comme si on attendait cette calamité, on se rue sur le marché pour irriter les milliers de bouches qui jouissent du bénéfice de ces différents étalages et boutiques partis en fumée. Combien sont-ils déjà, ces candidats qui rêvent du siège présidentiel, à mettre dans leur projet de société, la reconstruction et la sécurisation de nos marchés en l’occurrence le marché Dantokpa qui alimente les pays de la sous-région ? Qu’a-t-on fait en son temps pour moderniser et sécuriser le marché en le débarrassant des hangars en matériau précaire qui sont plus agiles face à une flamme aussi féroce? Maudit soit alors le politicien qui ne va pas honorer son engagement en faveur de ces femmes qui s’échinent sous le soleil et sous la pluie pour participer à leur manière, à la construction de notre commune Nation. Nous devons finir avec la démagogie et ces descentes théâtrales auxquelles les Béninois sont habituées après ces genres de désastres. Ce qui est arrivé à Dantokpa mérite non seulement une solidarité nationale, mais un grand effort de nos dirigeants qui doivent cesser de tout banaliser. Candidats à l’élection présidentielle prochaine, l’incendie de Dantokpa vous a bipé. A vous de rappeler…
Gabin Euloge ASSOGBA, La Nouvelle Gazette