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© AFP par Thomas Samson
Lionel Zinsou, nouveau Premier ministre du Bénin. |
Le président Boni Yayi, lors d’une rencontre secrète tenue avec des ténors des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) le week-end écoulé, a finalement annoncé le nom de son candidat pour la présidentielle de l’année prochaine : Lionel Zinsou. Sauf que ce dernier ne fait pas l’unanimité au sein de la famille politique de son mentor, le chef de l’Etat.
Le premier ministre risque de se retrouver à la tête d’une armée sans troupe.
Quelle chance pour le candidat de Yayi à la présidentielle de 2016 si ce dernier ne bénéficie pas d’une union sacrée des Forces cauris pour un Bénin émergent et alliés, soutenant les actions du régime en place ? Pourtant, c’est cette réalité que Lionel Zinsou, le candidat annoncé de Yayi, risque d’affronter dans les prochains mois. Les réticences à ce choix «unilatéral» ont déjà commencé à l’annonce du choix de Yayi. Il était impossible aux caciques des Fcbe présents à la rencontre d’émettre un avis contraire à ce choix. S’en sont suivies des grognes ici et là.
La réalité est que ce choix ne fait pas l’unanimité et ne sera jamais le cas au sein de la famille politique du chef de l’Etat. Les Fcbe s’attendaient à tout sauf à Zinsou. Alors, comment Yayi compte-t-il faire de Lionel Zinsou le prochain «roi» du Bénin, justement pour lui succéder ? Aujourd’hui, les Fcbe et alliés pèsent presque la moitié de l’électorat national si l’on se base sur les résultats des dernières élections législatives. Depuis, certains, à tort ou à raison, ont déjà quitté le navire pour d’autres chapelles politiques. Le choix de Lionel Zinsou fera fuir certainement d’autres. Les Béninois, sans doute dans leur grande majorité, ont déjà du mal à accepter leur premier ministre comme un des leurs, c’est-à-dire un Béninois à 100%. Au sein des Fcbe, certaines voix autorisées et respectées parlent déjà d’intrusion d’un inconnu dans leur famille politique. Quelqu’un qui ne maitrise aucune réalité au sein de cette alliance. En réalité, le choix de Lionel Zinsou ne peut passer comme une lettre à la poste chez les Fcbe. Yayi le savait. Seulement, il lui était peut-être impossible de faire autrement. Pour une raison ou pour une autre. Pour ce qui restera des Fcbe, on imagine quelle sera la collaboration avec le candidat ? Dans tous les cas, Lionel Zinsou est parti pour diviser la famille politique de Yayi. Ce dernier l’aura bien voulu.
Cette candidature était confirmée, rien n’empêchera la ruée de certains caciques des Fcbe vers d’autres candidats. D’ailleurs, c’est un secret de polichinelle que beaucoup d’entre eux attendaient le moment venu pour rendre publique leurs intentions. Avec le dévolu que Yayi a finalement jeté sur son Premier ministre, ils trouveront certainement de bons arguments pour justifier leur virée. Dans ces conditions, Zinsou risque de conduire une coquille des Fcbe vidée de ses bonnes substances.
Jean-Marie Sèdolo
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