Les femmes candidates à l’élection présidentielle dont le 1er tour est fixé au 28 février prochain n’inspirent aucune sympathie de la part des potentiels électeurs. C’est le constat général qui s’impose à tout observateur de la vie politique nationale. A moins de quatre mois de ce rendez-vous électoral très attendu, seuls les hommes qui manifestent l’intention de succéder à Boni Yayi occupent le haut du pavé. L’effervescence générée par la précampagne électorale fait le bonheur des présidentiables hommes qui comptent des soutiens dans la plupart des localités. Les mouvements et clubs se créent à tour de bras comme poussent des champignons. Mais aussi étonnant que cela puisse être, les femmes qui ont exprimé d’une manière ou d’une autre leur intention de participer à ce scrutin sont pratiquement laissées à elles-mêmes. Les associations ad hoc de soutien aux candidats ne nourrissent presque aucun intérêt en direction des femmes.
La société béninoise, foncièrement conservatrice, malgré ses airs de modernité, n’est visiblement pas prête à hisser une femme au pouvoir. Sinon, comment comprendre que la part belle soit réservée aux hommes ? Qu’il s’agisse des manifestations de soutien à un présidentiable ou encore de proposition de candidatures, les noms des femmes sont très peu cités. Partout, sur l’ensemble du territoire national, les hommes leur ravissent la vedette. Indignée par cette réalité, Marie-Elise Gbèdo, habituée des scrutins présidentiels, avait déjà crié son ras-le-bol il y a quelques semaines, lors de la cérémonie d’ouverture de l’édition 2015 de l’Université de vacances du Parti du renouveau démocratique (Prd). « Ne suis-je pas capable ? Pourquoi personne ne suscite ma candidature ? », s’est-elle interrogée publiquement. Malgré cet appel de pied, la mayonnaise n’a pas pris. Ce n’est que récemment qu’un seul mouvement a appelé à sa déclaration de candidature.
Et pourtant, ce n’est pas la qualité qui manque au sein de la gent féminine. Les femmes ont au même titre que les hommes des qualités managériales qui forcent l’admiration. Mais cela n’émeut pas pour autant la population béninoise composée de 52% de femmes. Depuis que le mythe de l’absence de candidature féminine à la présidentielle a été brisé, les femmes se positionnent toujours sur la ligne de départ de cette compétition électorale. Marie-Elise Gbèdo a ouvert le bal en 2001 et n’a jamais raté un rendez-vous à ce jour. Cinq ans plus tard, Célestine Zanou, la présidente de la dynamique du changement pour un Bénin debout, s’est aussi lancée dans la course et n’a jamais raté un épisode depuis lors. Elisabeth Agbosssaga, dont une rumeur persistante fait état de sa candidature aux joutes présidentielles de 2016 annonce les couleurs.
Sauf retournement de situation, les candidatures féminines seront encore matérialisées sur le bulletin de vote le 28 février prochain. Peut-être qu’à cette échéance, elles auront réussi à emballer les électeurs.
Moïse DOSSOUMOU