Les membres de l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb) sont mécontents du gouvernement. Le mobile de ce changement d’humeur, c’est la réduction de 21% des dotations au profit des mairies pour l’année 2016. Clairement annoncée dans le décret n°2015-526 du 6 octobre 2015 portant transmission à l’Assemblée nationale du projet de loi des finances, gestion 2016, cette mesure n’a pas rencontré l’assentiment des premiers responsables des communes. Ceux-ci estiment en effet, au vu des multiples défis qu’il leur faut relever au quotidien, avoir besoin de plus de ressources. C’est donc tout naturellement qu’ils se sont adressés aux membres de la commission budgétaire dans l’espoir que ceux-ci rectifient le tir.
Le Fonds d’appui au développement des communes (Fadec) dont la mission est de contribuer au financement du développement des communes représente moins de 3% dans le projet de budget soumis à la représentation nationale. Les têtes de pont de l’Ancb exhibent une directive de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) qui veut que l’Etat mette chaque année à la disposition des communes une part d’au moins 15% de son budget. Les dirigeants de l’Ancb sont dans leur rôle, car ils sont à la quête de ressources pour le bonheur des populations des 77 communes que compte le Bénin. Mais l’Etat central aussi a ses exigences, ses centres d’intérêts et ses priorités.
Au lieu de s’offusquer de la baisse du montant alloué aux communes, les maires devraient retrousser leurs manches et s’inscrire dans la dynamique de la mobilisation de ressources propres. Autant qu’elles sont, qu’elles soient urbaines ou rurales, ordinaires ou à statut particulier, les collectivités territoriales ont des atouts et des potentialités hélas négligés ou faiblement exploités. Il est du devoir des conseils communaux et municipaux de les recenser et de les promouvoir afin que la dynamique locale impulse l’essor de leurs territoires respectifs. C’est cela qui est attendu d’eux. Un territoire se développe sur la base de ses richesses propres. Les apports extérieurs en provenance de la coopération décentralisée, des emprunts, du gouvernement, des partenaires techniques et financiers, pour ne citer que ceux-là, sont à l’image de la cerise sur le gâteau.
Outre les richesses locales souvent délaissées, les communes ont encore la possibilité de faire appel au partenariat public-privé pour réaliser les projets les plus pertinents. Un peu partout dans le Bénin, des trésors sont à la disposition des territoires. Mais les conseils communaux préfèrent quémander pour exécuter leurs projets au profit des populations. La décentralisation fait appel à un changement de paradigme. Mais depuis plus d’une décennie, les maires se comportent comme si l’essentiel de leurs ressources devrait provenir des caisses de l’Etat central. Néanmoins, l’Ancb fait bien de réclamer une meilleure part pour les communes dans le budget de l’Etat. Mais elle devrait inciter ses membres à plus d’effort, de créativité, d’initiative pour que la mendicité cesse d’être la règle.
Moïse DOSSOUMOU