Lancement de la campagne de commercialisation du coton grâine: 324 000 tonnes de production pour la campagne 2015-2016
Les opérations de commercialisation du coton graine au titre de la campagne 2015-2016 ont été lancées, hier dimanche 15 novembre à Banikoara par le président de la République. Cette campagne s’est soldée par une production de 324 000 tonnes de coton graine.
La campagne cotonnière 2015-2016 a enregistré un net recul par rapport à la précédente, avec une production estimée à 324 000 tonnes de coton graine contre 393 000 tonnes la saison dernière. La raison, des poches de sécheresse enregistrées pendant la période de semis dans le bassin cotonnier. Les opérations de commercialisation du coton graine lancées hier dimanche à Banikoara ont offert au président de la fédération nationale des producteurs de coton, l’occasion de reconnaître les efforts fournis par le gouvernement sous le leadership du chef de l’Etat pour relancer la filière cotonnière. «Vous avez posé des actes nobles pour assainir la gouvernance de la filière cotonnière. Toutes ces initiatives ont porté leurs fruits, avec une production qui s’est améliorée graduellement», indique-t-il. Le représentant des cotonculteurs insiste surtout sur l’amélioration du prix d’achat du coton graine qui a induit un meilleur revenu aux producteurs. Avant la reprise en main de la filière par l’Etat, explique-t-il, le net payé aux producteurs était de 15 milliards de francs CFA, aujourd’hui, plus de 50 milliards de francs CFA leur sont distribués, sans compter les subventions importantes qu’apporte l’Etat pour alléger le coût des intrants et amortir les effets néfastes du cours de l’or blanc sur le marché international. Les opérations de commercialisation constituent une étape délicate de la campagne. Raison pour laquelle le président de la fédération nationale des producteurs a plaidé afin que toutes les précautions soient prises pour une évacuation adéquate du coton graine pour ne plus connaitre les énormes pertes post-récolte enregistrées la campagne précédente.
La pluie pas au rendez-vous !
Bien que la campagne ait démarré avec le pari de réaliser 400 000 hectares d’emblavures, seulement 306 000 hectares ont été cultivés, explique Rufin Nansunon, ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Pour lui, la campagne 2015-2016 a réellement subi les effets néfastes des changements climatiques. Mais la détermination des cotonculteurs a permis de limiter la casse en maintenant la production au-dessus de 300 000 tonnes de coton graine. Le ministre se réjouit alors de ce que cette campagne n’ait connu aucune difficulté en matière d’approvisionnement en intrant. Le prix d’achat du coton graine premier choix est fixé à 260 francs CFA le kilo contre 250 francs CFA le kilo la saison précédente. Le montant des fonctions critiques est de 15 francs CFA sur le kilo de coton graine contre 10 francs CFA la campagne dernière. «Les producteurs sont actuellement à la phase de récolte. Ils méritent d’être encouragés pour avoir atteint ce niveau en dépit des aléas climatiques, tant le désespoir avait gagné les cœurs », soutient Rufin Nansunon qui informe que la commune de Banikoara seule a produit environ 111 000 tonnes de coton graine, soit plus du tiers de la production totale. «Toutes les dispositions sont déjà prises, afin que les producteurs soient payés dans les délais raisonnables après réception du coton graine par les usines. Des précautions sont également prises pour assurer un meilleur égrenage afin de garantir le label bénin», rassure le ministre.
Régler la question du changement climatique
Le président de la République a indiqué la disponibilité de son gouvernement à être toujours aux côtés des cotonculteurs. «A travers vous, je voudrais m’adresser au Bénin productif. Je voudrais vous dire que je n’oublie personne, même les pêcheurs de So Ava», déclare-t-il. Pour Boni Yayi, ce sont les énergies déployées par l’ensemble des producteurs qui ont permis au Bénin de relever le défi contre la faim et surtout de gagner par deux fois la reconnaissance de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). «Lorsque nous parlons de sécurité humaine, cela nous impose d’investir dans la formation des ressources», ajoute-t-il. Le chef de l’Etat évoque aussi des défis environnementaux, d’infrastructures, d’assainissement de l’environnement des affaires ainsi que celui d’amélioration du système national de santé. Il souligne aussi la nécessité de valoriser le monde du travail afin de créer les conditions d’amélioration de la richesse nationale. Ces défis, dit-il, nécessitent des projets et des réformes.
Dans le secteur cotonnier, Boni Yayi estime qu’il est temps de transformer localement le coton afin de protéger les producteurs contre les fluctuations du marché international. Il tient aussi à l’interconnexion de l’économie béninoise avec le reste des Etats de l’espace CEDEAO. Aussi, promet-il que les grands axes de traversée du nord du pays seront réalisés. «Nous avons besoin d’échanger non seulement au niveau des marchés locaux, nationaux mais aussi régionaux. C’est un combat que nous voulons engager contre cet ennemi commun qu’est la pauvreté», soutient-il. Il poursuit : «Nous devons aller au-delà de ce que nous avons fait jusqu’ici en mettant en place des instruments de financement de l’agriculture». Boni Yayi se dit fortement engagé dans le combat contre les changements climatiques. «Si nous ne trouvons pas de solutions appropriées, notre agriculture va plonger. Il nous faut un monde nouveau où l’agriculteur peut jouir de son travail», martèle le chef de l’Etat qui entend jouer sa partition lors de la conférence de Paris sur le climat?
Gnona AFANGBEDJI