Après son départ du gouvernement de Boni Yayi, Pascal Irénée Koupaki vient d’effectuer un second black out. Il quitte la présidence de l’Union pour le Développement du Bénin Nouveau (UDBN) avec un motif bien précis. «… J’ai le regret de constater que l’action au nom du parti n’est pas en phase avec cette vision », a écrit l’ex-premier ministre dans sa lettre de démission (lire ci-dessous). Sa vision à lui, comme il l’a rappelée plus haut dans ladite lettre est que «l’Union pour le Développement du Bénin Nouveau ne sera pas un club électoral ou un parti de circonstance. Les alliances politiques de circonstance confortent le débauchage et la transhumance politiques, en même temps qu’elles freinent la stabilité politique et institutionnelle nécessaire à la mise en œuvre de qualité, des politiques de développement». Pour s’être rendu compte du contraire trois ans après, selon ses propres mots, l’homme a donc préféré faire le dos à ce parti et à sa présidente fondatrice, l’honorable Claudine Prudencio.
Reste que le motif évoqué par Koupaki pour justifier sa démission peut en cacher un autre. Et ceci, pas des moindres, alors donc qu’il nourrit des ambitions insoupçonnées pour la présidentielle de 2016. Même s’il ne les affiche pas encore publiquement, tout laisse croire que cette démission est une précaution que prend l’homme, au regard de l’histoire des Chefs d’Etat qui ont dirigé le Bénin ces dernières années. Jamais, aucun d’eux n’a pu accéder à la magistrature suprême par le biais d’un parti politique. Si ce n’est pas, en tant que président déjà élu, qu’ils prennent l’initiative de le créer, sans s’y impliquer personnellement. Pour ne pas citer le cas de Nicéphore Soglo avec la Rb, c’est souvent des alliances politiques qui émergent pour les conduire au pouvoir, ou qu’eux-mêmes en initient chemin faisant. Stratégiquement, le potentiel candidat Koupaki, n’entend donc pas déroger à cette règle qui s’est davantage imposée avec l’avènement de l’actuel président Boni Yayi, considéré comme un « novice en politique » quand il prenait le pouvoir en 2006. La même donne peut encore se prévaloir à l’occasion de la présidentielle de 2016, dans un pays où foisonnent des partis et mouvements politiques.
Bref, Koupaki semble avoir vu juste- si tant est qu’il vise 2016- en se démarquant d’un parti politique d’appartenance mouvancière pour s’offrir une large ouverture à tous les courants politiques. Cette hypothèse est davantage soutenue par ceux qui pensent que son avenir politique ne pourrait prospérer avec une fragile et presque inconnue UDBN sur l’échiquier politique national. Il se susurre aussi que Koupaki ne filerait plus le parfait amour avec les fondateurs de ce parti, dont le richissime homme d’affaires Samuel Dossou. Ce dernier serait de moins en moins content de son «grand ami » d’antan, pour n’avoir pas géré à bien ses dossiers alors qu’il était au gouvernement.
D’autres confidences rapportent également que Koupaki n’avait jamais digéré sa nomination à la tête de l’UDBN, et qu’il en a été presque contraint, à la suite de nombreuses pressions, dont celles venant de son entourage familial. La conséquence était qu’il n’a pas véritablement dirigé le parti lors de ses 3 ans de mandat. La présidente fondatrice du parti s’en serait plainte à plusieurs reprises, mécontente parfois, dit-on, de ne pas pouvoir échanger régulièrement au téléphone avec lui sur les questions relatives à la vie et au fonctionnement du parti.