Pour une fois le rôle est inversé entre acteurs politiques et opérateurs économiques. Autrefois mécènes des partis et alliances de partis, les opérateurs économiques décident de sortir de l’ombre pour être aux premières loges lors de la présidentielle de 2016, ravissant du coup la vedette aux hommes politiques qui, visiblement, sont en perte de vitesse sur le terrain.
Sans avoir officiellement déclaré sa candidature, l’opérateur économique Sébastien Ajavon peut déjà compter sur certaines grandes formations politiques comme l’UDBN de Claudine Prudencio, l’UDD-Wologuêdè de Zéphirin Kindjanhoundé et bien d’autres partis. Il en est de même pour Patrice Talon qui peut se targuer d’avoir des soutiens d’hommes politiques de taille comme Sacca Lafia et son UDS, Candide Azannaï avec son Restaurer l’espoir, Joseph Djogbénou et son Alternative citoyenne. Certes, les grands partis comme le PRD de Maître Adrien Houngbédji, la RB de Léhady Soglo, l’UN et les Fcbe n’ont pas encore porté leur choix sur l’un ou l’autre de ces candidats. Mais une chose est sûre, il sera difficile de ne pas tenir compte du poids que représentent ces opérateurs économiques dans la course à la Marina. Dans les jours qui vont suivre, il ne serait pas étonnant que l’un de ces hommes d’affaires réussisse à réunir un ou deux grands partis autour de sa candidature. Ce qui le placerait en pole position pour 2016.
Qu’on le veuille ou non 2016 a changé la donne. Ce n’est plus le politique qui va chercher un mécène pour le porter au pouvoir mais c’est le mécène qui a besoin du politique pour prendre le pouvoir. Avant l’homme politique disposait d’un électorat acquis à sa cause mais manquait de moyens pour sa politique. Aujourd’hui, l’opérateur économique, avec son poids financier, a besoin du politique pour partager sa vision du développement avec les populations. Une situation qui contraint le politique et l’homme d’affaires à collaborer. Certains l’ont déjà si bien compris qu’ils n’ont pas attendu les grands partis avant de s’aligner derrière l’un ou l’autre des opérateurs économiques dont les candidatures se précisent. A coup sûr, beaucoup d’autres vont leur emboiter le pas à moins qu’ils ne choisissent d’affronter, seuls sur le terrain, la puissance économique de ces derniers. Ce qui serait à tout point de vue un suicide financier et politique. Il est donc évident que beaucoup d’hommes politiques et pas des moindres se rangeront derrière les opérateurs économiques pour aller à la conquête du pouvoir. Ce retour d’ascenseur auquel on assiste est révélateur de la nature du système partisan béninois. Un système qui affaiblit les partis politiques notamment ceux de l’opposition. C’est l’un des nombreux chantiers qui attendent le prochain président qu’il soit politique ou homme d’affaire.
Bertrand HOUANHO