Angoisse jusqu’au bout de son deuxième et dernier mandat pour le président Boni Yayi. A environ quatre mois de la fin de son séjour à la tête du Bénin, le chef de l’Etat n’a aujourd’hui, aucune excuse pour tranquillement gérer les affaires courantes et préparer son avenir après son départ de la Marina. Avec la paralysie de deux secteurs vitaux au Bénin, il serait difficile au premier des Béninois de continuer à garder le mutisme. En effet, après les enseignants qui, depuis des semaines, ont abandonné à leur sort les apprenants, ce sont les paramédicaux qui sont entrés dans la danse et ont également laissé tomber leur précieuse mission de sauver des vies.
La République est en danger. Sans éducation pour ses enfants et sans possibilité de soigner ses alités. De plus, la menace que la crise sociale, déjà si aiguë, s’étende à d’autres secteurs vitaux comme la justice est réelle. Deux piliers de la République ébranlés, un chef de l’Etat indifférent, ce se serait tout simplement pathétique. Boni Yayi n’a donc plus le choix. Il doit écouter les travailleurs en grève, intervenir et faire l’impossible pour donner une réponse claire aux revendications. Même si ces réponses ne vont pas plaire à tout le monde, elles doivent intervenir, situer le peuple et permettre aux uns et aux autres de se faire leur religion.
Mission compliquée mais pas impossible pour le président Boni Yayi. Dans un contexte électoral et de fin de mandat où ses priorités sont, entre autres, l’organisation du prochain scrutin, sa succession, la gestion de la crise sociale aiguë qui paralyse deux secteurs sensibles est carrément une besogne. Car, Boni Yayi doit maintenant forcer la porte des solutions aux difficultés majeures de ses compatriotes et faire entendre raison aux travailleurs décidés à aller jusqu’au bout. Autrement, l’absence de dispositions adéquates pour mettre fin à cette crise sociale de trop risque de jeter du discrédit sur le gouvernement en place et au-delà, sur les capacités managériales de celui qui aura eu la faveur du chef de l’Etat pour lui succéder en avril 2016. La montagne est haute, pourtant Boni Yayi doit la gravir et relever le pari de passer de derniers jours sans avoir à gérer de crise à la Marina.
Angelo DOSSOUMOU