A l’allure où vont les choses, à moins d’un revirement spectaculaire de dernière minute, la campagne cotonnière 2015-2016 sera un total échec. Et pour cause !
La campagne cotonnière 2015-2016 est vouée à l’échec. Le principal instigateur de ce déboire n’est personne d’autre que le directeur général de la Sonapra. Alors que des dispositions devraient être prises par l’Agence béninoise de métrologie, de contrôle et de qualité (ABMCQ) pour la vérification des bascules et ponts-bascules, poinçonnés et scellés en vue de garantir l’exactitude des pesées et éviter ainsi les risques de contestation avant le démarrage des activités d’égrenage de coton graine par les unités d’égrenage, rien n’y fit. Des camions de coton ont été plutôt pesés sur le pont-bascule de l’usine de Banikoara dimanche 15 novembre 2015 sans que ce pont-bascule n’ait été vérifié et poinçonné par l’ABMCQ. Ceci, sous le fallacieux prétexte du couplage du lancement de la commercialisation du coton graine de la campagne 2015-2016 avec celui de son égrenage. Un agissement qui ne garantit nullement la réussite de la campagne cotonnière 2015-2016. Ce pont-bascule en effet, ne devrait être opérationnel qu’après les travaux de vérifications et de poinçonnage programmés par l’ABMCQ au niveau de ladite usine pour les 18 et 19 novembre 2015. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, le directeur général de la Sonapra n’a pas attendu l’effectivité de ces travaux de vérifications avant de donner le top pour le pesage des camions de coton.
Une situation qui amène à se poser la question de savoir le but visé réellement par le Dg/Sonapra en faisant peser des camions chargés de coton graine sur un pont-bascule non poinçonné par l’ABMCQ. N’est-ce pas là une manière d’entretenir de l’opacité autour du coton graine réellement reçu dans les usines ? N’est-il pas opportun qu’une commission d’enquête soit dépêchée sur les lieux pour vérifier le poids réel du coton graine des braves cotonculteurs égrené à l’usine de Banikoara dimanche 15 novembre 2015, afin de prévenir tout risque de contestation ? Mieux, plus de 48 heures après le lancement de la campagne cotonnière 2015-2016, le Dg/Sonapra continue d’entretenir le flou avec les égreneurs de coton, mettant en péril l’effort déployé par le Comité interministériel coton depuis plus d’un mois.
Après les nombreuses réunions tenues avec le Comité interministériel coton en effet, les égreneurs ont, au nom de l’intérêt national, accepté les conditions fixées par le gouvernement, notamment en ce qui concerne le prix de la prestation d’égrenage à façon maintenu par le gouvernement à 60 FCFA le kilogramme malgré l’amélioration demandée. Curieusement, au lieu de vite finaliser le contrat d’égrenage à façon et le faire signer par les sociétés d’égrenage, le Dg/Sonapra trouve qu’il faut décourager ces dernières en les faisant chanter. Ce qui amène à se demander s’il veut revenir sur des éléments déjà bouclés du contrat et qui relèvent des usages des campagnes cotonnières écoulées par son comportement à savoir le paiement de l’avance de démarrage de 40% aux sociétés d’égrenage, qui est une condition sine qua non pour la réussite d’une campagne cotonnière, et qui a toujours été payée au début de chaque campagne. L’autre chose qui retarde également le démarrage effectif des activités d’égrenage de la campagne cotonnière 2015-2016 est le retard dans la signature du contrat d’égrenage à façon. Or le Chef de l’Etat a demandé que le démarrage de l’égrenage soit fait dans toutes les usines après le lancement de la campagne de commercialisation qui a eu lieu dimanche 15 novembre dernier à Banikoara. Est-ce une manière de faire chanter les égreneurs et de les rançonner ? Puisque ni les instructions du Chef de l’Etat, ni les modalités retenues pour la bonne réussite de la campagne cotonnière 2015-2016 n’a été appliquées par le Dg/Sonapra. Peut être qu’il veut avoir le monopole de gestion de la prochaine campagne cotonnière afin d’en profiter au maximum et au plus vite, n’étant pas sûr d’être encore à ce poste à la fin de la campagne. D’ailleurs, il se réclame d’être égreneur, alors que la Sonapra ne dispose pas d’usines d’égrenage de coton. Peut être compte t-il sur son titre de coordonnateur des usines de la SODECO. De toute évidence, les usines de la SODECO seules ne peuvent pas égrener la totalité de la production cotonnière. Sauf à rééditer la contre performance de la campagne 2013-2014 où certaines sociétés avaient été exclues de l’égrenage. La conséquence de cette situation avait été une perte énorme encore vive dans les esprits, que le gouvernement n’a pas encore eu le courage de déclarer.
Laureinda SONON