Visiblement, plus aucune formation politique, du moins les plus en vue, ne se sent dans sa pleine forme. Pendant que le Prd est secoué par une ambiance fiévreuse de fin de carrière pour Me Houngbédji, la Rb se meurt sous l'effet de la vague de démissions justifiées par les tares du management du clan Soglo. La famille présidentielle non plus n'a de raisons de dormir sur ses lauriers avec le camouflet infligé à son leader, essentiellement par les députés de la mouvance dans le cadre du projet de révision de la Constitution
Simple coïncidence ou expression de la crise politique généralisée dans le pays ? En tout cas tout porte à croire que la seconde hypothèse est la plus juste. Pour diverses raisons, les plus grand partis et regroupements politiques sont soumis à l'épreuve de la division. Si certains refusent de se laisser fragiliser aussi banalement, d'autres par contre ne parviennent pas encore à résister à la crise. Du coup, l'on se demande si le Bénin tend vers une recomposition profonde de sa classe politique.
Epidémie
La crise prend bien l'allure d'une épidémie même si les motivations varient d'une formation à une autre. En effet, depuis la première sortie médiatique du président du Parti du Renouveau Démocratique (Prd) après la présidentielle de 2011 où il déclarait que son parti attachera du prix au respect du principe d'alternance qu'il s'est fixé pour la mairie de Porto-Novo, le traditionnel parti des Porto-Noviens offre un spectacle à la limite désolant. Les calculs politiques faits d'attaques et de dénigrements de tout genre affligent la formation politique de Me Adrien Houngbédji et bloquent depuis lors, le bon fonctionnement de l'administration communale et l'aboutissement des projets élaborés au bénéfice de la ville capitale. D'un autre côté, c'est l'héritage politique de Léhady Soglo qui est en danger. Le parti politique à lui laissé par ses géniteurs souffre d'un véritable problème de management qui lui fait perdre la grande majorité de ses cadres. Même le seul groupe parlementaire dont-il dispose à l'Assemblée nationale est en chute libre puisque les trois députés dissidents qui ont démissionné successivement du parti viennent de notifier au parlement leur départ du groupe parlementaire. A la mouvance, la cohésion n'est pas pour autant une réalité. Avec le rejet en commission des lois à l'Assemblée nationale du projet de loi portant révision de la constitution, une crise de méfiance est née entre les alliés du chef de l'Etat. Deux grands camps se démarquent aisément : le courant des mouvanciers favorables à la réforme constitutionnelle et celui des antirévisionnistes. Ce qui fait que les lieutenants de Boni Yayi peuvent se combattre entre eux.
Lépi et constitution
A bien y voir, la tourmente dans laquelle se trouvent nos partis politiques doit son existence aux questions de la révision de la constitution et de la correction de la Lépi dont les issues ne semblent pas être proches. Pour preuve, la crise ambiante au Prd est bien entretenue par l'ambiance de fin de mandat pour les élus locaux avec son lot d'incertitudes sur l'organisation des communales. En attendant la correction de la Lépi rendue obligatoire pour ces élections, les élus locaux se servent bien de la prolongation de leur mandat pour se livrer des guerres basées sur de simples calculs politiques et opportunistes. Ce qui ne confère aucune stabilité aux formations politiques.
Sous un autre pan, la célèbre réforme constitutionnelle de Boni Yayi fait encore et toujours parler d'elle. Le rejet de la proposition de loi déposée à l'Assemblée nationale par des députés mouvanciers, membres de la commission des lois, attise bien la polémique. Du coup, entre supputations, chantages politiques et guerres de leadership ; les lieutenants du chef de l'Etat s'affairent pour un combat sans merci autour du projet de révision dont leur leader commun est le géniteur.
En somme, on retiendra donc que le retard qu'accuse l'organisation des communales de 2013 du fait de la correction de la liste électorale et le défaut de consensus autour de la révision de la constitution mettent en péril le climat politique dans le pays. Ce qui constitue une menace pour les partis politiques.